Bonjour à tous,
Cela fait quelques années que je viens sur ce site, que je lis quelques témoignages, qui me font prendre conscience que j'ai un problème. Mais je n'osais pas franchir le pas du "témoignage".
Aujourd'hui je le fais. Pourquoi? Je ne sais pas. Je pense que c'est lié à plusieurs facteurs:
- marre de ne plus rien contrôler;
- marre de me mettre en danger en buvant toute la journée;
- marre de prendre du poids à cause de l'alcool;
- marre des tensions dans mon couple à cause du produit;
- marre d'avoir une mauvaise image de moi-même;
Ca fait beaucoup de points négatifs. Et pourtant... J'ai du mal à me remettre dans le droit chemin.
La raison est là, je l'entends beaucoup. Mais mon petit démon intérieur ne veut rien entendre. Il me pousse à consommer. Car sans ça, il me manque quelque chose pour 'égayer" ma journée.
Mon histoire? Honnêtement, je ne sais pas vraiment comment ni pourquoi j'en suis arrivée là, mais peut être allez vous y voir plus clair que moi.
J'ai commencé les addictions quand j'avais 16 ans, avec la cigarette. Fumeuse régulière, environs une dizaine par jour. A cette époque , j'ai commencé à beaucoup sortir les weekends avec une bande d'amis de 18 ans, qui conduisaient des voitures, donc on allaient chez les uns, chez les autres. On consommaient des cigarettes, des joints, et de l'alcool, et on jouaient au tarot.
C'était cool!
A cette époque là, j'ai eu aussi mon premier vrai chagrin d'amour. Un ami d'enfance, qui comptait beaucoup pour moi. On s'étaient rapprochés lors d'une soirée, alors qu'il était en couple. Il était également amoureux de moi, et du coup il a rompu avec elle. J'étais trop contente, tout se passait bien.
Et puis, quelques jours après, son ex a fait une tentative de suicide. Il s'en est beaucoup voulu, et m'a quitté pour retourner avec elle. Mais comme on fréquentait la même bande de copains, on a continué à se voir. Mais lui, ne me parlait plus.
J'ai très mal vécu la situation. J'ai commencé à me prendre des cuites le weekend, je pleurais beaucoup. Lui, il voyait que j'étais mal, parfois il m'ignorais, et parfois il me disait qu'il m'aimait encore, mais qu'il n'avait pas le choix.
Le fait qu'il continue d'entretenir ce "lien" entre nous ne m'a pas aidé à tourner la page à l'époque.
Mes parents, eux, ne voyaient rien du tout. En tout cas, il ne me disaient rien.
Je me rappelle d'un weekend où ils étaient partis avec mon frère et ma sœur,,en compétition de sport, et où je me suis retrouvée seule chez moi. J'ai écouté de la musique à fond, fumé des cigarettes et bu plusieurs verres de pastis. J'étais bourrée, et je pleurais.
Ensuite, quelques temps après, à l'aube de mes 18 ans, j'ai rencontré garçon qui m'a beaucoup plus. On a commencé une histoire. On a pris un appartement et nous sommes restés ensemble pendant 6 ans. Tout se passait bien, pas d'addiction particulières à ce moment là, hormis la cigarette.
Puis j'ai décidé de rompre. Je considérai notre relation comme plutôt amicale et elle ne me comblait plus.
Par ailleurs, je tombais amoureuse d'un ami que j'avais rencontré en BTS. Je l'ai donc quitté pour me mettre avec lui.
Nous nous sommes mis ensemble en 2009, nous avons très vite emménagé dans le même appartement, mais contrairement à ma relation d'avant, on s’engueulaient (avec mon ex, jamais une dispute).
Malgré les engueulades, on a acheté une maison, je suis tombée enceinte, et malgré quelques tensions car il a un caractère difficile, tout allait bien.
Nous avions une consommation de bons vivant. Régulière, mais pas exagérée.
Début 2015 j'ai arrêté de fumer. Ca a été difficile, mais j'y suis arrivée.
C'est à ce moment là que j'ai bu seule pour la première fois. Un vendredi après midi j'étais seule à la maison avec ma fille de 2 ans, et j'ai bu une bouteille de crémant.
C'était à l'époque, encore un acte isolé.
En mai 2015,je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant. J'ai eu une grossesse irréprochable.
Notre consommation d'alcool à la maison était régulière, mais encore une fois, non exagérée.
Fin 2016, j'ai repris la cigarette.
A cela, se sont ajoutés les reproches au quotidien sur mon addiction, des moments de violence car je me sentais poussée à bout avec toute cette haine qui sortait de la bouche de mon conjoint.
Pleins de fois j'ai voulu partir de la maison. Mais bon... Le lendemain, l'orage passait. Pour un temps, car ça revenait régulièrement.
Début 2018, j'ai arrêté de nouveau de fumer. J'ai pris à ce moment là une dizaine de kilos. Je me suis vite reprise en main: sport intensif, régime, et en 4 mois, j'étais revenu à mon poids d'avant grossesse.
Mon conjoint semblait indifférent face à tous ces efforts que j'avais fait. Il ne me regardait plus, et au lit, c'était pas foufou...
J'ai à ce moment là, entrepris une relation adultère. J'ai rencontré quelqu'un, avec qui ça a été très fort dès le départ. Nous avons eu une relation de 2 mois très passionnelle, on se voyaient une fois par semaine, mais on discutaient tous les jours ensemble.
Mon conjoint nous a grillé, j'ai arrêté cette relation car je ne souhaitais pas le perdre. On avait construit tellement de choses ensembles, et j'étais toujours amoureuse de lui. Et il y avait les enfants : 7 ans et 4 ans.
On s'est redonné une chance.
Il a eu du mal à me pardonner (et en a encore aujourd'hui).
Je crois qu'à ce moment là, j'ai commencé à boire un peu plus (mais je n'avais pas de problème pour moi à l'époque).
Puis 2020, le covid. J'ai télétravaillé lorsque l'on a été confiné, et là, j'ai commencé à boire seule à la maison, de temps en temps. Plus par plaisir que par besoin. Pour m'occuper diront nous.
Fin 2020 je change de travail. Mars 2021, on rompt ma période d'essai (de manière abusée, mais aucun moyen de le prouver). A la même période, ma soeur, de qui j'étais très proche, m'annonce qu'elle se marie mais que nous ne pourrons pas venir au mariage car à cause du covid, le nombre de "place" était limité.
J'ai eu beaucoup de mal à encaisser ces deux nouvelles. J'ai commencé à me prendre des cuites tous les soirs pour oublier la douleur. Mon conjoint m'a retrouvé plusieurs fois endormie sur le canapé avec un verre de vin dans les mains et des chips à côté de moi.
A ce moment là aussi, je me suis à boire différemment. Je buvais toujours avec mon conjoint (apéro et vin à table), mais je buvais en plus de temps en temps, seule.
J'ai vite retrouvé du travail, mais j'ai continué mes conneries. J'ai repris la cigarette été 2021.
En 2022, j'ai arrêté de nouveau de fumer, mais j'ai augmenté mes consommations d'alcool.
Et depuis ce temps là, je jongle entre augmentation d'alcool, arrêt de la cigarette, reprise de la cigarette, prise de poids, tensions dans mon couple... Mon conjoint a même parlé des mes problèmes d'alcool à notre famille proche (car il se sentait dépassé par la situation, je ne lui en veux pas, je comprends pourquoi il l'a fait).
Malgré tout, j'ai eu l'impression qu'on m'atteignait au plus profond de moi. Ça a renforcé mon mal être et fait baissé considérablement mon estime de moi.
Ça fait beaucoup, je ne sais plus comment faire pour m'en sortir. Aujourd'hui, mon plus grand mal être, c'est la prise de poids. J'ai pris 30 kgs en 2 ans.
Je ne me reconnais plus, je me trouve horrible. Mon conjoint ne mâche pas ses mots et me fais beaucoup de remarques. Quand je me vois, je me dis que tout le monde doit voir que j'ai un problème.
Je bois au minimum 1l de rosé par jour. J’emmène ma consommation au travail. A la maison, je planque des verres pour boire le soir en cachette et prendre un peu d'avance sur mon conjoint.
Car il m'en faut beaucoup aujourd'hui pour être dans un état d’apaisement.
Je pense qu'aujourd'hui, toutes consommations réunies, j'en suis à bien 1.5l d'alcool/jour.
Je souffre. Mais je tiens le cap malgré tout. J'assure mon travail, les enfants, la maison. Si je n'ai pas ce soutien (la bouteille), je ne sais pas si je serai capable de tenir le coup aujourd'hui sans ça...
Aujourd'hui, je suis sur la select. Mon conjoint ne me ratera pas au moindre faux pas (grignotage, alcool en cachette). Je lui dis que j'ai arrêté mais ce n'est pas vrai. Je continue, seulement je me cache mieux.
C'est horrible; Je me dégoute.
Je sais qu'il faudrait que j'arrête, mais je n'en ai pas la force. On habite une région viticole, je travaille dans un domaine viticole, le vin, c'est tellement un moment convivial chez nous.
Je voudrais juste trouver la force de me maitriser pour ne plus boire seule, en cachette, et perdre enfin tous ces kilos en plus.
Je sais que vous n'allez pas faire de miracles pour moi. Il n'y a que moi qui ait ce pouvoir la.
Mais juste le fait d'exposer ma situation, de parler de tout ça (chose que je n'ai jusque là jamais faite)... C'est déjà beaucoup pour moi.
Désolée pour le pavé. Merci de m'avoir lu.
Bel après midi