Bonjour à tous,
Voilà juste 15 jours d'abstinence, avec un dérapage (mais j'en parlerai) plus léger en consommation que celui d'avant. J'ai connu différentes addictions comme la cocaïne et même la mdma pourtant connue pour ne pas être très addictive.
J'ai pu pour des raisons de grande curiosité mais aussi de "dossiers" à travailler me cultiver sur les drogues et en tester de nombreuses, sans jamais tomber vraiment dans une consommation tragique, mais parfois tout de même délicate. Pourquoi ? Pour de nombreuses raisons, j'ai toujours eu peur des addictions spectaculaires soit celles de l'individu qui sombre dans le déni et devient un peu l'image désastreuse du toxico (terme péjoratif j'en conviens), puis d'un tempérament aussi solaire, sportif aussi, la drogue (alcool étant une drogue donc toutes) n'aura jamais été une béquille, mais une fée accompagnatrice, autant fourbe que maligne, que joyeuse, de festivité et de convivialité, un peu d'expériences aussi (lsd, champignon), jamais comme une solution de tristesse. Sauf que...
J'ai réussi à virer radicalement la cocaïne, puis la mdma et j'ai cru que l'alcool serait une simple formalité, tout en sachant qu'elle était un fléau pour de nombreuses personnes.
Vous le savez tous, l'alcool est partout. Sur une année, si nous pointons sur un calendrier toutes les fois où elle s'offre à nous, il y aurait de nombreux échéances. ici, et là, ce souvent voire toujours dans une atmosphère de plaisir, de partage, même entre soi et soi. Quant à la refuser, ce dans de nombreux contextes, c'est presque offusquer son entourage et un injonction à devoir s'expliquer.
S'expliquer parce qu'il y a le bon alcool bu et les mauvais. L'idée même que votre verre de Bourgogne sublimé en objet culturel magistrale puisse contenir la même molécule qu'une vodka dégeulasse est inimaginable, surtout pour un Français.
D'ailleurs quand vous dîtes à un amateur de vin que l'alcool est un drogie comme la coke, le GBL, la mdma... naaaaaan c'est pas pareil. ben si. Dans ce cas supprimons l'alcool des grands vins, des cognacs.
Qu'ils serait bon c'est Château Margaux sans alcool non ? Derrière cette culture du vin il y a un désir d'ivresse donc d'effets psychotropes.
J'ai donc cru que cet alcool serait vite balayé aussi vite. Un peu de motivation, un départ et une décisio et zou...
Je buvais de façon normale. Normale veut dire en compagnie, ou pas (seul chez soi à tapoter sur les réseaux sociaux, écrire etc), ce depuis l'âge de 17 ans finalement. Parfois trop, défonce, mais c'est pas grave n'est-ce pas ? C'est une murge... une défonce à la coke elle sera très inquiétante aux yeux de ceux qui n'ont pas compris la globalité des drogues.
Le passage à un alcoolisme plus inquiétant se manifesta il y a trois ans, juste avant le covid. Associant un boulot ennuyant au possible, une séparation en garde partagée (donc des semaines sans enfants), changement de vie etc... la bouteille voire plus de vin du soir, sans compter les déjeuner entre collègues chargés en apero-vin-digo.
Je trouvais toujours quelqu'un pour cette joie de l'ivresse.
Et vint les fois où je n'ai eu besoin de personne. Donc première alerte. Mais là aussi : de l'alcool... attendez, j'ai stoppé la coke du jour au lendemain, la mdma, alors l'alcool cette petite drogue ridicule. Du provusoir, le temps de s'en remettre.
Puis le télétravail qui se met en place. On se lève plus tard le matin (si pas d'enfants), et même une sieste le midi : donc picoler le soir devient possible.
Le covid et ces apero virtuels collectifs arrivèrent. S'est installé à ce moment-là l'alcool au quotidien... et chaque matin la culpabilité, puis la conscience du danger, de la fréquence. Pas encore de l'augmentation des doses car très stables. Le pire je pense : des lendemains finalement faciles, le corps gère, récupère vite (enfin on n'a plus vraiment une vision claire d'une vie sans alcool aussi).
Mais ce qui aura changé : impossible de ne pas voire pendant trois jours...
Arrive un confort agréable où l'ivresse du soir est attachante. La culpabilité du lendemain tenace et douloureuse, puis vite effacée quand le soleil tourne vers l'ouest, et on reprend le rythme.
Je pratiquais pas mal de sport, ce qui me rassurait sur ma santé. Forme de balance, tout en étant conscient de je gâchais aussi ce rapport bénéfice/coût...le corps ne marquait pas. Pas de signe d'alcoolisme.
Sauf qu'au bout de trois ans et malgré ce sport : le bide et son gras, les poignets d'amour. je gagnais autant en muscle, endurance qu'en gras.
Les coûts. Avec tout ce que j'ai bu, simplement en prenant la moitié, j'aurai pu partir trois fois aux ski, me payer telle ou telle chose puis simplement éviter ces découverts, voire ce crédit. je ne parle même pas de ces soirées vides de sens, à troller sur le web.
Passons. J'en ai discuté avec un généraliste (le mien a quitté la région), assez jeune. D'une nullité empathique rarement vue. Pas grave, un signal pour me dire : prends-toi en main. J'ai appelé un CSAPA et j'ai eu des soignants ultra compétant. Manque de bol, mon dossier se perd... je rappelle 4 mois plus tard et on recommence, ils auront été adorables, j'ai enfin eu mon premier rendez-vous.
Entre la conscience d'être addicte et le premier rendez-vous avec un médecin addictologue : presque 3 ans de boisson disons 5 fois par semaines. 2 bouteilles de vin ou 1/2 de vodka ou Ricard. Ces derniers alcools forts devenant une alerte très rouge car le vin n'agissait plus assez vite. je voulais l'ivresse en 3 gorgées.
Avec la coke j'ai surtout compris que l'addiction était psychologique, donc il fallait supprimer en soi l'envie psychique. Mais arrêter la coke fut disons simple. Supprimer le contact avec les dealers. Les dealer furent des amis mais aussi le darkweb (marché à ciel ouvert). 18 mois de stop radical. j'en ai repris mais trois fois par an, puis plus rien depuis. Et je n'y pense plus.
Pour ma part avec l'alcool c'est le même principe. Psy. le corps ne semble par réclamer. Ce qui était (et est encore) obsédant) reste ces ruminations où l'on discute avec soi-même. Vais-je boire ou non... ? un "non" solide, tellement solide toute la journée puis vient les 18h,19h... et là sans même une seule friction, on achète ce qu'il faut. Même pas de tension, rien... ça glisse. Seule angoisse ? avoir suffisamment d'alcool pour toute la soirée.
C'est donc ça que je devais combattre : ne plus y penser. C'est exactement ce qui est arrivé avec la coke : On se regarde un jour et on se dit : voilà plus d'un mois où je n'ai même pas pensé à CA ! Libre.
Depuis ce sevrage alcoolique, ça commence à venir. C'est tellement reposant, mais attention encore bien fragile.
J'ai dérapé un soir. Je l'ai fait aussi avec la coke autrefois (après les 18 mois), sans rechuter pour autant. Donc le dérapage est douloureux, mais vu comme un simple dérapage qui ne remet pas le compteur à zéro, il vient s'installer dans le sevrage avec moins de bruit.
Je pense que c'est une erreur cette obsession du compteur à zéro. Sauf si évidemment je reprends comme avant.
Le plus délicat est à venir : refuser les verres de tous ces moments qui vont débouler, avec telles personnes, telles fêtes, tels moments. Dire non avec sagesse et assumer sans non plus devoir s'expliquer. J'ai envie de dire que tant pis.
Refuser un verre c'est envoyer à l'autre une image négative de l'alcool alors que notre culture la montre comme un objet d'intégration, de saveurs et même de positionnement social. Si vous ne buvez pas c'est que vous avez échoué à ne pas savoir modérer, alors qu'en soi, refuser de boire est bien plus difficile que d'accepter.
Comment vais-je participer à ces soirées où je serai très certainement le seul à ne pas boire ?
L'ivresse étant valorisée. Vue même comme une impression artistique où la défonce surgît comme un gros doigt d'honneur à certains conservatismes puritains. Pourquoi pas, mais mon ivresse actuelle n'avait plus rien de valorisant.
Boire c'est aussi de lâcher. La notion de toxicité n'est pas pertinente. Il faut aussi accepter d'être saoul.
Quant au sujet majeur : l'inhibition qui n'a pas vécu grâce à l'alcool des moments frivoles, de joie, de sexualité, d'audaces débridées ?
Et bien il faut travailler sans. Et aussi oser se regarder en face parce que l'alcool n'est plus une option, ni un cache misère de son affirmation de soi. Bref, trouver dans cette abstinence une force positive, une joie et en faire un moteur exitentiel... alors qu'avant on en faisait un pouvoir festif.
L'idéal serait de se limiter à de la dégustation, que ça. Pour le moment je vise l'abstinence, on verra pour le reste.
Arrive les fringales sur lesquelles je vais devoir agir aussi.
J'ai repris la guitare, la lecture et j'espère bientôt l'écriture puis d'autres nouveautés peut-être.
Désolé si faute sil y a mais il m'aura fallu presque 25 ans pour guérir seul une dysorthographie assez sévère.
Bon courage à toutes et à tous.