Prise de conscience

Bonjour Lau-lo, 

Aujourd'hui j'ai un profil similaire au tien car jusque là je buvais peu mais ça n'a pas toujours été le cas: depuis le début de ma consommation d'alcool j'ai longtemps baigné dans de grosses quantités d'alcool, j'ai cheminé jusqu'à atteindre un pic durant une période de plusieurs années, un demi litre de whisky par jour quotidiennement. Physiquement ça s'est finalement  avéré intenable (vertiges, attaques de panique, confusion, tachycardie etc) et j'ai du travailler à diminuer, ce que j'ai fait au fil des ans, à un moment je me suis même aidé avec des anxiolytiques, assez longtemps. J'ai fini par arrêter les anxiolytiques, et j'ai continué de baisser ma consommation jusqu'à atteindre la même limite que toi: "2 ou 3 verres le soir".

Je pensais pouvoir tenir indéfiniment comme ça parce que bon, quand même, c'est raisonnable comme consommation. Sauf que derrière il y a des années d'imprégnation quotidienne, finalement le corps n'a jamais rien connu d'autre pendant 20 ans...

J'ai réussi à faire plusieurs période d'abstinence aussi, j'ai tenu 3 semaines une fois, j'ai pris plusieurs fois la décision d'arrêter en pensant que cette fois, c'était la bonne...

Je n'ai pas vraiment de conseil à te donner mais voilà ce que je fais: déjà suspendre la consommation, aller au bout de la période de sevrage, 10/15 jours, après voir mais a minima écarter la possibilité de reprendre l'alcool quotidiennement. 

Je dirais qu'il ne faut peut-être pas avoir de préjugés contre les médocs, si ça peut aider. Personnellement je ne voudrais pas avoir à m'appuyer là-dessus toute une vie (je l'ai fait, ça m'a aidé mais je n'ai pas eu envie de continuer parce que ça reste une sorte de drogue et ça maintient un certain état d'esprit dépendance/récompense, donc une fragilité) mais nous sommes tous différents et si une personne est satisfaite de son arrêt de l'alcool grâce à une aide médicamenteuse, pourquoi pas? Certains n'ont pas d'autres choix, j'en suis conscient. Ca me paraît important de pouvoir traverser une longue période sans alcool pour pouvoir voir la différence et faire le point; donc les médicaments pendant un temps, pourquoi pas.

Mes dernières soirées alcoolisées étaient light mais nulles, aucun intérêt, j'avais simplement conscience de fuir un moment qui n'avait en fait rien d'effrayant et qui pouvait être vécu pour ce qu'il est: un moment de simplicité au cours duquel faire des choses simples, sans alcool, avant d'aller se coucher. Et le lendemain se lever en se sentant mieux.

J'ai lu sur le forum un intervenant, Albertin, décrire ses soirées avec une heureuse précision: rester assis une heure ou deux dans un fauteuil et "regarder" le manque. C'est un moment que tu consacres au fait d'être conscient de toi, rien de plus. Oui le manque, l'envie sont là et ce n'est pas un problème, mais il n'y a pas de nécessité à leur céder: simplement ce sont des sortes des miroirs dans lesquels tu te regardes en silence. C'est comme une douleur que tu aurais qq part, au lieu de t'agiter dans tous les sens en pensant à quel point cette douleur est pénible, tu restes calme et tu ne refuses pas la douleur, tu la ressens sans la juger ni en penser quoi que ce soit.

J'ai conservé une habitude de buveur, et c'est ma pause nuit avant d'aller me coucher: un verre d'une boisson non-alcoolisée que tu aimes particulièrement et que tu prends le temps de déguster lentement. Dans mon cas je vapote en plus, c'est un moment à la fois consacré à sentir la saveur de ce que tu ingères, à respirer profondément, et à ne penser à rien. Et après, au lit.