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Comment aider un conjoint alcoolique avec des humeurs extrêmes (bipolaire?)

Par Profil supprimé

Bonjour,
J'ai un conjoint qui a sombré progressivement dans l'alcool depuis une quinzaine d'année (peut être plus).
Je dois avouer que je n'ai rien vu arriver au départ et le temps que je comprenne ce qui se passe, le mal était fait.
Maintenant, il ne cache presque plus sa consommation.

En fait, je n'arrive pas à le comprendre car sa consommation est assez atypique : il peut avoir des périodes de sobriété mais boire une grosse quantité d'alcool en un après-midi (2 litres de bière par exemple).
Il est inutile de parler avec lui quand il a bu mais quand je lui parle le lendemain, ses motivations sont très floues :
- l'angoisse de vieillir (on a un gros écart d'âge)
- le fait qu'il ne soit pas très manuel et qu'il voudrait entreprendre de bricoler
- la frustration de l'échec
- l'envie de s'évader.
- l’hyper anxiété ( avérée par le médecin traitant et traitée par médicament)
- la mauvaise gestion de la frustration (il pense qu'on lui interdit des choses si on le limite)

Tout ça est d'autant plus incompréhensible que c'est une personne ayant un bonne situation sociale,un bon niveau éducatif, pas de difficultés financières, plutôt en bonne santé et vivant de manière confortable.

Il voit une sophrologue mais il ne suit pas forcément ses conseils et il n'utilise pas les médicaments que le médecin lui a prescrit en cas de forte anxiété (Lexomil)

Le seul point positif c'est qu'il verra très bientôt un psychiatre spécialisé dans ces troubles. Mais, là aussi, j'ai peur que mon conjoint reste passif et n'entame pas la démarche nécessaire pour s'en sortir)

Néanmoins, j'ai constaté que mon conjoint passait par des phases hautes où il a envie d'entreprendre beaucoup de choses et il est proche de l'excitation ce qui provoque une très grosse fatigue au bout de quelques jours
Il a aussi des phases basses où il se dénigre et me fait des reproches car il estime que je suis tout le temps sur son dos.
Je me demande s'il est bipolaire ou maniaco-dépressif.

Avez-vous rencontré une situation similaire?
Qu'avez-vous fait pour aider votre compagnon?

Merci d'avance pour vos conseils.

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7 réponses


Profil supprimé - 22/11/2018 à 14h46

Bonjour,
je vous réponds car je remarque que vous n'avez encore reçu aucun retour suite à la publication de votre message.

je comprends votre situation.
Le trouble bipolaire correspond à ce que l'on appelait autrefois, précisément, "trouble maniaco-dépressif."
Les troubles de l'humeur sont une des conséquences de l'alcoolisme : avec la schizophrénie, ils constituent la première cause de maladies psychiatriques affectant le sujet alcoolo-dépendant.
L'alcoolisme est également la première cause d'apparition de la démence avant 60 ans.
(Sources : http://www.bdsp.ehesp.fr/Base/336797/)
les alcoolo-dépendants deviennent "déprimé" et "anxieux" ; dans 60% des cas, l'arrêt STRICT de la consommation d'alcool permet la disparition de ces troubles.
Si un traitement médicamenteux s'avère toutefois nécessaire à leur disparition, il sera efficace, du fait de ce même arrêt STRICT (j'insiste bien) des la consommation.

Par ailleurs l'usage des BZ peut être dangereux chez un alcoolique (dépression respiratoire => coma => mort.)
En tous les cas, il ne sert... à rien : l'anxiété étant générée par la consommation d'alcool et son efficacité thérapeutique réduite !

J'attire également votre attention sur le fait que l'alcool engendre et/ou majore considérablement l'anxiété et les états dépressifs. (Source : http://hepatoweb.com/Alcool_Partie_4.php)
Il diminue l'effet des psychotropes ou les potentialise. Vous l'aurez compris, un traitement médicamenteux n'est pas efficace tant que la consommation d'alcool perdure.
De plus, si votre compagnon présente des troubles de l'humeur, l'usage de BZ n'est pas approprié : anti-psychotiques (thymo-régulateurs) et anti-dépresseurs (certains sont spécialement indiqués chez les personnes sujettes à des troubles de l'humeur -schizophrénie disthymique, trouble bipolaire etc...- ponctuées de phases de dépression et/ou anxiété massives. Source : https://tccmontreal.files.wordpre...depourlespatientsetlesfamilles.pdf.)

Que votre conjoint jouisse de ressources lui permettant de mener une existence confortable et agréable est un élément qui ne rentre pas en considération dans l'appréhension de sa maladie. Tout au contraire : une personne dont l'alcoolisme entraîne des difficultés matérielles aura tendance à davantage entamer des soins et pérenniser son abstinence, dans la mesure où cette personne ne peut faire autrement.
Craindre de se retrouver sans domicile peut faire fonction de "déclic" pour certains malades.

Il n'est pas toujours de raison clairement identifiable expliquant qu'une personne sombre dans l'alcoolisme. J'ai connu un ami qui était devenu dépendant à force de "soirées extrêmement arrosées", trop rapprochées.
Il est faux de considérer qu'on boit "parce qu'on va mal".
En revanche, une fois que la dépendance à l'alcool est installée, l'alcoolo-dépendant consommera au motif qu'il en a besoin, c'est ce qu'il affirme et c'est vrai : chimiquement, son cerveau réclame sa dose d'alcool, sans quoi il éprouve de la souffrance et ce manque occasionnant, s'il se prolonge, un syndrome de sevrage alcoolique qui peut s'avérer très grave.

Vous n'êtes pas médecin, aussi n'est ce pas à vous d'élaborer un diagnostic médical.
Vos remarques sont toutefois précieuses ; si votre compagnon le permet, vous pourrez en faire part au professionnel qui le prendra en charge.
C'est un très bon point qu'il rencontre un psychiatre (addictologue je présume) : cependant, si votre compagnon refuse de collaborer avec ce professionnel, vous ne pourrez rien y changer.
Gardez toutefois confiance : le médecin psychiatre connaît son métier, il est expérimenté, si quelque chose est possible, c'est lui-même qui l'entreprendra.

Du reste, vous ne pouvez aider votre compagnon qu'en l'aidant à prendre conscience qu'il est malade (et encore, est-ce bien votre rôle ?) et que son état nécessite un suivi médical approprié. La sophrologie est intéressante dans le cadre d'un maintien de l'abstinence : elle n'a pas pour fonction de convaincre un alcoolique de cesser de boire !

Si jamais votre conjoint abandonne le projet de rencontrer son psychiatre, il peut - lui-même - prendre rendez-vous auprès de:
_ son médecin traitant afin de faire le point et d'être dirigé dans un service d'addictologie ou un CSAPA
_ se rendre dans un service d'addictologie (hopital général ou hopital psy)
_ prendre rendez-vous au sein d'un CSAPA (http://www.alcool-info-service.fr/alcool/aide-alcool/specialisee)

Qu'appelez vous une période de sobriété ?
S'il est alcoolique, il ne doit guère en avoir... Je suppose qu'il vous cache sa consommation.
Quant à savoir ce que les uns et les autres ont pu faire pour secourir leur compagnon, la réponse est simple : TOUT.
On a toutes, TOUT essayé : la compréhension, l'éloignement, le soutien, le flicage, l'absence de flicage, leur rendre la vie délicieuse, poser des limites, baisser les bras, supplier, les hospitalisations forcées, l'acception, l'attente patiente du fameux "déclic", pour certaines, les menacer, faire du chantage, les quitter.

Et elles ont souffert et espéré et désespéré.
Certaines sont devenues dépressives, développant à leur tour des troubles psychiatriques (troubles de l'anxiété.)
Si votre conjoint refuse de changer, quelle qu'en soit la raison, VOUS NE POURREZ RIEN POUR LUI, la seule chose qui changera, c'est qu'à votre tour vous irez mal.
Restez le plus en-dehors de sa maladie.
Souvent, les alcoolo-dépendants s'en prennent et nourrissent un très puissant ressentiment à l'égard de leur compagne (leur simple présence, du fait qu'ils ne peuvent demeurer aveugles face à la souffrance de leur compagne, est génératrice de culpabilité, ce dont ils leur tiennent grief et le fait qu'elles s'affirment comme des obstacles à leur consommation, à l'existence qu'ils mènent - ou plus justement à leur propre vie et leur propre santé qu'ils détruisent les irrite notablement.) C'est l'un des problèmes majeurs que pose cette situation :es personnes à l'écoute sur Alcool Info service sont à même de vous orienter et vous conseiller sur ce point. N'hésitez pas à les solliciter.

Profil supprimé - 22/11/2018 à 17h38

Eh bien je vous remercie pour toutes ces explications qui me sont bien utiles et bien documentées.
Pour le moment, le rendez-vous de mon mari avec l'addictologue est bien maintenu et c'est une bonne chose.
Il faut voir maintenant le degré d'implication de mon conjoint car, comme vous le faites remarqué, c'est lui qui doit être actif dans sa démarche.
Merci encore et bon courage à vous
Bien cordialement

Joyeuse triste - 22/11/2018 à 20h36

Bonsoir,
Votre message m'a interpellé car je pense aussi que mon ex conjoint (en cours de séparation) montre des signes de bipolarité. Il a depuis 3 ans changé dans sa manière de vivre et penser. Il a commencé aussi à boire à l'excès à ce moment-là. Comme pour s'aider à combattre se mal plus profond. Comme votre conjoint il a des période de haute activité, quelle soit contrainte comme la construction de notre maison ou voulu comme se mettre à peindre des tableaux ou autres exemples faire en sortes d'obtenir le meilleurs débit internet ... et dans tout cela il faut qu'il soit le meilleurs, limite à se croire supérieur à tout le monde tel un dieu. C est super pénible à vivre car dès que vous essayez de le resonner vous devenez son ennemi. Il devient alors parano, tout le monde et contre lui, se sent incompris et vous rabâche sans cesse que soit esprit, sa réflexion est supérieur etc... Puis vient la phase du néant, se laisse vivre, ne fait plus rien, ne prends plus soin de lui, sauf lorsqu il doit se confronter à la société exterieur. Ou là il fait tout pour cacher cette misère qu'il nous montre dans l'intimité. La questiin est est ce que quelqu'un de bipolaire peut avoir cette faculté de se montrer sous un autre jour en fonction de ce quil fait et avec qui ? C est une bonne chose qu'il soit dans la démarche de voir des professionnels. Pour ma part il ne fait rien en ce sens. C est d'ailleurs pour cela que je lui ai demandé de nous séparer. Je vous souhaite du courage et qu'il veuille bien se soigner. Donnez nous des nouvelles si il va voir le psychiatre afin de savoir si un diagnostic psy est posé.cdt

patricem - 23/11/2018 à 10h27

Bonjour,

De fait, c'est à un médecin spécialisé de poser le diagnostique de bipolarité. La consommation d'alcool peut donner l'impression que la personne est bipolaire ou dépressive, d'autant plus que certains médicaments utilisés pour la soigner, comme la dépamide, sont à la base destinés aux patients bipolaires. Mais cela ne veut pas dire que la personne est bipolaire : il se trouve juste que le médicament a depuis sa mise sur le marché fait aussi ses preuves pour aider les patients alcooliques.

C'est à lui de s'engager dans les démarches thérapeutiques. Mais par contre, renseignez-vous sur votre responsabilité légale à le laisser partir au volant en état d'ébriété, même contre votre volonté. J'ignore quelle est la jurisprudence dans votre cas mais il ne faudrait pas qu'il vous entraîne dans sa chute... Peut-être les modérateurs ont plus d'informations sur ce point ?

Cdt,

Patrice

Patrice

Profil supprimé - 26/11/2018 à 11h15

@ Joyeuse Triste
Mon conjoint a surtout le besoin de se sentir parfait, de vouloir réussir tout ce qu'il entreprend et gère très mal l'échec et la frustration : c'est là qu'il boit.
Quand il ne va pas bien, il me dit qu'il a eu beaucoup d'échecs dans sa vie.
Je crois que certains événements l'ont marqué et qu'il n'a pas réussi à aller au-delà, d'apprendre qu'un échec peut nous apprendre des choses et nous rendre meilleur...

Je ne peux pas dire que mon conjoint se laisse aller quand nous sommes tous les deux : il est toujours très soigné. À la limite, ma présence le rassure et il va bien mieux.
Les gens l'aiment beaucoup en général et son travail est apprécié car il est très minutieux.

Le comportement de votre mari qui semble ne pas agir de la même manière quand il est en société me rappelle un membre de ma famille qui est un vrai tyran domestique. Sa femme l'a quitté et elle heureuse avec quelqu'un d'autre aujourd'hui !

Bon courage dans votre démarche ! Je vous tiendrai au courant du diagnostic de mon conjoint !

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