Bonjour,
Je voudrais témoigner sur un sujet qui a beaucoup de poids dans notre guérison : la place de l’alcool dans la vie sociale.
Pour situer le contexte : Après multiples arrêts et rechute, je tiens enfin le bon bout et je ne ressens plus le besoin ni l’envie de boire de l’alcool (des envies furtives et ponctuelles, très vite chassées)
Je suis une femme de 31 ans, insérée socialement et professionnellement, une vie de famille.
Dans mes différents arrêts de consommations, mis à part la phase de sevrage et l’énergie dépensée a chasser les mauvaises habitudes, le point que j’ai toujours redouté est le fait de ne pas boire d’alcool lors des événements ou « tout le monde » prend un verre. C’est le fait de céder a UN verre qui m’a fait rechuter systématiquement, parce que bien sûr moi je ne peux pas gérer. Un verre une fois c’est la porte ouverte à la descente aux enfers, systématiquement, comme beaucoup d’entre nous, même si ça ne se fait pas du jour au lendemain.
Je me suis alors posée la question pendant des mois et des mois : comment faire ? Comment vivre sereinement dans une société où les incitations à boire sont très/trop présentes ? Une société où on te regarde de travers si tu trinques avec un soft? Admettre la vérité oui, c’est une solution ok ???? mais la vérité c’est qu’il y a des contextes dans lesquels ça peut être hyper gênant. J’ai moi même fait beaucoup de chemin et j’en parle autour de moi, mais ça reste des personnes de mon entourage, je choisis les personnes à qui je décide d’en parler. Je ne porte pas l’abstinence comme un étendard. J’étais gênée les lendemains de soirée quand j’avais trop déliré que j’étais allée trop loin, oui c’est clair. Mais dans le même esprit, je suis gênée aussi de dire à n’importe qui que je suis malade de l’alcool pour une raison très simple : jJe n’aime pas étaler ma vie privée. En plus, tout le monde ne comprend pas forcément, et les réactions ne sont pas toujours très intelligentes.
Je viens lâcher ce témoignage aujourd’hui car j’ai fait une expérience en société justement tout récemment, à laquelle je m’étais psychologiquement préparée ; j’ai participé à un salon européen dans le cadre de mon travail. Dans ce genre de meet l’alcool coule à flots. Du midi au soir et du soir au matin, avec grosses soirées puis tenir les stands le lendemain. L’alcool deshinibe donc les histoires de cul qui vont avec, bref. Je savais à quoi je m’exposais mais cet événement était important professionnellement je ne pouvais pas refuser.
Il s’avère que ça a été super intéressant en termes pro, Seulement j’ai vraiment du me battre pour refuser les verres. Ça coule à flots, c’est gratis pas un sou de ta poche fin le paradis quoi ! Donc enfaite t’as aucune excuses : si t’as pas une boisson à l’éthanol tu trinques pas vraiment comme les autres, t’es pas drôle. En soit ça ne m’a pas affectée comme je l’ai dit j’y étais préparée mais l’insistance m’a un peu choquée. C’est toute la France qui est alcoolique? Et nous serions que quelques milliers à en avoir pris conscience? Je me pose des questions.
J’ai eu peur de me sentir en gros décalage mais enfaite j’ai bien rigolé. Bon c’est sûr je faisais pas la fermeture des boites de nuit, au bout d’un moment stop mais j’ai redécouvert ce qu’était une grosse soirée sans boire, et surtout j’ai re découvert que j’avais beaucoup d’humour naturellement, que je peux rire et tenir une conversation sympa sans « l’aide » de l’alcool. C’était génial et ça m’a redonné beaucoup de confiance en moi.
Tout ça pour dire que pour la suite, j’aimerais vraiment contribuer à faire changer les mentalités, parce que put**n là dessus il y a un boulot énorme. Et le changement des mentalités permettrait de moins redouter de se « réintégrer » en tant qu’abstinent, qu’être abstinent soit quelque chose de beaucoup plus naturel dans n’importe quel événement.
J’avais besoin de partager ça avec vous. Les échanges et réactions sont les bienvenues !
Prenez soin de vous.