Je suis un homme de 37 ans et j'ai un problème d'alcool que je tente de traiter depuis environ 5 ans. Je ne bois pas d'alcool fort, seulement du vin rouge et de la bière quand je suis avec des gens à l'extérieur. Ma consommation d'alcool est à 99%, seul chez moi le soir. Chose que je préfère, j'ai l'impression de mieux "profiter" des "bienfaits" de l'alcool qu'en étant avec des gens dehors.
J'ai fait plusieurs arrêts de consommation, le plus long et le dernier étant une période de 4 mois environ, avec à chaque fois des rechutes qui me font tomber dans une consommation plus fréquente et plus importante que celle d'avant l'arrêt. J'ai vu plusieurs médecins et psys en 5 ans mais je n'y arrive pas. Je recommence ou continue à boire quand même. L'envie est trop forte, le besoin de me sentir léger et sans problème trop puissant.
Ma consommation d'alcool a évolué depuis le début, doucement mais surement.
Quand j'ai commencé à boire seul, c'était une fois par semaine de temps en temps, 1 ou 2 verres standards, voir plus certains soirs (4/5 donc environ trois-quart d'une bouteille de vin rouge). C'était il y a environ 10 ans.
Puis, j'ai atteint le stade où je terminais la bouteille de vin entière. Les premières fois, il m'est arrivé de vomir, ou alors d'avoir des black-out le lendemain. Ça c'était il y a environ 5 ans.
C'est à ce moment là que j'ai pris conscience que j'avais un problème avec l'alcool mais je pensais pouvoir maitriser alors je n'ai pas vraiment cherché à arrêter.
Ensuite, premier vrai déclic, il y a environ 2 ans. Un soir où j'avais tellement bu (1 bouteille de vin et demi environ), que je m'étais endormi sur le canapé avec le verre dans la main. Puis, réveillé à 3h du mat encore complètement bourré, j'ai trébuché avec le verre sur moi, qui s'est cassé sous mon bras. Je me suis ouvert assez profondément (j'en porte encore une cicatrice). Le pire étant que je m'étais endormi après avoir chuté et vomi à côté. A vrai dire je ne me souvenais même pas avoir trébuché en me réveillant. C'est en voyant la flaque de sang par terre que le flash est revenu.
Ce jour là, j'ai vraiment pris conscience que j'avais frôlé un accident grave et que j'avais atteint un stade très inquiétant. A ce jour, je n'ai parlé à personne de cet accident sauf à un ami à qui je parlais à distance.
J'ai ensuite arrêté l'alcool 4 mois et demi environ. Je ne m'étais pas senti aussi bien depuis des années. Énergie, concentration, humeur, corps, motivation.. Tout allait mieux pour moi. Je revivais littéralement, mais les problèmes sous-jacents à ma consommation d'alcool, je ne les ai jamais traité. Je souffre d'anxiété depuis mon enfance et c'est ce qui me pousse à boire, du moins en partie.
Après ces 4 mois et demi de liberté, j'ai repris un peu confiance et surtout je pensais de plus en plus à boire un verre. Jusqu'à présent j'arrivais à tenir car je me fixais des petites périodes d'abstinences que je renouvelais. Mais au bout d'un moment, ça n'a plus fonctionné et je me suis dit un soir : "Allez, juste un verre" et j'ai donc rechuté.
Depuis, je bois quasiment tous les soirs, de plus en plus. 1 bouteille de vin en moyenne environ 3 ou 4 fois par semaine. J'en ai parlé à nouveau à mon médecin traitant qui a voulu me mettre sous anti-dépresseurs et anxiolytiques mais j'ai refusé car je suis contre ces médicaments et j'en ai peur.
Récemment, tout s'est encore empiré, j'ai perdu un proche et je me suis réfugié encore plus dans l'alcool (je bois quasiment tous les soirs).
Pour ne rien arranger, j'ai fait un craquage complet à mon travail où j'ai vidé mon sac à mon chef en disant que je n'arrivais plus à travailler. Ils ont mis ça sur la perte de mon proche mais moi je sais que c'est surtout à cause de l'alcool. Je suis actuellement en arrêt maladie car j'ai parlé de tout ça à mon médecin traitant.
Je suis conscient de cocher toutes les cases du parcours parfait vers la descente aux enfers d'un alcoolique. Je suis sur la bonne voie pour perdre mon travail si je ne me reprends pas durant mon arrêt maladie.
Mon travail était le seul pilier qui me maintenant dans un semblant de normalité. Si je perds ça et que je n'arrive pas à arrêter l'alcool, la suite sera probablement le chômage, les ennuis financiers, les ennuis graves de santé... la fin.
Pourtant, même en sachant tout cela, je n'ai pas de déclic, j'ai l'impression qu'il n'y a plus rien en moi. Tout est mort. Je ne ressens plus rien. La perte de mon proche m'a vraiment remué sur le moment mais depuis, bien que j'y pense tous les jours, j'ai l'impression de n'avoir aucune émotion.
J'ai encore battu un record de consommation il y a 2 jours avec 2 bouteilles de vin rouge en 1 soirée. Peut-être que le plus inquiétant dans ce record, c'est que le lendemain je me sentais bien, même pas de gueule de bois. Rien. J'ai passé une journée tout à fait normal. Juste un peu fatigué comme si j'avais mal dormi.
Bref, j'ai parcouru un peu les fils de discussions de ce forum, j'ai vu que certains tenais une sorte de journal ici. Je vais moi aussi essayé de tenir un journal. Peut-être que ça pourra intéresser certains d'entre vous. Peut-être que certains voudront réagir et m'apporter peut-être du soutien et des points de vu qui pourront m'aider.
J'ai rendez-vous demain chez un nouveau psychologue, que mon médecin généraliste m'a très fortement recommandé, voir obligé à aller voir suite à la mise en arrêt de travail. Je n'y crois pas mais je sais que je vais devoir lui parler de tout ça demain. Je suis aussi ici pour ça, pour préparer mon "discours" demain.
Je reviendrais ensuite ici pour donner quelques nouvelles.
Enfin, malgré ma mort intérieur, j'essaye quand même d'arrêter depuis mon dernier record de consommation il y a 2 jours. Donc voila, 2 jours sans consommation aujourd'hui. J'espère pouvoir augmenter ce compteurs dans mes prochains messages.
Merci à ceux qui me liront et qui ne me jugeront pas.