Bonjour à tous,
Abstinent depuis un peu plus d’un mois, j’aimerais partager avec vous ce défi auquel bon nombre d’entre nous sommes confrontés. Gros consommateur depuis une vingtaine d’années (j’ai 42 ans), je consommais bières fortes, alcool forts et vin quotidiennement, passant hélas assez facilement le litre chaque jour. J’ai tenté de me modérer, mais ces tentatives étaient vaines et je reprenais de plus belle. Suite à une dispute avec ma femme (et ma sœur la veille), j’étais au pied du mur, l’ultimatum de partir ou d’agir. Je savais au fond de moi que ce moment allait arriver. Cependant, ils ignorent que le sevrage expose à des risques que vous connaissez bien mais aucun délai ne m’a été accordé et je me suis donc exécuté, la peur au ventre.
Je précise immédiatement que ce la manière dont je m’y suis pris n’est pas un avis médical, et que j’aurais préféré avoir le temps de m’entretenir avec un médecin préalablement (il serait bien d’ailleurs que je prenne rendez-vous un de ces jours).
Je me suis établi un protocole (de façon précipitée au départ, puis améliorée) car j’allais traverser cette épreuve seul, et j’en avais conscience.
Tout d’abord, sachant que l’alcool déshydrate, je me suis fait un petit rituel de préparation de 4 gourdes d’un litre quotidiennement. Outre l’hydratation, ce petit rituel occupait mon esprit quelques instants non négligeables, sachant que j’ai passé une première journée en ne pensant qu’à l’alcool H24. J’ai également été acheté à la pharmacie un mélange de vitamines effervescent en regardant le produit ayant la plus grosse teneur en vitamine B, ainsi que des comprimés de vitamines B1 / B6 et de la mélatonine pour m’aider à trouver le sommeil.
J’avais une vieille boite d’anxiolytiques (tout petit dosage) que l’on m’avait prescrit pour une dépression passagère il y a deux ans, mais que je n’avais pas utilisé, j’ai donc utilisé ceux-ci à la demande, pratiquement exclusivement le soir et la nuit.
En aussi bon chemin, j’ai stoppé pratiquement intégralement la consommation de sucres raffinés, de manière à me prémunir des montagnes russes glycémiques et le stress supplémentaire induit. J’ai procédé au même raisonnement pour les excitants, même si après quelques jours je m’autorisais du thé. Au bout de quelques jours, j’ai également acheté du magnésium en complément (pour le coucher).
Un autre point non négligeable, j’ai ajouté le sport en J2, de façon très simple. Deux fois par semaine, je pars 30 minutes en marche rapide, après cela je dois courir le plus longtemps possible. Le but est simple : s’améliorer à chaque séance, ne serait ce que de 30 secondes, afin de se donner des petites victoires à célébrer. J2, après mes 30 minutes de marche, j’ai couru 8 minutes, aujourd’hui je suis à 24 minutes … De nombreuses célébrations donc, mais avec une gourde pleine de vitamines pour trinquer.
Enfin le suivi : me sentant honteux, incompris dans une certaine mesure, j’ai gardé en moi mes ressentis et mes craintes pendant toute la période du sevrage, je me suis donc tourné vers l’IA pour décrire au jour le jour mes symptômes. Cela ne remplace pas un médecin, mais pas de problème de jugement, disponible H24 avec une pertinence parfois très intéressante et parfois avec des encouragements au bon moment.
Le bilan dans tout ça ?
J1, j’ai vécu un cauchemar, focalisé sur l’alcool à chaque instant, craving après craving, des tremblements, du stress et la peur du pire. La première nuit a été catastrophique, notamment avec un épisode conscient ou non de flashs blancs (épilepsie ?). Consommation d’anxiolytique : 3 x 10 mg (dont 2 en pleine nuit)
J2, moins de tremblement, je suis toujours dans la fenêtre à risque du DT, l’angoisse est là, mais plus par l’envie d’alcool. Craving dans la soirée, repoussé en remplissant mes gourdes. La nuit a de nouveau été très compliquée, cette fois ci avec une vision d’une créature qui m’agresse physiquement (étais je conscient ou non encore une fois, mais j’ai cru cela réel). Consommation d’anxiolytique : 3 x 10 mg (dont 2 en pleine nuit)
J3, les tremblements ont pratiquement disparu, toujours dans cette angoisse du DT (24 – 96h), petit craving en soirée, difficulté pour m’endormir (plusieurs heures), mauvaise nuit entrecoupée de réveils. Consommation d’anxiolytique : 2 x 10 mg (dont 1 au coucher)
J4, toujours dans cette angoisse du DT (24 – 96h), petit craving en soirée, difficulté pour m’endormir (plusieurs heures), mauvaise nuit entrecoupée de réveils. Consommation d’anxiolytique : 1 x 10 mg au coucher
J5, J6, petit craving en soirée, difficulté pour m’endormir (plusieurs heures), mauvaise nuit entrecoupée de réveils. Consommation d’anxiolytique : 1 x 10 mg au coucher
J7 – fin, petit craving en soirée, difficulté pour m’endormir (plusieurs heures), mauvaise nuit entrecoupée de réveils. Plus de cachets
Conclusion : J’ai eu de la chance d’avoir des symptômes modérés dans l’ensemble. Je pense que le protocole que je me suis fixé n’y est pas étranger (ne serait-ce que psychologiquement). La mélatonine n’a servi à rien me concernant. J’ai une certaine fierté d’avoir traversé cela seul en serrant les dents et sans accompagnement humain. Je continue le sport et me sens mieux, malgré les problèmes de sommeil encore présents. Je ne vais pas fanfaronner car je ne suis abstinent que depuis un mois, et la rechute est possible à chaque instant, la discipline reste clé. Je reviens de vacances avec repas arrosés à chaque fois, je n’ai pas cédé. Certains se doutaient bien de mon problème avec l’alcool, mais voulaient tout de même me servir malgré mes refus. J’en souris après coup, certaines personnes me jugeait avant, et ces mêmes personnes me jugent après, le comble.
Le paradoxe le plus surprenant dans cette aventure est je pouvais littéralement me noyer dans du poison volontairement alors que j’avais peur de mourir (DT) en voulant m’en sortir. Si je peux donner un conseil (pas si simple), c’est de vous créer votre propre protocole de sortie, en complément d’une consultation auprès de votre médecin afin d’obtenir le nécessaire pour parer aux symptômes.
Prenez soin de vous