Bonjour,
Je vais essayer de ne pas faire trop long, mais ça va être compliqué, il y a beaucoup à dire, j’ai besoin d’extérioriser.
Comme beaucoup ici, mon mari est alcoolique, fils et petit-fils d’alcoolique également.
Il ne buvait pratiquement jamais jusqu’à ses 30 ans où nous avons emménagé dans le sud, là les afterworks ont commencé de temps en temps mais c’était hyper raisonnable, jusqu’au Covid. Nous n’étions pas encore ensemble à ce moment, mais il m’a tout raconté. Il avait un boulot en tension et travaillait énormément à cette période, mais à distance, et il a commencé à beaucoup boire pour évacuer la pression, +/- une bouteille d’alcool fort par jour. Il a un peu diminué après, il est passé sur des alcools plus modérés (bières, vin rouge principalement), mais a continué de boire quotidiennement. Le problème c’est que c’est (c’était ?) un alcoolique fonctionnel, il ne laissait rien paraître, ça ne lui cause ni problèmes financiers, ni problèmes professionnels. Il ne devient pas violent avec l’alcool, etc.
Vient 2021 où l’on se rencontre, je ne me suis rendue compte de rien pendant la première année, parce que chaque occasion de se voir était célébrée, et que ce n’était pas choquant de se prendre un apéro et quelques verres ensemble. Puis on a commencé à vivre ensemble, sauf qu’on reçoit souvent des copains, donc les apéros s’expliquent encore. Et on a déménagé, un peu plus en campagne, du monde moins souvent à la maison, là j’ai commencé à voir le problème, parce que je m’occupais des grosses courses et n’achetait pas d’alcool, et que tous les jours il passait à la supérette à côté de la maison, tous les jours c’était 1 à 3 bouteilles de vin rouge qui finissaient vides, avec un pack de bières, voire une bouteille de rhum. J’ai commencé à voir qu’on avait beaucoup plus tendance à facilement se prendre la tête, alors qu’on ne se disputait pratiquement jamais, il ne devient pas mauvais, mais à moins de patience, moins de tact, parfois peut être plus blessant dans ses mots.
On a commencé à aborder sérieusement le sujet d’avoir un enfant, on en parlait depuis le début de notre histoire, on se sentait prêt tous les deux. Mais avant ça il fallait qu’on parle de sa consommation, parce que les deux n’étaient pas compatibles. Après des heures de discussion il a finit par poser les mots : « Je suis alcoolique », il a accepté d’arrêter, mais seul. Il ne buvait plus rien depuis 2 mois, je suis tombée enceinte. 4 mois plus tard il perd son frère, et rebelote, il replonge les deux pieds dedans. Je ne lui en veux pas, mais j’ai peur pour la suite, je ne veux pas que ma fille grandisse près d’un père alcoolique, j’ai côtoyé trop d’enfants que ça a détruit, à commencer par lui-même.
Nous voilà presque un an plus tard, notre fille approche les 6 mois, elle est merveilleuse, c’est ma lumière dans ce tunnel. Son père lui, est en train de s’éteindre. Depuis 2 mois je vois que tout s’empire, il a recommencé à boire de plus belle, mais on a énormément de sujets du quotidiens à gérer et qui nous plombent le moral, il boit pour se détendre, il boit pour penser à autre chose, il boit pour s’assommer et réussir à dormir, il boit pour pleins de raisons, mais il boit, trop. Depuis quelques temps il s’est mit au Ricard à la place du vin rouge, c’est presque une bouteille d’1 L/j. Avec tous les sujets qui lui prennent la tête il a l’alcool triste, il m’a parlé d’idées suic*daires, parce qu’il voit bien que je n’arrive plus à supporter sa consommation et pense me faciliter la vie ainsi. Je maintiens tout à bout de bras : la maison, le bébé, mon travail, notre couple. Il avait pris deux mois de congés pour s’occuper du bébé comme j’avais repris le travail, et avancer sur les travaux de la maison, je me retrouve à gérer le bébé et mon travail (télétravail). Depuis le début de ses congés, il n’a dû réellement s’activer qu’une dizaine de jours dispersés sur les deux mois, le reste du temps, il boit, il dort.
Je suis à bout, je ne sais pas quoi faire. Je l’aime de tout mon cœur, je lui ai promis de l’accompagner autant qu’il en avait besoin et de ne pas le lâcher. Après une énorme discussion sur le sujet, il a accepté avoir besoin d’une aide extérieure et a appelé une clinique d’addictologie, il est en attente d’une date pour un premier rdv. Le problème c’est qu’à mes yeux, son problème avec l’alcool est en partie génétique, en partie lié à son enfance avec un père alcoolique et violent, mais il m’a prévenu d’office, il refusera de parler de ces sujets là avec des professionnels. J’ai donc peur que ces rdv soient vains, parce que pour moi les sujets sont liés.
Je suis patiente avec lui, c’est l’amour de ma vie je le sais, sobre il est la plus belle personne de ce monde à mes yeux, mais je vois aussi arriver une échéance à notre histoire, pour le bien de ma fille, parce que je ne vois pas d’issue positive à cette addiction s’il ne veut pas se donner à 100% dans les soins, et je refuse complètement de la laisser grandir dans ce milieu où elle verra son père qui tangue à la fin de la journée, n’arrive plus à articuler correctement, pleure d’un coup à chaudes larmes ou rit tellement fort que ça parait exagéré. Il n’est pas mauvais, c’est même quelqu’un de formidable, c’est un bon mari et un bon père, mais l’alcool le change de plus en plus chaque jour.
Je vous remercie d’avance d’avoir lu jusqu’ici. Je suis à l’écoute de vos conseils ou d’histoires similaires qui pourraient peut être me redonner un peu d’espoir ou de force.