Bonjour à tous,
Je m’appelle Romane, j’ai 19 ans, et aujourd’hui je n’en peux plus d’être enfermée dans ce cercle invisible qui me ronge. Je ne bois pas tous les jours, je ne tremble pas, je ne suis pas la caricature de l’alcoolique, mais je suis piégée dans une relation amoureuse avec l’alcool.
J’ai grandi avec un père alcoolique. Dès l’adolescence, l’alcool est devenu ma première voix. J’étais timide, silencieuse, effacée… et dès que j’ai bu, j’ai ressenti une libération : je me sentais enfin moi. J’étais vivante. J’existais.
Puis j’ai vécu une relation amoureuse douloureuse, et je me suis mise à boire pour supporter. Et très vite, ce fut les excès en soirée, toujours plus. Je finissais tous les soirs ivre, puis je buvais même le lendemain pour ne pas me sentir vide dans les cours. Sobre, je me haïssais.
Je savais que j’avais besoin de l’alcool pour être cette personne que j’aime, sociable, drôle, à l’aise. Sobre, j’étais invisible.
Aujourd’hui, chaque fois que je suis face à un homme, face à une possible connexion, ou à une rencontre, je bois. Ce n’est plus un choix. C’est un réflexe. Un filtre. Un bouclier. Je sais que je vais boire. Parce que je ne sais pas être moi sans ça.
Et du coup, je vis mes relations comme sous influence.
Je n’ai jamais été moi, réellement.
J’ai essayé de m’en sortir. J’ai vu des psys, j’ai accepté un traitement. Et pour un moment, ça allait… jusqu’à ce que je doive choisir : boire ou survivre. Je ne pouvais pas concilier les deux. Et quelque part, j’ai fui le traitement, parce que sans alcool, je ne pouvais pas exister. Alors j’ai arrêté.
Et aujourd’hui, je suis là.
Fatiguée, honteuse, et terriblement seule. Je me sens comme un fantôme dans mes propres rencontres. Je suis perdue. J’ai envie de vivre, j’ai besoin de vivre, mais je ne sais pas comment le faire sans boire.
Je ne trouve aucun témoignage qui parle de cette forme de dépendance : ni quotidienne ni physique, mais émotionnelle et contextuelle. Je sais que ça existe, parce que je le vis, mais je ne vois personne en parler. Et ça me fait me sentir honteuse, différente, coupable.
Alors j’écris ici. Et j’espère juste qu’un jour quelqu’un me lira et me dira :
“Moi, je sais ce que c’est.”
“Moi, je vis ça aussi.”
“Tu n’es pas seule, même si ça fait mal.”
Merci de m’avoir lue.
Romane, 19 ans.