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Journal de liberté

Par rewinder

371 réponses


Olivier 54150 - 20/07/2023 à 17h33

Bonjour à tous.
Comme j’ai les notifications sur ce fil, je le lis depuis le début.
Merci Rewinder pour cette belle œuvre. blunk

C’est aussi suite à une cure que j’ai arrêté il à 25 ans…et un mois.
Ce qui me fait réagir ici, c’est le “débat” sur les pensées…ces pensées dangereuses qui peuvent nous pousser à une re consommation.
Je crois que je n’en ai jamais eu…du moins ces pensées se transformaient quasi instantanément en tristesse car j’ai exclu dès le départ toute négociation.
En fait, la peur surplombe toutes mes envies. Peur de revivre dans cette prison éthylique, de revivre un sevrage…Pour moi, déprimer est bien moins désagréable que d’être obligé de boire. Ma dépendance était devenue assez physique.
Dans mon expérience, ne pas aller bien sobre est du bonheur à côté de ne pas aller bien alcoolisé.

Liv, s’il n’y à pas de négociation possible, il n’y a aucun besoin de résister. Vivre le manque fait partie du processus, ça passe, tout passe toujours, l’acceptation est de mise. Oui, c’est facile à dire, je sais.
Ceci dit, à chaque fois que tu résistes, quelle que soit la tristesse que cela implique, tu poses une brique sur le mur dont tu parlais mardi, c’est pas rien.
Comme le dit très bien Rewinder, plus tu garderas à l'esprit les bénéfices à ne pas boire, plus ce sera simple, disons moins difficile.
Pour moi, le temps a fait son œuvre, ne pas boire est devenu quelque chose de très naturel, logique et évident, je le souhaite à tout le monde ici.
Cependant je suis quand même là, à philosopher sur les addictions, toujours et encore même avec 25 années sans alcool, pas pour frimer, pas pour donner des solutions, juste pour témoigner, dire que c’est possible, surtout, pour ne pas oublier. L’alcool gâche tellement de vies.

Bien que les bénéfices à ne pas boire soient évidents, on cherche toujours des trucs pour compenser, n'importe quoi pourvu que la chimie du cerveau change, dopamine quand tu nous tiens… Il ne faut pas oublier que l’alcool à mis en vrac tout notre système de récompense, pas de secret, il faut du temps pour que l'homéostasie revienne.

Lorsque j’ai envie de quelque chose d'intense ou de me déconnecter, je m’offre une séance de respiration holotropique ou breathwork, j’en parle parce que j’ai découvert ça il y à quelque mois via youtube et je trouve ça génial.

Une pensée aux modérateurs, modératrices sans qui rien ne serait possible ici, merci.
Bon week end à tous.
Oliv.

Liv - 22/07/2023 à 09h55

Cher Rewinder,
Désolée si j'ai tardé à répondre, au cours des deux derniers jours plein de choses se sont enchaînées mais je suis toujours là. Je fête aujourd'hui ma première semaine de liberté, de vrai début d'une nouvelle vie ! Pour te citer : j’existe et je résiste !
Alors ton conseil de faire comme l'eau, je vais vraiment le garder. Cette pensée amène le calme en moi et c'est tout ce que je cherche.
Je prends aussi note pour l'acétylcystéine, en espérant ne pas m'être déjà désensibilisée à son effet car j'en ai quand même pris 1800 gr par jour pendant 2 mois environ. La première fois que j'en avais pris ça m'avait bien aidée, alors que là, vraiment pas grande chose. Mais comme je le disais, ça ne fait pas le boulot à notre place...

Merci de me donner un repère pour les pensées permissives. Je préfère savoir qu'elles seront bien présentes pendant quelques mois et que c'est normal, plutôt que de commencer à me dire que ça ne diminuera jamais.
D'ailleurs, la journée d'hier a rassuré toute mes craintes. C'était aussi une journée de travail solitaire, de celles qui sont dangereuses. Et je l'ai traversée sans difficulté, j'ai eu des faibles envies, vite chassées.
J'ai mis en pratique la courte méditation en fixant un point et en comptant jusqu'à 10. ça l'a bien aidé je crois!
Aujourd'hui la journée est beaucoup plus facile. je suis avec mon mari et on avait un million de commissions à faire pour notre maison, achetée il y a quelques mois et encore un peu en travaux. ça fait du bien de faire des choses manuelles, de ressentir la bonne fatigue, satisfaite du travail abattu. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que si j'avais un travail moins intellectuel j'aurais moins de temps pour ruminer, ressasser et anticiper.
Mais voilà, aujourd’hui, pause mentale. Je ressens un calme extrême du fait de ne pas être dans la lutte dans laquelle je vis habituellement (je cède-non- oui- non- oui…). Je fais trésor de ce ressenti pour les moments difficiles. Comme tu dis, quand l’envie prend ce sont tous les avantages qu’on tire de l’abstinence qui permettent de ne pas rechuter. Trop souvent j’ai omis de porter mon attention sur ces avantages, et j’ai fini par rechuter. Partager ce bienêtre m’aide donc à garder le cap, donc merci, sincèrement, pour ton écoute.

Pour Olivier : tu dis « ces pensées se transformaient quasi instantanément en tristesse car j’ai exclu dès le départ toute négociation ». Tu as tellement raison. Cette possibilité de négociation est un sujet sensible chez moi. Jusque-là, c’est cette négociation qui m’a amenée à rechuter. En ce qui me concerne, je dois travailler tous les jours sur mon addiction pour faire en sorte que la porte reste fermée. Comment fermer la porte ? Les peurs dont tu parles je les connais, mais elles s’estompent très vite quand je commence à aller mieux. D’où le besoin d’y travailler vraiment tous les jours jusqu’à nouvel ordre.
Je vais tester les respirations dont tu parles !

rewinder - 24/07/2023 à 09h08

Salut Liv, heureux de lire ces tres bonnes nouvelles. J'ai la banane jusqu'aux oreilles en te répondant ! Tu es en train de construire ton modus vivendi avec l'alcool, d'établir avec lui, pour poursuivre l'excellente idée d'Olivier, de nouvelles "bases de négociation" - même si la régle est "je ne négocie jamais" (à prononcer avec la belle voix grave de Tommy Lee Jones, ça marche encore mieux) .
Il y a juste une question que je te pose, à laquelle tu n'es pas obligée de répondre ici, mais à laquelle je me permettrais de te conseiller de réfléchir de ton côté : tes proches (mari, amis, fratrie, parents), sont-ils au courant de ta difficulté avec l'alcool ? Comme tu pourras le lire au fil de ce journal de liberté, j'ai moi-même longuement été dans l'hésitation à ce sujet. Il n'est pas simple de se montrer fragile ; mais en fait, assumer ses fragilités... te rend plus fort. Il n'y a pas de solution idéale (en parler ou ne pas en parler), ça dépend de chaque situation. Mais j'ai appris a chaque fois que j'ai franchi le pas et informer un proche une chose tres simple : les gens qui t'aiment vraiment t'aiment tout entier, avec tes forces comme avec tes faiblesses. Et ceux qui n'aiment que tes forces ne t'aiment pas : ils t'utilisent juste comme des atouts dans un fout jeu qui ne t'appartient pas. Voilà, c'était la philosophie à deux balles de Maitre Soda : aller travailler maintenant je vais. Bon vent à toi Liv, et à tous les autres amoureux de la liberté, Olivier, Roland et tous ceux que j'oublie.

Olivier 54150 - 24/07/2023 à 10h31

Bonjour à tous.
Il y a quelque chose que je dis souvent concernant cette histoire de négociation.
Ça vaut ce que ça vaut...
Si je suis allergique au arachides, je ne vais pas me faire des tartines de beurre de cacahuète...
Vu ce que l'alcool me fait si j'en consomme, ben, je peux dire que j'y suis allergique...
Bonne semaine.

rewinder - 24/07/2023 à 10h43

Bon, j'ai peut-être les Gamma GT à 35, mais j'ai toujours pas de cerveau. Liv, j'ai oublié de te répondre sur un truc que tu évoquait : les professions intellectuelles favorisent-elle l'alcoolisme ? Si je pense simplement à mes collèques journalistes, je réponds oui, simplement en terme de statistiques (Nan j'déconne...presque). Plus sérieusement, pares mon passage en cure, et avoir rencontrer plein d'autres prisonniers en cours de libération : tous les métiers sont touchés, je le crains. Je pense en fait que le vrai facteur aggravant est le stress. Tu es maçon, mais tu n'arrives pas à finir les chantiers à temps parce que les matériaux n'arrivent pas à temps, tu stresses, les anxyolitiques (qui ne sont pas une solution non plus) ne sont pas en vente libre, l'alcool oui. Voilà le vrai ennemi. Gérer le stress, savoir lui laisser des créneaux, et au contraire lui dire : "bon, là, stop, coucouche panier", c'est pour moi une des meilleures préventions de mes envies d'alccolisation.
Par contre tu as bien identifié un truc : FAIRE quelque chose, que ce soit la liste des commissions pour les travaux dans votre maison, ou bien juste ta petite liste des trucs à faire dans la journée, ça c'est powerfull. Chaque fois que tu coches une petite case, tu te donnes un bisou intérieur (ou un bonbon, ou tout c eque tu veux qui te fais du bien) . Evidemment, ZE piège, c'est d'établir la liste en étant rationnel sur la faisabilté de ladite liste durant la période choisi. . Voilà, cette fois çi j'ai fait le tour !

Sunshine - 24/07/2023 à 22h43

Bonsoir à tous,
Ce message pour vous dire que ce fil est génial. En vous lisant tous (je ne vais pas reprendre chaque idée, ce serait very long)
je me sens plus apaisée et je me reconnecte aux petites choses de tous les jours, aux pensées positives, à la véritable liberté de faire et d’être lorsque je suis en période d’abstinence.
Ça m’aide beaucoup.
Lire vos expériences, interrogations, constats, ressentis et solutions propres à chacun, exposées avec tant de recul et de sérénité fait beaucoup de bien.

Merci pour vos partages, merci à ce forum d’exister.
Je pense très sincèrement que ça me sauve la vie.

rewinder - 26/07/2023 à 10h57

Salut Sunshine, tu as raison, les grands combats se gagnent par une somme de micro-victoires, de tous petits instants où tu va choisir d'aller vers la lumière plutôt que l'obscurité.
Mais ce ne sont pas nos mots qui te sauvent la vie : c'est ta décision de lire nos mots. Je suis lourd avec ça, mais si l'alcool nous ôte toute fierté, c'est bien parce que la fierté est un puissant antidote. Chaque micro-victoire est la notre, même si il y a eu des gens autour pour nous aider, nous inspirer, nous faire rire ou réfléchir. Sois fière de toi, Sunshine : Clean and Proud !

Liv - 26/07/2023 à 11h01

Hello Hello ! ça fait plusieurs jours que j’attends que mon message soit publié mais il n’en est rien. Il n’est probablement jamais parti. Je recommence donc.

Alors alors, avant tout, le compteur de mes jours d’abstinence continue de tourner. Ce matin j’ai une sensation étrange. Comme une voix dans ma tête qui me dit : « Bon, là c’est bon, tu as arrêté, donc on peut recommencer ! ». Je ne sais pas l’expliquer, j’ai vraiment l’impression qu’il s’agit d’une question d’image de moi, de définition personnelle. Comme si mon cerveau avait du mal à comprendre que quand je dis « plus jamais », ce ne serait pas vraiment « jamais, jamais ». Genre « oui, bien sûr, tu as dit ça plein de fois mais toi comme moi on sait comment ça se termine ». Donc j’essaye de me visualiser dans le temps. J’essaye de m’imaginer dans quelques années encore abstinente. C’est un vrai changement de vie qui est en train de se passer en fait. Je ne suis pas sûr de l’avoir réalisé jusqu’ici, mais ça me fait penser que cette fois-ci c’est différent.

Pour te répondre, cher Rewinder, mon mari et mes amis proches sont au courant. Ma famille vit dans un autre pays et je les torturerais si, quand je leur dis par téléphone que ça va, je les laissais à se demander si ça va pour de vrai ou si je mens. Mais mon mari est mon roc. Il ne me lâche pas. Selon les périodes, il a essayé la colère ou l’empathie mais, peu importe ce qu’il me dit, c’est moi qui devais être prête. Cette fois-ci j’ai hésité à lui parler de mon arrêt. J’avais lu depuis peu ton récit et je t’ai vu te mettre une pression folle à partir du moment où tu avais décidé d’en parler à ta compagne/ta femme (pardon, j’ai oublié). J’ai eu peur de tomber dans le même piège, d’autant plus que j’ai enchainé les faux départs au cours des derniers mois. Mais mon mari est mon confident. Je partage tout avec lui et après quelques jour d’arrêt, j’ai eu besoin de partager ça avec lui, le bonheur que je vivais. J’ai bien aimé sa réaction. Il est resté mesuré et s’est limité à m’écouter. Mais je garde bien en tête que c’est pour moi et moi seule que j’arrête, pas pour lui. Je refuse de me mettre la pression par rapport à ses attentes projetées.

Concernant la profession, oui, tu as sans doute raison, le vrai problème est le stress et c’est d’ailleurs ce qui m’inquiète pour l’année à venir après la reprise. J’ai réussi à arrêter profitant de la période calme au travail mais je vais avoir une année de fou dingues. Je me suis toujours dit que si j’arrêtais je devais être capable de rester abstinente no matter what, indépendamment des périodes stressantes, puisqu’il y en aura toujours. Mais je dois admettre que tire vraiment trop sur la corde. Dès la reprises, c’est là que le mot « priorité » que je me suis choisie comme mantra de mon arrêt prendra tout son sens. Rester abstinente devra rester ma priorité absolue, ce qui fait que je vais devoir être prête à lever le pied si je commence à me mettre en danger. Je sens déjà la petite voix dans ma tête qui se marre « Haha, oui, oui, c’est cela…. ». J’ai vraiment tout à apprendre de ce point de vue-là, je suis preneuse de tout bon conseil !

rewinder - 26/07/2023 à 11h53

Salut Liv,
Je vois trop bien la petite voix qui dit "bon ben c'est bon, t'as vu, t'as réussi à arrêter, donc c'est que l'alccol n'est pas un problème, donc tu peux recommencer" : elle m'a chanté la javanaise a 14 reprises avant qu'en aout 2020, je ne décide d'en finir une fois pour toute avec l'alcool. Je ne sais plus si j'ai raconté cette histoire, je ne crois pas, car pendant presque 2 ans je n'ai pas écrit ici. En novembre 2021, j'ai fait une nouvelle tentative de sevrage, cette fois een allant consulter, en plus de mon généraliste et d'une psy, une infirmière de l'équipe ELSA (équipe de liaison en soin addictologie). Aprés 4 mois de sobriété, l'infirmière m'a dit que leur doctrine était qu'aprés un sevrage suffisamment conséquent, je pouvais envisageer de reprendre une consommation raisonné, c'est à dire 2 verres de biere ou de vin par jour, en se limitant à 10 verres par semaine.
J'ai tenu cette consigne 2 semaines. Après, je suis rapidement passé à 2 bouteilles de vin blanc par jour, puis j'y ai ajouté du rhum, etc.... C'était mon avant dernier sevrage. Le suivant, c'était la clinique.
Y'a pas de négociation possible, je rejoins totalement l'ami Olivier là-dessus. Et tu définis très bien les choses : c'est une autre vie qui commence. Elle est foutument belle, je te le garantis. Hier soir encore, on était en concert, un concert qui s'est super bien passé, parce que j'étais en plein controle des événements, conscient de chaque seconde, de chaque note, de chaque onde, de chaque partage avec les deux musiciennes avec lesquelle je fais ce groupe, de chaque retour du public. Je me suis donné à fond, laché à fond, làché bien plus que ce que l'alcool ne m'a jamais permis. Je suis rentré sans être dangereux sur la route, je me suis réveillé ce matin à 6h, comme d'hab, et frais comme un gardon, en me souvenant de chaque moment de cette soirée géniale. La vie libre, c'est de la balle. C'est une vie qui t'appartient toute entière. Une vie pleine.
Ensuite : c'est cool que tu ai pu en parler à ton homme. Tu as fait le bon choix, et je suis heureux que mes erreurs aient permis à d'autre de ne pas faire les mêmes ! Les proches sont essentiels, les avoir à nos côtés est précieux.
Enfin : le stress en période rouge. Bon, je vais faire court : je ne connais QUE des périodes rouges. Mais comme la bascule s'est faite, je gére le stress autrement. ToDoList, méthode pomodoro, méditation, et puis m'accorder chaque jour des moments de récompense : une heure ou deux de lecture, un bon film, une marche en musique avec Chili Gonzales, Christophe Chassol ou Glenn Gould, des pauses, des moments pour moi. Des respirations dans ma journée, qui me donnent bien plus d'apaisement qu'aucun verre.
Voilà m'dame, trop content de voir que tu tiens le choc. Hold tight !

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