Aider quelqu’un dans le déni complet

Bonjour,

Nous sommes sensibles à ce que vous traversez. Vous avez bien fait de vous rapprocher de notre équipe afin de ne pas rester seule avec tout cela.

Il semble que votre compagne ait remplacé le cannabis par l'alcool. Effectivement, dans le cadre d'une addiction, arrêter un produit ne suffit pas à se rétablir pleinement, puisque le produit vient combler un besoin. Sans le produit, la personne se retrouve déstabilisée, et elle tentera alors de répondre à son besoin par autre chose, même inconsciemment.

Il pourrait être intéressant de comprendre ce qu'elle recherchait dans le cannabis, et ce qu'elle recherche aujourd'hui dans l'alcool. Le cannabis et l'alcool sont deux produits "dépresseurs" c'est-à-dire qu'il donne des effets de détente, d'anesthésie. Cela peut être le signe d'un mal-être qu'elle tente d'assourdir, ou d'un stress qu'elle essaie de diminuer, par exemple.

Nous vous encourageons à essayer d'ouvrir le dialogue avec votre compagne à propos des bénéfices qu'elle retire de ses consommations. Par ailleurs, il est important que vous puissiez également évoquer vos inquiétudes et ce que vous ressentez dans les moments où elle s'alcoolise fortement (sur la route, en soirée...): peur de la perdre, difficulté à la comprendre et à partager le moment avec elle... En évoquant ces deux aspects (ses besoins et les vôtres), cela vous permettra à toutes les deux de mieux comprendre ce que traverse l'autre.

En revanche, si elle reste dans le déni de ses consommations et de leur impact, et qu'elle évite toute discussion, il n'y a malheureusement pas grand chose à faire d'autre qu'attendre qu'elle soit prête à faire face à la situation. Et cela peut prendre du temps. Il pourrait être aidant que d'autres personnes proches lui fassent part de leurs observations et de leurs inquiétudes. Malheureusement, vous ne pouvez pas compter sur sa meilleure amie, qui semble rencontrer des difficultés similaires, mais peut-être a-t-elle d'autres proches qui pourraient tenter d'en discuter avec elle.

Nous sommes conscientes qu'il s'agit d'une positition complexe pour vous. Vous souhaitez aider votre compagne, encore faut-il qu'elle souhaite l'être. Et en attendant, la situation reste éprouvante à vivre.

Il est tout à fait normal que vous souhaitiez vous préserver vous et vos deux filles. Malgré tout l'amour que vous avez pour votre compagne, vous avez le droit de prioriser le bien-être de vos filles et le vôtre. Accompagner un proche en souffrance et addicte est exigeant, au niveau non seulement du temps mais également de l'énergie investie. L'important est de réfléchir à ce que vous êtes prête à accepter (notamment vis-à-vis de la temporalité: jusqu'à quand vous sentez-vous d'attendre qu'elle se fasse aider, par exemple), et quel type de soutien vous êtes capable d'apporter. En définissant vos limites, cela vous permettra d'appréhender cette situation sans vous oublier vous.

Vous n'êtes pas obligée de prendre la décision de vous séparer ou non tout de suite. Vous pouvez prendre le temps d'y réfléchir, et d'en discuter avec des personnes extérieures. Il existe des lieux de soins en addictologie, qui proposent également du soutien pour l'entourage. C'est gratuit, et vous pouvez en bénéficier même si votre compagne n'est pas elle-même suivie. Cela vous permettrait de faire le point sur là où vous en êtes, et ce dont vous avez besoin. Nous ajoutons les coordonnées d'un de ces espaces en bas de page, ainsi que les articles de notre site internet consacrés à la posture de l'entourage.

Vous n'êtes pas seule.

Nous vous envoyons tous nos encouragements pour la suite.

N'hésitez surtout pas à revenir vers notre équipe en cas de besoin. Notre ligne d'écoute est ouverte tous les jours sans exception: par téléphone entre 8h et 2h (au 0 980 980 930, appel anonyme et non surtaxé), ou par tchat à partir de 14h (via notre site internet).

Bien cordialement.