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Journal de liberté

Par rewinder

371 réponses


rewinder - 04/08/2023 à 12h25

Liv, non, je ne crois pas que tu sois la seule a avoir vécu cette schizophrénie. Deux voix en toi, l'une qui dit "stop" tout bas, et l'autre qui dit "encore" en gueulant comme un putois.
Mais à force de gueuler, la voix s'enroue... Et la petite voix qui dit "stop" prend de l'assurance, d'autant que tu la nourris en lui rappelant régulièrement à quel point c'est sympatoche d'être sobre, de se réveiller frais, avec tout en mémoire, sans tristesse, sans avoir les tripes à l'envers, en pouvant conduire à n'importe quel moment de la journée (bon j'arrête la parce que la liste de ce qu'on gagne avec la sobriété pourrait prendre les 14 pages de ce fil de discussion)
Mais comme tu le dit justement, il y a un moment où la bascule se fait. Un moment ou à force d'appuyer sur Rewind, tu fini par jouer comme Bootsy Collins (bassiste de James Brown, mais surtout de Funkadelic et Parliament, les deux groupes d'un fabuleux cinglé nommé Georges Clinton. Bootsy est aussi l'Inventeur des plus spectaculaires lunettes de soleil que je connaisse : https://www.youtube.com/watch?v=2Sh9cezHNec )
Dernière chose : les mantras. Je kiffe également. J'en ai 2 : le premier est celui qui a guidé toute ma vie, dans mes professions, mes relations amoureuses, amicales ou autres : LIBERTE. L'alccol me privait de ma liberté, donc : TU SORS.
Le second est celui qui est inscrit dans ma petite appli de journal, que j'ouvre tout les jours. Je l'ai trouvé alors que j'étais en cure : ">>> ::\pf_color{orange}*Etre heureux aujourd’hui est beaucoup mieux qu’espérer l’être demain*. Disons que ç'est ma version perso du Carpe Diem : je vivais tellement en me projetant dans l'avenir que je n'arrivais à rien au présent. Je me suis aperçu lors de ma cure, que le bonheur, c'était maintenant. Qu'arrêter de boire, c'était maintenant. Pas "la semaine prochaine quand j'aurasi moins de boulot", pas "demain aprés midi : MAIN-TE-NANT. Le côté pratique de "maitnenant", c'est que c'est en permanence "maintenant"...

rewinder - 04/08/2023 à 12h32

MiniMelu : de la trompette... pfff, la chance... je joue de la gratte, de la basse, de la batterie, des claviers, du piano (debout) et de tous les bidules électroniques possible. Mais IMPOSSIBLE de sortir quoi que ce soit de potable d'un machin dans lequel il faut souffler. Même la flute à bec, c'est un carnage. Et pas de bol : mes deux musiciens favori sont John Coltrane et Miles Davis.... Sur Ibrahim Maalouf (un autre dieu de la musique), je te recommande l'interview qu'il a donné en juillet dernier sur france inter dans l'émission "Sous le soleil de Platon" : l'humilité de ce type est presque aussi hallucinante que sa musique exceptionnelle : https://www.radiofrance.fr/france...ton-du-jeudi-13-juillet-2023-2949906

MiniMelu - 04/08/2023 à 14h09

Merci Rewinder ! Je ne l'avais pas entendue, celle-ci. Ce mec est juste formidable, et d'une gentillesse de ouf ! Ma fille (trompettiste également) et moi, on s'était inscrites pour la Grande Improvisation de Musicora en 2015. Pour une raison que je préfère ne pas raconter, on n'y est pas allées. Ca reste un énorme regret, parce que trois ans plus tard, hélas, j'ai dû raccrocher… Mais bon, on l'a vu en master class, on l'a vu je ne sais combien de fois en concert et à chaque fois, c'est un grand moment happy
Moi, j'étais une trompettiste passable, mais c'était ma bouffée d'oxygène. D'ailleurs, en y repensant, je pense même que j'ai commencé mon histoire d'amour avec la bière et l'apéro au moment de mon accident.
Je me suis essayée à la guitare et au piano, mais non, y'a pas moyen...mes doigts ne savent pas trop m'obéir (sauf sur les pistons d'une trompette, d'un cornet, d'un bugle, d'un trombone à pistons ou d'un tuba).

Sunshine, pas vraiment de "ligne directrice" pour moi. L'histoire étant en quelque sorte une biographie romancée, j'écris au hasard de ce que je peux récolter comme anecdotes. Le problème étant que les témoins de cette période se font de plus en plus rares ou ont quelques problèmes de mémoire... (ils ont entre 70 et 100 ans !)
Mais j'écris tout le temps. J'ai dans mon sac une clé USB avec plein d'extraits de mon futur bouquin, un journal intime, des lettres à des gens qui m'ont fait du bien (ou du mal, d'ailleurs), des poèmes (bon, j'excelle pas vraiment dans cette pratique, mais des fois, ça me vient comme ça). quand j'ai pas le PC avec moi, j'ai aussi petit cahier noir, dans lequel j'écris mes ressentis, ou mes idées pour mon histoire. Ca fait un sacré mélange de trucs, mais des fois, ça fait sacrément du bien de se relire ! Pour moi, l'écriture est un exutoire. Tu poses des mots sur tes pensées, tu sors tes idées noires, tu notes tes petits bonheurs et tu revois ça plus tard. On verra si j'en fais un truc un jour. Peut-être pas, mais ça aura au moins eu le mérite d'exister happy

Floraison - 09/08/2023 à 11h17

Bonjour à tous.
De retour après bien des errances identiques aux votres, je viens puiser la force auprès de mes semblables combattants.

J'ai été tellement fière, j'avais une telle patate, et mes fistons me disaient bien cool et surtout bien moins lourde (sic) pendant mes 8 mois d'abstinence il y a...10 ans. Ils vivaient encore avec moi à l'époque.

Jamais ils ne m'ont jugée, parfois interrogée, et moi, toujours cette phrase à la con : "je gère", à laquelle j'ai rajouté "et ça va beaucoup mieux avec le petit antidépresseur."

La question posée ce jour-là : "ça ne te nuit pas trop dans ton boulot ?" Et moi belle menteuse :" ben non."...Tout en pensant "ben si, c'est la merde".
Je n'ai repris l'agenda qu'après son départ, histoire de compter les jours de boulot annulés pour gueule de bois carabinée.

Et là défilent tous les mensonges. Déflagration. Ras le bol.
Et là revient la motivation de ne pas rester en rester là.
3ème jour sobre, c'est parti pour un Xième sevrage et comme à chaque fois, j'y crois.

Merci à tous d'être là
Flo



rewinder - 09/08/2023 à 13h36

Salut Flo,

Oui, la rechute... Elle est toujours là, à attendre. Comme l'a dit Liv il y a quelques posts, "on doit être comme un chat qui dort", se dire en permanence qu'elle est là. Intranquillité perpétuelle. J'en suis perso à 259 jours de sobriété. Je me sens bien, je suis actuellement assis, chez une amie, avec a quelques mètres de moi une bouteille de Ricard, l'un de mes poisons favoris de l'été. Et ça me fait ni chaud ni froid. Mais je sais que ça peut changer, du jour au lendemain. Que la rechute est là, tapie dans mon obscurité intérieure.

Mais même à ça, je suis prêt. A recommencer à arrêter, encore une nouvelle fois, et autant de fois que nécessaire. A recommencer à lutter pied à pied, en mode Rambo dans la jungle. Il y aura toujours une chose plus forte que la substance : ma détermination a être libre.

Get ut stand up, don't give up the fight, Flo.

Olivier 54150 - 09/08/2023 à 18h17

Bonjour rewinder, bonjour à tous.
Alors...
Rechuter est interdit.
Non, perso je ne suis pas prêt.
Pas prêt de revivre mes journées éthylique, pas prêt pour un autre sevrage et toute cette douleur, pour moi cette lutte sera perdu d'avance, ce serait comme un suicide.
Beaucoup de rechutes sont bien pire que l'alcoolisation initiale, je crois que je serais de ceux là.
Non, rechuter est interdit.
Être prêt à re arrêter, c'est être prêt à rechuter, non, j'ai plus l'âge, plus la force, c'était trop dur.

Avoir peur de la rechute, oui, c'est normal et c'est en grande partie ce qui nous empêche de replonger.
L'anticiper pour la contraindre, oui. Se demander dans quelle circonstance l'envie sera trop forte...avec quel émotions...
Mais dire je suis prêt à re arrêter, même si c'est vrai, non, c'est comme planifier une rechute.
Jme doute que ce n'est pas ton intention rewinder, que tu ne reviendra pas sur ton choix de ne plus boire... mais re arrêter ?! Si c'était si simple d'arrêter il n'y aurait pas d'alcoolisme et les drames qui vont avec.
Rechuter est interdit.

rewinder - 10/08/2023 à 13h58

Olivier,

Je n'ai jamais dit qu'arrêter était simple, tu devrais lire avec un peu plus d'attention. J'ai écrit à de multiples reprises que chaque arrêt est plus dur que le précédent. Mais l'arrêt total est un processus, pas un interrupteur qu'on actionne. Il m'a fallu pour ma part sept tentatives avant la bonne. Et le message que j'essaye de faire passer est que la rechute n'est pas un condamnation à mort, qu'elle n'est qu'un faux pas. Tu es sobre depuis très longtemps, c'est super. Mais essaye de te replacer à la place de ceux et celle qui en sont encore à essayer. Tu a reussi à t'arrêter d'un coup, et je t'admire. Mais moi comme d'autre peuvent en repasser par des rechutes. Et balancer un message du genre "C'EST INTERDIT", c'est juste fermer une porte. La rechute est une réalité, un obstacle qu'il faut gérer, et pas en se mettant les mains sur les yeux pour refuser son existence. Ma toute derniere rechute, elle était le 22 novembre. La veille de mon entrée en cure. J'ai été à la supérette du coin acheter une flasque de rhum et deux bieres à 12°, alors que j'étais sevré depuis le 7 novembre. J'ai rechuté, et le lendemain j'entrais en clinique, pour en être aujourd'hui à mon 260 jour de sobriété.
Ce n'est pas de chuter qui est grave, ou interdit : c'est de renoncer à se relever.

Olivier 54150 - 10/08/2023 à 16h05

Bonjour.
Oui, les rechutes sont une réalité, j'en lis des témoignages chaque jour.
Quand je dis rechuter est interdit, j'entends qu'il faudrait SE l'interdire, rien de plus.

Des rechutes, j'en ais fait, des centaines, chaque jour où je me disais demain je ne bois pas, en vain... jusqu'à mon sevrage à l'hôpital.
Je ne suis pas très courageux c'est pour celà que revivre un sevrage à toujours été ma hantise.
Surtout, quand le médecin m'a dit "plus un seul verre si non c'est la rechute" je n'ai pas mis en doute son affirmation.
J'ai toujours préféré déprimé, être malheureux, triste...que de revivre dans cette prison éthylique.
J'ai certainement eu aussi de la chance, pas de perte de mémoire concernant ma vulnérabilité à l'alcool, une surprotection côté émotions, pas de rechute.

J'ai aussi longtemps utilisé le thc comme substitut, peut-être une erreur car j'en ais été très dépendant et ça n'a pas été facile d'arrêter aussi.

Excuse moi de t'avoir irrité, j'ai juste été touché quand tu as écrit que tu allais
re arrêter si besoin.
Peut-être la peur d'une envie trop forte qui te ferait craquer, un oubli, un ras-le-bol, une émotion inédite...et beaucoup disent avoir rechuté sans savoir pourquoi, bien sûr ça peut arriver et se "savoir" être prêt à se reprendre d'emblée, c'est parfait.

J'ai été plus longtemps abstinent qu'alcoolique alors ma vision du truc peut sembler une peu déconnecté, j'en conviens.
Ce que je peux dire, pour moi, c'est que l'envie de consommer ne disparaît jamais totalement, qu'il reste toujours des traces même infimes et des idées très furtives genre "c'étaient si facile de se déconnecter"
En même temps, ma conviction d'avoir fait le bon choix n'a jamais tari bien au contraire.
Belle fin de journée à tous.

rewinder - 10/08/2023 à 17h53

T'inquiètes pas Olivier, je sens la bienveillance dans tes propos, et je comprends ce que tu dis. Le message auquel tu a réagi s'adressait à Flo, qui évoquait ses rechutes. Je voulais lui dire que tomber n'était pas forcément grave tant qu'on se relevait, et que le droit à l'erreur était essentiel, sinon ça rajoute une source de stress à une situation déjà stressante. Mas pour ma part, l'envie de rechuter n'est toujours pas là, je touche du bois (c'est à dire ma caboche). Depuis ce 23 novembre, je n'ai eu qu'une fois envie de boire, et j'ai réussi en quelques secondes à écarter l'idée. Je ne me considére pas pour autant tirer d'affaire, je ne serai d'ailleurs tiré d'affaire que quand on me mettra dans un crématorium pour un ultime bronzage blunk

Concernant le THC, j'ai un copain qui a effectivement remplacé la gnole par le THC, et ça s'est super mal terminé pour lui. Tu as raison, c'est une dépendance aussi, et ceux qui parlent de "drogues douces" sont juste de gros rigolos. Personnellement, en sortant de cure, j'ai cultivé deux addictions, l'une au binge watching, puis l'autre aux jeux sur tablettes. Quand je me suis rendu compte que j'avais juste trouvé un autre moyen de faire autre chose que d'être occupé à vivre, j'ai effacé tous les jeux de ma tablette, et annulé mon abonnement à "netfix"... Le problème, ce n'est pas seulement la substance, mais le mécanisme même de l'addiction. Mon combat, aujourd'hui, il est contre cette "peur du vide" qui m'a amené à boire pour occuper mes journées, puis à regarder des séries pour occuper mes journées , puis à jouer pour occuper mes journées... Maintenant, j'occupe mes journées à faire ma job du mieux que je le peut, a faire de la musique, a écrire, à aider les autres dans leurs projets et dans leur démarches. Et surtout, le temps vide qu'il me reste, je le contemple, j'en profites, je le savoure... Je n'ai plus peur du vide.

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