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Par Drunkette

932 réponses


casadelsol - 25/11/2021 à 19h22

Salut Olivier et Barti

Oui il y a quelque chose avec cette volonté de se retrouver seul, ça fait longtemps que j'y pense.
En fait c'est quelque chose d'hyper égoiste ou on se regarde le nombril finalement, qu'on refait son monde à son gout avant de totalement disparaitre dans les vapeur de l'alcool. Je suis sur en effet qu'en travaillant la dessus on peut progresser sur notre alcoolisme, enfin moi dans mon cas j'en suis sur.
On ne veut plus donner une image dégueux à notre entourage de nous quand on a poussé le bouchon trop loin, mais en même temps quand on est pris dans ce bouchon on part avec. C'est bizarre.
Et oui , moi c'est pas les jouets en bois c'est plus la peinture et c'est vrai que quelques bières et des aquarelles j'y passe un bon bout de la nuit, complètement coupé de tout. Et ça marche jusqu'à un niveau d'éthanol, niveau passé le trait n'est plus droit.
Il y a aussi un coté "boulimique" je pense. J'ai remarqué que régulièrement - même si cette année j'ai pas mal freiné et plus controler, en grande partie grace à ce forum et à certains déclics qui se font - j'ai un peu le même mode de fonctionnement sur d'autres trucs. Le boulot par exemple, quand je suis parti je m'arrête plus, les haribos pareil, je les avale à en dégueuller, faut pas que j'ai un paquet devant moi sinon je le fini, un peu comme le pack de bière devant un match de rugby. et je peux encore décliner avec le dessin (j'ai fait une BD en 1,5 an alors que c'est pas du tout mon taf, elle a même été éditée - 1,5 an à pas dormir car le taf à cote, la famille...), le wingfoil, les travaux... J'ai une façon boulimique de consommer la vie, ca ne se limite pas qu'à l'alcool.
En fait je pense que si on veut vaincre l'alcool, l'erreur s'est de penser que c'est notre plus gros problème, notre seul problème. Or c'est peut etre bien plus compliqué. C'est peut etre pas un problème, il y a peut etre quelque-chose en nous qui fait que cela devient un problème. Ok y'a aussi le côté drogue, accoutumance, mais franchement je passe des semaines entière sans boire, et sans que cela me manque bien au contraire j'adore, mais le vendredi c'est le reveil alcool (pas forcement toujours à l'excès), et là, si j'ai 3 bières, je les bois, si j'en ai 15 pareils. Je sais pas, c'est pas simple.

@+

Olivier 54150 - 26/11/2021 à 10h07

Bonjour Casadelsol.

C'est intéressant c'est histoire de boulimie. C'est assez caractéristiques des addictes que nous sommes.
Je ressens dans ton récit une grande peur du vide. S'il ne se passe plus rien, s'il n'y a rien à avaler ou à boire... C'est comme mourir.
Beaucoup de choses nous échappe.

Bien sûr que le produit n'est pas en cause mais plutôt notre rapport à lui, à ce qu'il camoufle. Il faut quand même garder à l'esprit qu'avec l'alcool, il y à un point de non retour, qu'il faut souvent le banir à vie.

J'aime beaucoup Franck Lopvet :
<<Il n'y à nul part où aller, le but de la vie est juste d'être en vie, point.
Elle est gratuite.
Prendre en compte et accepter que tout est polarisé.
Accepter l'euphorie, c'est accepter la dépressions. Vivre la passion avec une blonde c'est être ok pour un chagrin d'amour...

Cette peur du vide viens du désir d'être plein, ces interdictions de ne rien faire, d'être inutile. Ces injonctions à toujours faire, toujours en action sous peine de se retrouver face à nos peur, de passer pour un fainéant ou quelqu'un de trop mou.
Être en alerte sans pose sous peine de passer pour un faible, ne pas montrer d'émotions sous peine être mangé par l'autre. Convaincu que dehors c'est la jungle...>>
Bâillonner nos émotions c'est nous interdire d'être humain, c'est nous priver d'oxygène alors on se schoot pour respirer.

Oliv

Pepite - 26/11/2021 à 14h15

Bonjour,

Je me mêle à votre conversation si vous le voulez bien. Avec Olivier, on a déjà échangé. Je découvre Casadelsol, pseudo positif.

Je suis une groupie de B Cyrulnik (vous connaissez ?) que je vous invite à écouter (conférences libres sur youtube), à lire aussi. Un neuropsychiatre, éthologue, entre autres, qui travaille sur les théories de l'attachement et sur la résilience. Avec lui, tout est possible. Il m'allège considérablement le mental.

Je vous fais un topo parce que je ne peux pas passer à côté de vous sans partager ce que j'apprends grâce à lui. De plus je vous trouve tous formidables même si vous vous trouvez forminables. Ce qui arrive à tout le monde...
Stromae est aussi un porte paroles de nos maux culturels.

Je me lance :

Les 1000 ers jours de notre vie, qui commence dès la grossesse, voire avant, sont influencés par notre milieu. Le bébé jusqu'a ses 2 ans, est sculpté par son environnement et il ressent toutes les émotions de sa mère. Lorsqu'elle subit un stress chronique comme le malheur provoqué par la précarité sociale, la violence conjugale et autres, le corps de la mère fabrique des substances (hormones du stress) que le bébé ingère dans le liquide amniotique et qui sont nocives pour son développement.
Ainsi il développe des facteurs de vulnérabilité. Lorsque la mère est sécurisée et que le bébé grandit dans une niche affective sécurisante, il développe des facteurs de protection.

Toutefois, tout est résiliable et l'imagerie démontre ces théories. Dès qu'un enfant est entouré, aimé, éduqué, il reprend un développement normal.

L'enfant grandit puis devient ado avec la puberté qui le perturbe. Les leurres endocriniens que l'on trouve partout bousculent cette transition.
Le jeune a besoin de quitter sa famille pour développer son monde intime, explorer la sexualité choisie et se mettre à l'épreuve pour devenir autonome. C'est indispensable pour acquérir une estime, une confiance en soi. 1 sur 3 rencontrera des difficultés et s'opposera violemment à sa famille. La société devrait favoriser cette période mais notre culture rame.
Parcex, en Europe du Nord, l'année sabbatique est proposée après le bac.

Pour la suite, c'est à vous de choisir quelle histoire vous souhaitez écrire.
Comme vous je suis blessée, comme vous j'agis mal, comme vous je me comporte mal, comme vous je me néglige ou néglige ceux que j'aime...
Je suis humaine comme vous, avec mes failles, mes qualités, mes vulnérabilités, mes faiblesses et mon potentiel.
C'est moi qui détient la télécommande de ma vie. Je choisis ce que je veux être.

Ma plus grande qualité c'est celle d'aller vers les autres. Et c'est ce qui m'a permis une résilience alors que j'ai grandi dans une famille malmenée par l'alcool et le tabac. Je parle aux gens, je leur écris, je partage. Ainsi je développe l'empathie, la gratitude pour me décentrer de mes problèmes. Pour autant je prends soin de moi parce que je le vaux bien.

Cyrulnik nous invite à nous ouvrir au monde. Il nous invite à cheminer en faisant des efforts car les blessures de l'existence sont inévitables et pour les affronter, nous nous rappelons ce qui fait sens ou ce qu nous sécurise.
Agissons pour soi, pour les autres.
Il n'y a pas de progrès sans crise. Se sevrer demande un entraînement quotidien comme pour le sportif.
Prendre soin de sa personne, c'est avoir conscience du fonctionnement extraordinaire de notre corps et de ses limites biologiques.

Ensuite, tout est représentation, c'est à dire que nos récits évoluent dans le temps. En quelques sortes, notre mémoire est remaniée toute notre vie.
Nous apprenons avec les émotions. Lorsqu'il y a un trauma, celui-ci s'inscrit dans notre corps et il nous enclave ou nous entrave dans nos actions. Lorsque le tapis roulant de nos pensées négatives s'installe dans notre mental, la dépression arrive.
Là aussi tout est résiliable. Cela passe par une thérapie, une activité, l'écriture, le récit de soi sans honte.

J'aime bien la fable du casseur de cailloux. La connaissez vous ?

Pépite

Profil supprimé - 30/11/2021 à 20h22

Bonjour Casadelsol.

Je trouve également intéressant la comparaison de boulimie. J'ai toujours envie de boire après un grosse journée. Encore plus si je ne me suis pas arrêter à midi. C'est la récompense.pour mon cerveau malade. Le problème s'est que je veux toujours en faire plus. Comme avec alcool, j'ai ai jamais assez...

Tigrou

barti - 01/12/2021 à 12h27

Bonjour les amis.

Merci Pepite pour tes témoignages éclairant. Et bienvenu Tigrou!

Nous sommes tous différents mais me concernant la "boulimie" fut un vrai refuge lorsque j'ai cessé de boire. Probablement le besoin de compenser, de se remplir, de retrouver l'excès, le léger mal être après avoir englouti plus que de raison.

Dans mon cas, ce fut très présent les premiers mois et cela a quasiment disparu. L'avantage, c'est que la chute de poids lié à l'arrêt de l'alcool fut timide et continu pendant un an mais depuis quelques semaines, ces excès de boulimie ayant disparu, la perte de poids continue et valorise l'effort de l'abstinence.

Aujourd'hui, je carbure sec au Perrier citron, quasiment tous les soirs en rentrant du boulot. J'y ai gagné, j'ai même le droit maintenant de boire l'apéro tous les jours! (non que je ne le faisais pas avant, mais avant, un jour sur deux je prenais l'apéro tout seul dans mes toilettes à vider mon flash de vodka ni vu ni connu..!).

Bon courage à tous. Ici, ça tient toujours, j'approche des 400 jours sans boire.

Pour vous dire comme le sujet reste sensible, j'en ai discuté avec mon épouse ce week-end (toujours de façon détournée) et lui ai dit que je ne pourrai plus jamais boire une goutte d'alcool. Que le problème était bien plus grave qu'elle ne pouvait se l'imaginer et que je n'étais pas capable de lui en dire plus.
Une montée d'émotion irrepressible à ce moment-là et les larmes qui montent. Ça devait faire bizarre car ce qui m'a ébranlé, c'est de dire à haute voix à mon épouse que je ne toucherai plus jamais à l'alcool. De l'extérieur, ça fait un peu le gars qui s'effondre parce qu'il s'aperçoit qu'il ne pourra plus boire.. Je me suis vite repris, me suis isolé 5 minutes et la vie a repris son cours (je ne suis absolument pas démonstratif d’habitude côté émotions négatives).
De l’intérieur, c’était simplement le fait qu’il s’agissait de la première fois que je disais à quelqu’un l’ampleur du désastre. Ou du triomphe, soyons positifs !
Tout ça pour vous dire que le chemin est long et que je me sens loin d’avoir vaincu ma dépendance. En revanche, dire les choses à la personne qui compte le plus pour moi, c’est une petite victoire, celle d’avoir muré une marche d’escalier de plus dans mon montée vers le bonheur et la quiétude, pour ne pas redescendre.

A très vite. Je pense bien à vous tous. Davidoff, des news ? tu vas bien ?

Barti

Pepite - 01/12/2021 à 14h36

Bonjour Barti,

Oui c'est un triomphe, vous transformez ce qui vous plombe en or et vous ne pouvez pas passer à côté de votre victoire sans la partager.

Merci à vous pour nous avoir dévoilé une partie de vous. Vous n'êtes pas un mur, vous n'êtes pas une machine, vous êtes un humain avec tout ce qui le rend magique dont la perception.

Partagez avec votre compagne en qui vous avez confiance. Parlez de vos vulnérabilités, demandez lui d'accueillir votre récit sans vous juger et remerciez la d'être à vos côtés pour éprouver ce qui vous arrive.

C'est en cultivant la gratitude et l'empathie que nous renforçons notre humanité et que nous lui donnons sa place comme nous la devons également à la nature, aux animaux qui manquent de protes paroles.
Il est temps que le commerce qui domine tout n'ordonne plus nos vies bien malmenées par cet envahissement permanent.

Apportez ici votre contribution qui est une mine d'or pour toutes et ceux qui souhaitent lever leurs entraves et leurs verrous.

Bien à vous,

Pépite

Olivier 54150 - 02/12/2021 à 17h55

Merci Barti.
Toujours extra à lire.
Tu ne t'es pas "ébranlé" n'y "effondré"
Tu t'es humanisé. Ce genre d'émotions c'est cadeau, c'est guérison. C'est une couche en moins de la chape qui nous plombe.

Ça ne s'analyse pas, ne s'explique pas. Juste se laisser traverser, et comme c'est difficile...et comme ça fait du bien.

Cela m'arrive souvent, à peine je me demande ce qui ce passe, que l'émotion fous le camp.
Alors que ce que je voudrais, c'est pleurer toute les larme de mon corps.
Des milliers d'années de "si tu montre ta vulnérabilité, quelqu'un vas venir te bouffer"
On pleure pas quand on est un homme !
Aïe aïe aïe.

J'ai été voir mon fils ce weekend, il a 31 ans. Trois ans que je ne l'avais pas vu, "bouderie et rancoeurs puéril chez chacun de nous"
Trois ans sans le voir... Je n'ai rien su faire d'autres en arrivant chez lui que de le serrer contre moi et pleurer de longue minutes.
J'avais rien prémédité, rien calculé.
Il est resté impassible...

Pas plus tard qu'hier en discutant photos avec mon épouse j'évoquais les scéance diapo en famille qu'organisait mon père lorsque j'étais enfant... écran (avec un drap), projecteur qui ronronne, souvenir de vacances... Rare moment de débats sans dispute où tous participait. Y avait qqc de magique.
Ben, juste l'évoquer, j'en ais chialé pendant au moins une demie heure.

Jdis ça pourquoi ? Pour partager, pour dire qu'il n'y à rien à dire sur les émotions, c'est bien au-delà des mots, qu'il faudrait juste apprendre à se laisser attrapé pas elles, et les vivre sans se poser de questions...

oliv

Yur - 02/12/2021 à 18h33

Bonsoir à tous. Je suis entré dans un groupe AA car et seule pas la force de . je te comprends casadelsol. (Boulimie).je suis clean pour le moment depuis du temps. L'envie est là mais pas d'alcool à la maison , même pas caché pour que les enfants me voix pas beboir. J'ai suivi le conseil de ma marraine AA , pas d'alcool à la maison car la tentation est tjs là. Pour vous dire que je passe vous lire et les jours et je bois votre témoignage car c'est comme des miroirs de moi-même. Courage à ts .

Tye27 - 07/12/2021 à 18h28

Bonsoir à tous et à toutes !

Petit message rapide -

Je suis navré si je n'ai pas pu donner des news bien avant ; j'étais archi débordé et il faut l'avouer aussi, je ne pensais pas à ce forum tous les jours happy le plus important c'est cette bonne nouvelle, je n'ai pas bu une
goutte depuis le 2 octobre et je me porte très bien !
Je compte bien passer les fêtes en toute sobriété et je vous souhaite à tous et à toutes, un maximum de réussite dans vos démarches respectives ! Joyeuses fêtes et à très bientôt

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