Bonjour,

Vous êtes pris en otage par cette situation. Il y a deux problèmes et vous ne pourrez pas tout résoudre. Se soigner de l'alcool suppose non seulement la prise de conscience de la personne concernée mais aussi une mise en action. Cela prend du temps et votre frère ne semble pas être prêt. En tout cas la décision passe par lui et les conditions actuelles ne semblent pas réunies.

Mais c'est une situation toxique pour votre père, pour vous, pour votre frère. A qui appartient la maison où votre père et votre frère habitent ? Il me semble que la première chose à faire c'est de les "séparer" et donc de mettre votre frère à la porte si ce n'est pas chez lui. S'il y a de la violence de votre frère sur votre père âgé il faudrait mettre la priorité sur la protection de votre père à court terme. Ce n'est en tout cas pas dans une situation de violence que quelque chose de positif peut sortir. Il faut que les esprits se calment.

Votre frère a toute sa tête, il peut raisonner et je ne pense pas que vous pourrez forcer un internement. Les hospitalisations à la demande d'un tiers concernent les troubles psychiatriques graves, pour des personnes en manque de discernement et dangereuses pour elles-mêmes ou autrui. Cela ne recouvre pas les situations de violence domestique courantes. Les gendarmes sont au courant de la situation et n'ont pas agi (ils ont la capacité de demander l'internement d'une personne dangereuse) c'est donc probablement que ce n'est pas du ressort de la psychiatrie. Le fait d'être "alcoolique" et d'avoir des comportements violents n'est souvent pas suffisant pour justifier une hospitalisation forcée. Enfin, les hospitalisations forcées sont des hospitalisations en milieu psychiatrique. Cela ne soigne pas les addictions. En outre pour se soigner de l'alcool la base c'est que votre frère adhère à la démarche, sinon cela ne fonctionne pas.

En d'autres termes, en envisageant l'hospitalisation forcée ce que vous essayez de faire c'est de régler d'un coup tous les problèmes en imaginant que votre frère se soignera. Mais cela ne se passe pas comme cela. Cela ne fonctionne pas. Ce qui vous motive pour faire cela c'est qu'il est urgent de protéger votre père, lui permettre de souffler. Et vous avez raison : c'est l'objectif à poursuivre mais cela ne passe pas par cette procédure. Discutez-en avec votre père et faites en une priorité. Encore une fois, le problème d'alcool de votre frère le concerne lui, dépend de lui et vous n'avez qu'une faible prise là-dessus. Par contre vous n'êtes pas obligés de le "subir".

Mettre des limites, essayer de prendre soin des personnes qui subissent la situation (votre père et vous qui en êtes malade) est la base pour commencer à aller mieux. Dans cette histoire ne vous oubliez pas, ni vos proches qui souffrent par ricochet. Refusez d'être pris en otage si votre père ne veut rien faire pour éloigner votre frère par exemple. Pour l'instant la situation se nourrit d'elle-même dans le mauvais sens. Pour briser cela il faut prendre un peu de distance et en mettre entre les protagonistes pour que les choses puissent avancer.

Alors courage, ce n'est pas facile et n'hésitez pas à appeler notre ligne d'écoute pour en parler à l'un de nos écoutants ou à vous tourner vers votre propre entourage pour chercher un soutien. Il y a beaucoup de choses qui pèsent sur vos épaules mais ce n'est pas forcément à vous de tout porter seul, prenez-en conscience.

Cordialement,

le modérateur.