Par chat

Chattez avec
Alcool Info Service

Par téléphone

Alcool Info Service répond
à vos appels 7 jours sur 7

Contactez-nous

Adresses utiles

Témoignages de l'entourage Télécharger en pdf Imprimer Envoyer à un ami

La bouteille comme père

Par Emileen

J'avais 4 ans lors de mon premier souvenir. J'entends des hurlements venir de la chambre de mes parents. Je m'y précipite pour leur demander d'arrêter. Mon père est debout devant moi, il me prends par les dessous de bras et me jette contre ma mère allongée dans le lit. Je ne me souviens d'aucun autre détail si ce n'est le bleu de la chambre. Voilà que commence une enfance construite sur des soirées infernales: d'abord les rires, puis les larmes, les cris et enfin il s'écroule, clope encore fumante sur le canapé taché de vin, de whisky et constellé de trous de cigarette. Mon père adore recevoir du monde. De préférence, des partenaires de boissons. Passé la phase sympathique de la soirée je me retrouve face à un homme aigri, dépressif, manipulateur et méchant. Je ne compte plus les humiliations, les chantage aux suicides, les pleurs avec par moment une lucidité sur son (non)rôle de père qui même là est un prétexte pour boire (je suis malheureux). Abject dans ses propos: misogyne (heureusement qu'elle est belle), pervers (tu la veux ma fille, elle est bien faite, hein?), manipulateur (je suis chez moi ici, t'as rien à m'interdire), triste (je suis pas un bon père hein) et horrible (je pisse du sang mais t'es la seule à savoir).
Et la Honte. Ton père qui vient bourré sur ton lieu de travail. Bourré qui appelle ton mec à peine rencontré pour lui dire à quel point il l'aime (avant même que toi t'aies eu l'occasion de lui dire). Bourré qui vient à la maternité saisir ton nouveau-né et qui ne prend pas garde à maintenir sa tête qui roule. Bourré qui t'explique qu'il n'arrivera pas à la fête des pères parce qu'il dort. Ecetera. Ça ne s'arrête jamais.

Un jour tu deviens mère de famille à ton tour. Tu décides que non, le combat pour toi s'arrête là avec une promesse: pas de cris chez moi, pas d'insulte et plus de culpabilité. J'ai pas de conseil à donner. J'ai juste arrêté. Je refuse de répondre au téléphone quand je sais qu'il ne travaille pas le lendemain souvent synonyme de beuverie. Je suis devenue l'anti-famille aux yeux des miens (ma mère, mes soeurs) parce que je ne veux plus être témoin de ses débordements. Je m'emploie au bonheur de celle que j'ai construite sans regarder derrière. Je les aime, ils le savent même si pour eux je suis une égoïste. C'était de toute façon lui ou moi. Et lui sa vie, il l'a cramée.
J'en suis profondément triste mais je ne me sens plus coupable et malgré tout, je t'aime papa.

Déposez votre témoignage

Retour à la liste