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aider mon conjoint à prendre conscience de son alcoolisme

Par Profil supprimé

bonjour
je suis en couple depuis 1 an avec un homme charmant qui devient tout le contraire lorsqu'il boit.
Au début j'ai rapidement senti qu'il avait une addiction avec l'alcool, et j'en découvre toute l'ampleur aujourd'hui.
Les choses arrivent en deux stades :
le premier : fin du boulot, ouverture d'une bière, ou deux. Puis vin à table pour accompagner le repas.
Dans ce premier stade, il est certes "gai" mais reste vivable, supportable, meme s'il parle fort et dit des gros mots.

le deuxieme stade : pour calmer des angoisses (lesquelles ? ) , il prend ce que j'appelle des "shouts" --> des gorgées d'alcool fort ( martini, whiski et bien d'autres choses je pense).
Il devient alors méchant et agressif, toute communication est stoppée, et le lendemain il ne se rappelle pas vraiment de certains de ses propos.

Dès le début de notre relation, je lui ai fait comprendre que je ne ferai jamais le "flic" , pas question de le surveiller, de planquer des bouteilles, de chercher les cachettes. "Tu n'es pas un petit garçon, tu es un Homme, c'est à toi de voir ce que tu veux/dois faire".

J'ai remarqué les moments où il boit d'avantage : le vendredi soir lorsqu'il récupère ses enfants un week end sur deux par exemple, tous les jours lorsqu'ils sont en vacances avec nous.
Lorsque nous vivons à deux, c'est plus simple, plus détendu, beaucoup moins d'alcool.

Je me suis toujours arrangée pour parler de l'alcool avec lui librement sans tabou lorsque nous sommes tous les deux et surtout, lorsque c'est lui qui entame le sujet " Je crois que j'ai un probleme avec l'alcool".

Son premier mariage s'est fini d'après lui sur un adultère, d'après sa fille l'alcool à haute dose en était la raison...

Je viens de passer 3 semaines de vacances avec lui et ses enfants chez son beau-frère qui est un alcoolique grave. Ambiance particulière, lorsque 2 poivrots s'engueulent à table en s'accusant mutuellement de vouloir parler plus fort que l'autre.

au retour, mon compagnon a pris conscience de l'alcoolisme de son beau-frère et s'est posé des questions sur lui-meme. Alors j'ai crevé l'abcès en disant ce que tous ses proches pensent sans trop oser en parler à haute voix.

Oui tu as un probleme avec l'alcool,
oui , l'alcool te fait devenir un autre ("qui me rend agressif et méchant " a t'il ajouté),
et oui , à la maison , on en soufre, on le voit, tout le monde entend lorsque tu ouvres les portes de placard, ça se voit sur ta peau, ta transpiration, ton regard, tes mots, ta façon de marcher, et quand je dis ON, il ne s'agit pas que de moi (sous entendu les enfants).
Et OUI c'est dommage car je sais que tu es un mec bien, un mec sur qui on peut compter, compétent, sérieux, intelligent, soucieux de faire le bonheur des autres
OUI c'est dommage car il y a des gens qui t'aiment autour de toi mais l'alcool t'éloigne d'eux.

Cette discussion, douce et calme, a eu de l'effet je crois. J'ai senti que ça le remuait. Il a admis que ses shouts d'alcool apaisent mais il ne sait pas quoi ni pourquoi.

J'ai prévu de l'enregistrer et peut etre le filmer pour qu'il voit la personne qu'il devient sous l'emprise de l'alcool. J'ai demandé à sa fille de ne plus se taire et de faire gentiment remarquer que "papa tu parles trop fort et tu dis des gros mots"

je me dis qu'il a surement besoin qu'on lui pose des limites (qu'il n'a peut pas toujours eu à l'adolescence avec son père en déplacement professionnel), que ce soit pour l'alcool, la nourriture (il nous sur-nourrit), le comportement.
Et je me souviens de ce qu'il me disait au début :
"j'ai un caractère fort, tu dois me foncer dedans". Inconsciemment il cherche à ce qu'on lui pose des limites.Il est demandeur et sens bien qu'à ce petit jeu, il va finir seul.

Il doit se retrouver face à lui-meme
c'est un boulot d'équipe, moi , lui et ses enfants (s'ils le veulent bien..)
Je suis décidée à continuer de crever l'abscès, meme si mon couple explose. Il m'a offert une bague fin aout, et a dit à sa mère et sa soeur que nous étions fiancés. Le lendemain, il avait oublié l'aspect "fiancailles".
Cet oubli a été le déclencheur pour moi :
on parle, on dit les choses, on verbalise, doucement, tendrement, sans reproches, sans mots durs mais on parle.

Je souhaite faire au mieux (mais pas à sa place) pour sauver cet homme que j'aime
mais j'avoue que si je sens que je m'y perds, alors je prendrai la poudre d'escampette
On ne peut pas sauver quelqu'un contre sa volonté.

Mon homme est un mec bien, bon, intelligent
j'espère qu'il va prendre conscience de son état.
Je sais qu'il a deja parlé de son probleme d'alcool avec ses deux soeurs et j'en ai moi meme parlé avec elles.

c'était mon témoignage
j'ai envie de pleurer là
il rentre de voyage mercredi soir
j'ai hate de le revoir et en meme temps je redoute


bon courage à tous et toutes

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67 réponses


Profil supprimé - 05/09/2017 à 16h03

j'ai la boule au ventre.
il rentre demain et vendredi nous récupérons les enfants pour le week end.

Pourvu qu'il ait réfléchi..

Profil supprimé - 07/09/2017 à 15h53

Je suis très fière de mon compagnon.
Il reconnait vraiment avoir un probleme avec l'alcool
reconnait qu'il est différent sous l'emprise de l'alcool
et a très peur de finir comme son beau-frère (gravissime..).

En retour, j'ai garantit mon soutien, mes encouragements,
j'ai précisé que ça ne se ferait pas en un jour et que parfois, ça ne serait pas simple,
mais qu'on y arrivera tous les deux. Il a asquiescé

Lui d'habitude si "monsieur 100 000 volts" est aujourd'hui tout calme, comme un ballon qu'on viendrait de dégonfler, voire meme un peu perdu. Je pense que c'est normal ... oui ? non ? vous devez avoir d'avantage d'expérience que moi. On a crevé l'abcès.
Je me suis aperçue que mon compagnon a besoin d'indicateurs, il a besoin qu'on lui dise "attention là, tu parles trop fort" et surement "maintenant tu bois de l'eau, ça suffit".
Je vais faire au mieux pour attaquer cette autre étape : LUI DONNER DES INDICATEURS

Grâce à cela, nous arriverons je pense à une consommation plus raisonnée.


Il est intelligent, une bonne personne, je crois en lui .





Moderateur - 07/09/2017 à 16h12

Bonjour Muschimu,

Merci pour votre témoignage remarquable.

Vous avez un positionnement tout à fait approprié dans ce genre de situation, vous libérez et faites circuler la parole autour de lui, vous le soutenez, vous lui faites sentir que vous êtes là sans perdre de vue vos propres limites.

J'espère donc que cela s'est bien passé lorsqu'il est rentré.

La "volonté" de s'en sortir repose notamment sur la conviction que si l'on continue on va droit dans le mur ou que si l'on arrête on obtiendra un bénéfice plus fort que ce qu'apporte l'alcool (ce sont les deux faces de la même pièce) et l'impression - à défaut de la conviction - qu'on a la capacité d'y arriver. L'énergie pour tenir le coup sans boire est quant à elle apportée pour partie par le soutien des proches et les améliorations obtenues en arrêtant de boire.

Cependant l'alchimie pour trouver raison, faire le sevrage, éviter ou gérer les rechutes est bien compliquée à obtenir. En la matière le soutien des associations d'entraide (Alcooliques Anonymes, Vie Libre, Alcool Assistance ou autre) et l'accompagnement des professionnels sont une aide précieuse. "Se faire aider" comme l'on dit est souvent primordial pour y arriver. Encore faut-il accepter d'être aidé et ce n'est pas toujours le cas.

De la reconnaissance de son problème à son sevrage puis à son abstinence, votre conjoint aura quelques étapes à franchir. Mais il a de la chance : il vous a à ses côtés.

N'hésitez pas à continuer à nous raconter ce qui se passe.

Cordialement,

le modérateur.

Moderateur - 07/09/2017 à 16h16

J'ai rédigé le message précédent en même temps que le vôtre et n'en n'avais pas connaissance.

Ce résultat positif vous le devez en partie à vous et à votre attitude ouverte.

Vous êtes tous les deux sur une bonne voie.

Bravo.

Profil supprimé - 08/09/2017 à 13h46

merci pour votre message

Effectivement nous n'en sommes qu'à l'étape 1 (la plus importante à mes yeux ) : la reconnaissance du probleme.

Depuis son retour, il n'y a pas eu d'excès, il n'y a pas eu de nouvelles courses à faire par manque de bière (meme s'il n'en reste que 3 dans le frigo).
La tentation est grande pour moi de le suivre dans la maison pour voir ce qu'il fait, savoir ce qu'il serait susceptible de boire. Mais je m'abstient. Je veux lui faire confiance, je ne veux pas l'infantiliser, ni comme je l'ai précisé plus haut, faire les choses à sa place. Il y aura des rechutes, c'est certain. Il ne faudra rien dramatiser , il faudra juste prendre cela avec philosophie et se dire qu'on va se relever et aller de l'avant, lui et moi (et l'entourage aussi...là j'ai du boulot ! )

J'ai un grand avantage dans cette histoire : moi aussi j'ai flirté avec l'alcool à une époque compliquée de ma vie et je lui en ai toujours parlé librement dès le début. Je connais donc le sujet de l'intérieur.

l'étape 2, on y arrivera tranquillement : voir un spécialiste, consulter. C'est encore trop frais pour le faire maintenant.

Je me répète mais je suis super fière de mon compagnon. Je mets déjà en place les INDICATEURS dont j'ai parlé plus haut.


Cela me fait du bien d'écrire ici. Cela me permet de synthetiser ma pensée.


merci, merci...

Profil supprimé - 09/09/2017 à 00h00

Bravo pour vos efforts de communications, à tous les 2! C'est magnifique à lire et j'espère de tout coeur que ça ira pour vous.
Mon homme est bien moins intelligent sur ce problème, ou je dirai plutôt qu'il est + malade que votre compagnon. C'est une chance pour vous 2 à saisir et tenez-la bien.
Le mien est tellement braqué, il est plein de honte, mais continue de boire pour oublier sa honte ou ses actes ou encore des paroles dont il ne se souvient pas. Il a un caractère bien particulier dans le sens où j'ai ou j'avais l'impression qu'il m'en parlait ouvertement mais ce n'était pas le cas. Les discours changeaient trop souvent et trop vite. Il est même du genre à ne pas pouvoir se faire aider par des organisations portant le mot alcool. C'est donc très difficile pour nous, pour moi qui ne va pas bien du tout aujourd'hui. La dernière chose que je lui ai dite est:"je pense qu'un étranger qui a vécu la même chose que toi, qui ne sera pas rencontré aux AA par exemple, pourrait t'aider. Tu n'es pas le seul, tu n'es pas seul. Il y a plein de solutions, les voici mais c'est à toi qu'appartient la décision de sortir de cette vie et de l'aide dont tu as besoin". Et la vie m'a fait revoir une amie d'enfance dont le mari est abstinent depuis 10 ans après avoir failli mourir de cette épouvantable addiction qui emporte tout sur son passage.
Je vous fais donc ma plus belle révérence et j'espère que tout ira dans le bon sens pour vous 2. De faire une sorte de planning comme vous le faites et de s'y tenir est une super idée! Je suis avec vous!

Profil supprimé - 11/09/2017 à 10h06

Nous avons passé un bon week end
et pourtant c'était un week end chargé pour mon compagnon avec ses 4 enfants à la maison , dont deux avec les valises pleines de linge sale qu'il faut laver, repasser etc...

De l'alcool, il y en a eut , raisonnablement mais pas systématiquement.
Des "shoots" je pense qu'il y en a eu (1 ou 2 sur 3 jours) mais sous forme d'un peu de liqueur dans un verre (et pas comme un voleur au goulot)

Des rires, des discussions il y en a eut aussi ! Une bonne ambiance .... vraiment !

j'ai essayé de discuter avec sa fille (25 ans) mais elle garde une forte colère vis à vis de son père, et du ressentiment.
Je l'encourage à s'exprimer, mais je la sens trop braquée

J'ai eu des petits miracles :
samedi 18 h mon compagnon bricolait et m'a réclamé une bière , que je lui ai apporté (et que nous avons partagé).
et puis, il en a réclamé une autre. J'ai répondu en souriant que non, mais qu'il pourrait en prendre une plus tard en mangeant. Il n'a pas rouspété, ne s'est pas énervé, mais m'a juste demandé un gros bisou et il y avait plein de choses dans son regard, genre "merci, t'es là, tu veilles sur moi".

Bien sûr, j'ai fait remarqué que nous passions un BON week end et je pense qu'il a compris le sous entendu :
"quand tu bois raisonneblement, tout le monde est décontract et joyeux".

A l'avenir, lorsqu'il y aura rechute (je m'y attends), je pourrais lui rappeler ces TROIS jours sympa.

Mon homme a besoin de garde-fou, et je vois bien qu'il me tend des perches souvent. D'ailleurs, j'ai remarqué que l'expression qui revient souvent dans la journée c'est "je ne sais pas..".
Je crois que c'est ça la clef : lui indiquer clairement quand c'est bien, pas bien ou trop. Et remplir le planning de la semaine pour éviter les moments de vides où il se sentira paumé et tenté par des shoots.

Je suis très fière de lui, et je le lui ai dit avant qu'on s'endorme hier soir. On se comprend à mi-mots.
Je reste vigilante mais je suis soulagée. Par contre je suis crevée ! Contre coup normal.

En avant pour une nouvelle semaine

Profil supprimé - 11/09/2017 à 10h11

Nekoelo

merci pour votre message

je vous envoie tout mon soutien

Profil supprimé - 13/09/2017 à 16h27

Mon compagnon est reparti en déplacement ce jour.
Ce début de semaine s'est passé dans la quiétude, avec certainement un peu d'alcool dans mon dos (j'ai de grandes oreilles...) , mais je n'en ai pas la preuve et puis de toute façon je ne veux pas le suivre à la trace.

L'essentiel pour moi est qu'il a compris l'effet destructeur de sa façon de boire (les mélanges ! )

Il a sa fierté, je le sens accroché à moi ; je vois beaucoup d'apaisement dans son regard.
j'ai remarqué aussi qu'il est beaucoup moins tatillon sur le quotidien (la tasse qu'il faut ranger là et pas Là par exemple... y'en a plein des comme ça ! )
Je me mets à sa place : son secret n'est qu'un secret de polichinelle puisque tout le monde le sait , donc plus besoin de controler en permanence, et moins besoin d'être un monsieur 100 000 volts.

Il est reparti ce matin avec un petit mot que j'avais laissé sur la table comme je le fais souvent. Un petit mot avec une petite phrase, toujours positive et chaleureuse. Je sais qu'il les garde tous !

Je pense qu'on est sur le bon chemin. Ma seule inquiétude reste tout de meme le retour des enfants une semaine sur deux, avec son lot d'agitation, de frustration et de doute pour lui.

Nous verrons....

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