Une des grandes difficultés face à l'addiction d'un proche est ce sentiment d'impuissance. Je comprends au fur et à mesure de mon avancée et de mon parcours dans ce cheminement, que je n'ai pas le contrôle et que je ne l'aurai jamais. Je ne peux pas décider à sa place de dire stop à la boisson, je peux le faire pour moi, mais pas pour lui. C'est difficile de sentir cette incapacité de faire. Je m'épuise à écouter, à essayer de me mettre à sa place, à pleurer, à crier, à donner, à reprendre, à me battre, à stresser.... Je m'épuise à m'exprimer, à exprimer mon ressenti, à trouver des formules sans quiproquo possible, à détourner mes paroles, à minimiser, à extrapoler la situation.

Je ne suis pas responsable de l'alcoolisme, et je n'ai pas le pouvoir de guérir ses maux..
Cette maladie est incurable, c'est dur, mais c'est comme ça.

On se protège comment ? je ne sais pas... on vit un jour après l'autre et on espère que y'aura pas de bobos, pas trop de drames, que la violence c'est fini, pas trop de traumas pour mon fils (si petit, mais qui a déjà tellement vécu de choses), on essaie de vivre pour soi, on essaie de se relever de ses épreuves... y'a rien à comprendre, pas de recette miracle, pas de bouton retour en arrière... le livre ne se ferme, il peut se poursuivre, mais les nouvelles pages ne seront pas forcément plus belles que les précédentes et l'histoire ne sera pas forcément un conte de fées avec une jolie fin... ainsi va la vie

J'avais besoin de poser par écrit tout ça, c'est fait ! Je ne sortirai peut-être jamais de ce cercle je t'aide, je te donne, je t'aime je suis déçue, je ne t'aime plus, je ne donne plus, je ne t'aide plus...