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Le jumeau maléfique

Par Karadhoc

Voilà c'est décidé je saute le pas... j'arrête. D'ailleurs écrire sur ce forum fait partie de cette démarche.

J'ai 40 ans dans trois mois et je bois quotidiennement plusieurs litres de bière. Depuis mes quinze ans j'étais un consommateur d'alcool régulier voir quotidien. Depuis quelques années cette consommation est devenue non seulement quotidienne mais excessive. Moi même je m'en rendais compte mais lorsque mon entourage et surtout mon épouse a évoqué le sujet, les sentiments de honte et de culpabilité sont apparus. Sans doute s'agissait-il de la réel prise de conscience de cette maladie. Car oui j'en suis convaincu aujourd'hui il s'agit d'une maladie.
Après cette révélation je n'ai pas pour autant arrêté, au contraire je me suis résigné, me disant que j'étais addicte à l'alcool comme on peut l'être d'autre chose sans voir le danger.
Les années passant, je ne pouvais plus cacher la poussière sous le tapis. Mon sentiment de tristesse générale, mon agressivité, mon manque d'envie ont augmenté. Jamais de violence mais suffisamment d'agressivité pour qu'un jour mon épouse en pleur me dise que je lui faisait peur.
J'ai donc décidé de changer car j'aime ma femme mais toujours j'en suis revenu au même point. Et le sentiment en plus d'être un mauvais mari me hantait.
Nous avons eu trois filles avec mon épouse. Trois enfants que j'aime bien que j'ai conscience que je ne leur donne pas ce qu'elles méritent. L'alcool me prive de beaucoup de moments de bonheur avec elles et mon épouse.

Il y a quelques jours, le vendredi 13 mai pour être plus précis. Un évènement est survenu, encore un ... Nous étions, mon épouse et moi, invité à une soirée entre amis. Je me suis alcoolisé comme à mon habitude, sans que cela n'étonne personne. Tout le monde me connais... Sauf que j'ai perdu pied ce soir là, je suis tombé dans un état d'inconscience totale. Cela m'arrive de plus en plus. Je ne maitrise plus rien et ne me souvenait pas de grand chose le lendemain. Le peu que je me souvienne c'est que j'ai tenu des propos blessant et sans fondement à mon épouse. Je lui reprochais des choses dont finalement je suis le seul responsable à cause de l'alcool, notamment du fait que je me sente malheureux.
J'ai pris conscience au lendemain de cet événement que mon épouse pouvait me quitter si je ne faisais rien. Ma femme a toujours été là pour moi et je sens qu'elle me soutient et m'écoute et serait prête à m'aider pour sortir de l'alcool.

J'ai donc décidé en ce samedi 14 mai de ne plus toucher une goutte d'alcool. Je m'y suis tenu jusqu'au vendredi 20 mai...

Je me sentais bien depuis une semaine et me faisais la réflexion que ça n'était pas arrivé depuis des années. Cependant ce jour là j'ai replongé. Repas alcoolisé avec mes collègues de travail. J'ai commencé par "m'accorder" une bière à l'apéritif puis deux verres en mangeant, en me disant que je m'arrêterai là. Mais je ne me suis pas arrêté... comme à mon habitude. Le premier verre appelle les autres et l'ivresse.
J'étais complètement ivre et le soir même à 20 heures 30 je devais assister à la représentation de danse de ma grande fille de 6 ans. J'ai été incapable de m'y rendre.
Je suis arrivé à proximité du théâtre dans un état similaire à celui dans lequel j'étais 8 jours plus tôt. Je n'ai jamais réussi à trouver l'entrée du théatre et je suis rentré chez moi. Je me suis alors effondré et beaucoup pleuré car malgré mon état d'ivresse plus qu'avancé une part de moi se rendait compte de ce qui se passait... La culpabilité était encore plus forte. Rien que d'y repenser les larmes me viennent car ce soir là j'ai eu l'impression d'abandonner ma fille.

Le lendemain le sentiment de honte et de culpabilité était encore plus fort. Je venais de prendre conscience qu'en plus d'être un mauvais mari, j'étais un mauvais père...

J'ai bien entendu décidé de continuer à ne plus boire une goutte d'alcool considérant cette rechute comme un accident.

La lecture de ce forum m'aide beaucoup comme je l'ai lu à plusieurs reprises il faut prendre les jours les uns après les autres. Je me fixe cet objectif. Je me retrouve dans beaucoup de témoignage et espère trouver la force que certain ont.

Je pense qu'on apprend de ces erreurs et j'ai pris conscience que la maître e de la consommation n'est pas pour moi. J'ai pris conscience que le premier verre appelle les autres. J'ai pris conscience que j'étais malheureux par ma faute.

Je ne crie pas victoire car le sentiment de tristesse et toujours fort mais j'ai vraiment envie de retrouver le sentiment de bonheur que je retrouve dans beaucoup de témoignages du forum.

Pour mon épouse et mes filles, qui peut être un jour lirons ces lignes, je veux redevenir un époux et un père aimant et pas ce jumeau maléfique qui vous fait si peur.

Merci en tout cas d'être présent et merci pour ce que vous faites.

Un jour après l'autre...

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4 réponses


Carte - 24/05/2022 à 04h36

Bonjour à toi Karadhoc

Bienvenue sur le forum , tu auras ici du monde pour t'aider à ta renaissance.
J'ai 52 ans et je suis aussi alcoolique depuis 30 ans. Les spécialistes du Forum pourront te donner des conseils bien plus avisés que moi mais je vais juste poser ma pierre à ton édifice.
Après lecture de ton témoignage, je suis heureux de comprendre que tu as eu enfin ce fameux déclencheur qui fait que tu veux maintenant t'arrêter de boire pour reprendre la maitrise de ta vie.
Je te rassure cela est totalement réalisable et rien d'insurmontable.
Mais....
Il te faut à mon sens un accompagnement avec un Addictologue, un psy et aussi ton médecin traitant;
L'arrêt de l'alcool de façon brutale est dangereux pour toi et cela ne se fait pas n'importe comment.
A cela, l'arrêt de l'alcool n'est pas une ligne droite mais malheureusement la route est sinueuse et rempli d'obstacles.
Après les 7 jours d'abstinences qui vont éliminer les déboires et symptômes physique, tu vas attaquer la partie psychologique qui est certainement le plus compliqué et longue. Car tu vas demander à ton cerveau de modifier ces comportements et son mode de fonctionnement, et ton cerveau c'est toi....

Alors il faut (à mon sens toujours) mettre en place des procédures de satisfaction personnelle. C'est très important de se valoriser et de mettre des mots sur ta réussite.
Perso et cela c'est juste des conseils, j'écris le matin ma journée d'hier et ce que j'ai pu faire de plus sans avoir consommé. Sport, meilleur alimentation, nuit de sommeil reposante, le visage qui s'éclaircit, économie d'argent, participation à la journée et soirée de mes enfants, sortir au restaurant en étant à l'eau ect ect ect ... Et en contre partie, je relis mes journées d'alcoolisation, nuit sommeil pourri, tremblement, transpiration, plus de sport, pas de cinéma, pas de vie social, la t^te dans le C..., fatigue, passage aux urgences, perte d'estime de soit, t^te qui tourne, ne plus se souvenir d'hier, la bouche pâteuse, ect ect et il y en a d'autre.
Ceci me permet quand j'ai une crise de craving de relire ce qui m'attend pour le lendemain.

J'attaque ce jour 24 mai ma 128 eme journée de prise de décision. Sur 128 jours, j'aurai consommé 14 soirs avec une moyenne de 3 verres de vin. Donc 114 jours sans alcool et je peux t'assurer que vivre sans alcool est une nouvelle vie. Et chaque jour de gagner sans alcool te permet d'être encore plus fort pour le lendemain. Car tout simplement, ton cerveau te laisse à un moment un peut plus tranquille. Il se reformâtes pour reprendre un mode de fonctionnement plus normal.

Voilà, je ne vais être plus long, car nous pourrions écrire des dizaines de pages, mais le plus important à mon sens, c'est que tu viens de décider d'arrêter. Alors que ceci se fasse super bien tant mieux, que tu es de temps à autre des rechutes, rien de bien grave c'est dans le processus normal de l'apprentissage comme un enfant qui apprend à marcher, au début il trébuche.

Bonne journée à toi ainsi qu'a ta famille, prends soins d'eux, bois beaucoup d'eau et reprends confiance en toi

Cdt Sy

L2O - 24/05/2022 à 13h22

Bonjour Karadhoc,

J’ai 30 ans et je suis alcoolique depuis l’adolescence.
Je me retrouve totalement dans ton histoire, à la seule différence que je n’ai pas d’enfant.
La perte de contrôle, l’état d’inconscience, le réveil honteux et coupable…
Aujourd’hui, 205e jour sans consommer pour moi. C’est devenu presque anodin, normal, je continue à vivre libre et fier. Parfois, il m’arrive de penser à cet arrêt avec une forme de mélancolie : je suis fier encore aujourd’hui, mais moins qu’au début, le premier mois, les premiers jours pendant lesquels je me persuadais de vivre quelque chose d’immense, de prendre l’une des décisions les plus capitales de ma vie, et celles de mon entourage.
Profite de ces moments de fierté, et personne ne pourra être aussi fier de cette décision que toi-même.
Il faut se rendre compte que l’addiction est une maladie/un handicap/une injustice…. Peu importe comment on la perçoit, moi en tout cas, ce qui m’a énormément aidé et qui m’a fait sauter le pas, c’est l’idée que mon corps n’était pas adapté à l’alcool. Là où les autres arrivent à le contrôler, j’en suis incapable : en effet, je crois chaque fois que je vais gagner, et l’alcool finit par m’écraser, par m’humilier. C’est comme ça. C’est injuste, c’est de la loterie, mais c’est comme ça. Je suis génétiquement incompatible avec l’alcool. Et pourtant, c’est l’alcool qui m’a offert la plupart de mes meilleurs souvenirs… J’ai adoré l’ivresse pendant tant d’années ! Mais c’est comme ça, j’y suis allergique, allergique tellement je suis capable de l’aimer. De l’aimer lui plutôt que moi-même.
Il n’y a aucune honte à avoir, c’est inné, en nous.
Réapprendre à vivre sans alcool, aujourd’hui, me fait petit à petit ressentir les mêmes bonheurs de l’enfance. C’est fou, mais réel. Je me sens entier, honnête avec moi-même et pleinement en contrôle de ma vie.
Profite des premiers moments d’abstinence, encore une fois, la fierté est immense ! Et puis plus tard, ce sera le bonheur, enfin, du moins, la sérénité.
Mais surtout, j’essaie de ne jamais me croire guéri, de me dire « Tiens une petite bière pourquoi pas ? ». À vrai dire, je n’en ai même plus envie. Jamais je n’aurais cru ça possible…
Force à toi Karadhoc, tu es, comme beaucoup d’autres, un héros qui abandonne sa kryptonite.
Léo

Karadhoc - 24/05/2022 à 13h31

Merci de ton soutien SY. Je prends note de tes conseils avisés et je saurai en faire bon usage. Encore merci à toi. Et félicitation pour tes 114 jours!

Olivier 54150 - 25/05/2022 à 14h15

Bonjour Karadhoc

J'ai trouvé ton témoignage touchant car je suis passé par ce que tu vie...en accéléré peut être car j'ai arrêté à l'âge de 28 ans, je buvait plusieurs bt de Ricard par semaine et plus. J'ai fait un sevrage à l'hôpital et une cure dans les Alpes. C'était en 1998.
Je m'intéresse aux addictions depuis.

Arrêter de boire à été la plus belle décision de ma vie.
Aujourd'hui je vois mon alcoolisme comme un cadeau tellement j'ai appris grâce à l'abstinence.
Dans une société où il est normal de s'alcooliser le zéro alcool est un mode de vie un peu à part...je crois.
Il faut en faire son histoire car c'est impossible d'oublier qu'on ne bois plus.

L'arrêt de l'alcool et une révolution personnelle, le manque, le sentiment d'injustice, la honte, les regrets, la nostalgie, les craving, les questions existentielles affluent ainsi que les prises de conscience.

Ce n'est pas de tout repos. Mais là où tu ne dois jamais douter, c'est d'avoir pris la bonne décision. Ce n'est pas négociable.

Prends toutes l'aide qui t'es disponible. Médical, psy, famille, forum, groupe...
Perso c'est de décortiquer tout ce que je trouve sur les additions qui m'aide le plus.

La communication et importante, voir vital,
pourquoi ne pas faire lire ton post à ton épouse ?

Bien venu dans l'aventure.
Oliv

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