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Anxiété et alcoolisme : mon cocktail détonnant

Par Profil supprimé

25 réponses


Profil supprimé - 28/05/2019 à 16h00

Jour 7 du sevrage : Y a-t-il un pilote dans l’avion? Oui!!!

Voilà une semaine que je n’ai pas consommé une goutte l’alcool. Les symptômes du sevrage s’estompent peu à peu. Ne reste que quelques maux de tête ici et là, auquel je remédie avec un simple cachet d’ibuprofène. Je bois également beaucoup d’eau, car j’ai lu que la déshydratation est la cause la plus fréquente de céphalées. Parallèlement, ça me change les idées et permet de m’inscrire dans le moment présent. Et puis boire pour ne pas boire a quelque chose d’agréablement ironique.

Je sens que j’entame une nouvelle phase. Bien que le besoin d’alcool ne soit plus présent, l’envie demeure. Je crois que j’ai néanmoins réussi à identifier la plupart de mes « moments critiques », principalement forgés par le réflexe ou l’habitude. Heureusement, la fréquence et la durée de ce qui ressemble à une poussée d’adrénaline tendent déjà à s’amenuiser. Est un fait que mes envies, quelles que soient leur intensité, finissent tôt ou tard par passer. Inspirer à pleins poumons, prendre une douche rapide, lire les derniers messages publiés sur le forum, j’emploie tous les trucs à ma portée, selon les circonstances. Et comme ça, tout d’un coup, le sentiment d’urgence s’éteint.

Il y a des fois où j’ai l’impression d’être un pilote de ligne. Les alarmes résonnent dans tout le cockpit, le tableau de bord s’illumine comme un sapin de Noël. Je m’efforce malgré tout de garder la tête froide. Concentrée, déterminée, je gère chacune des pannes, une à une. Puis, comme si rien ne s’était passé, c’est le retour du calme plat à bord.

Aujourd’hui, je n’envisage plus la sobriété comme une destination, mais comme un trajet parsemé de défis et de jalons. Cette perspective m’enlève beaucoup de pression! Je me m’inquiète plus d’atteindre le sommet de la montagne, je vise prochain camp de base.

Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Cela m’a fait du bien de me dire.

Orangine
Sherbrooke
Jour 7

_________


@Modérateur : Merci d’avoir pris le temps de rédiger ce gentil message, il me va droit au cœur. Depuis une semaine, j’ai parcouru nombre de vos réponses, essaimés au travers des différents fils de discussion. J’ai absorbé quantité de vos conseils, sans modération. blunk C’est sur ce forum qu’est apparu mon déclic. C’est sur ce forum que je viens chaque jour trouver la force de persévérer. Véritable bouffée d’air, cet espace d’échanges est ce qui a pour moi rendu tout le reste possible. Votre travail est inestimable.

Moderateur - 28/05/2019 à 16h13

Bonjour Orangine,

Votre commentaire me va droit au cœur également. J'ai rougi.

Au nom de notre service merci également de nous renvoyer que ces forums ont permis votre déclic.

Merci beaucoup et bravo pour votre jour 7 !

Le modérateur.

Profil supprimé - 29/05/2019 à 05h39

Hey Orangine, quel beau témoignage. Tu es vraiment inspirante et j’adore ta façon d’écrire, de te dire. Surtout bravo pour ce 7ième jour et pour ta persévérance.

Je me joins entièrement à toi pour ce beau remerciement que tu as écrit pour les modérateurs.

Ce matin, j’ai envie de vous raconter une brève histoire d’un ami que je connais depuis longtemps et qui m’inspire beaucoup aujourd’hui dans ma lutte. Un gars que j’ai toujours trouvé courageux et confiant. Un gars qui relève toujours plein de défis. Tout à fait l’opposé de moi, l’alcoolique faible et impuissant à se prendre en main, pleurant ses journées sombres, souvent en panique et ne désirant que rester chez lui. Cet ami est un peu pour moi un modèle qui me motive chaque matin maintenant.

Ce gars m’impressionne! Il a tout fait. Il a eu des chevaux, enseigné l’équitation, gagné des rodéos. Il a eu des voiliers. Il me racontait qu’il a déjà navigué des jours et nuits dans le brouillard et la tempête en se fiant uniquement sur ses calculs et quelques instruments de navigation.

Je lui parlais de mes « paniques » parfois. Il connait ça qu’il m’a dit. Il a passé sa licence de pilote, pour le fun. Un jour, il s’est posé sur une piste glacée par grand vent de travers. Son second vol en solo. Le vent l’a poussé vers les talus. La panique totale. Il dit que tout s’est passé en une fraction de seconde. Il a juste décidé de remettre les gaz et tenter de décoller avant le crash sans être certain d’avoir la vitesse requise. Woauhh. Ça s’est de la « belle » panique comparée aux miennes. Je l’envie de cette expérience.

Il a voyagé aussi. Parti apprendre l’anglais à Vancouver et l’espagnol à la Havane. Il a traversé le Canada en voiture. Premier répondant médical bénévole pendant plusieurs années. Il a fait de l’escalade si je me souviens bien, et plein d’autres défis qu’il m’a raconté et dont je me rappelle pas.

Un jour il était tanné de son boulot (en informatique). Il a juste quitté son job payant comme ça, pour retourner à l’université deux ans. Formation en Coopération Internationale, prix du doyen en plus, rien de moins! Il a ensuite travaillé des années pour une organisation internationale, comme responsable des services humanitaires. Ouf, moi qui avait de la misère à planifier me faire un café le matin!

Ces dernières années, il a décidé de se mettre à la randonnée en forêt et montagne. Après un an, il organisait des expéditions dans les White Mountains au New-Hampshire (US). Selon lui, ces montagnes sont parmi les plus difficiles aux États-Unis. Il formait des groupes d’inconnus, comme ça, et leur faisait vivre des défis intenses. Été comme hiver, dans les tempêtes, vents violents et zéro visibilité.

Voilà un peu à quoi je voudrais ressembler. Quand je pense à lui, à ce que la vie sans alcool peut offrir de merveilleux et de fierté, ça me donne de la motivation.

Vous avez peut-être compris que cet ami dont je parle c’est… moi. C’est mon histoire. Le Eric d’avant que l’alcool prenne le contrôle de sa vie. C’est moi avant de perdre tous mes amis et partenaires d’aventure. Ce n’est pas pour rien que je parle de ce « moi » à la troisième personne, je ne me reconnais plus dans ce passé.

Je raconte ça parce que ça fait du bien de mettre par écrit tout ce que j’ai perdu dans cette folie et que j’espère retrouver un jour. Ce forum est un peu aussi mon journal.

C’est aussi c’est un travail que m’a donné à faire la psychologue que j’ai rencontré…

La question est de savoir qu’est-ce qui m’a amené à passer d’une vie remplie de belles aventures, de volonté, de confiance et de motivation à cette « loque » ivre que j’étais souvent le matin et même toute la journée pendant ces dernières années. Il est important de trouver la réponse sans quoi je risque de retomber dans le fond (de la bouteille). Ce n’est pas facile pourtant d’identifier un ou des événements particuliers. Je ne trouve encore rien dans ma vie qui pourrait justifier (ou expliquer) facilement comment j’en suis arrivé là.

De tous les défis que j’ai fait dans ma vie, le plus difficile est celui de renoncer à l’alcool. Celui ou j’ai le plus besoin d’aide. Merci à tous d’être là, de faire partie de mon parcours vers… le prochain camp de base blunk

Eric
Jour 39

Moderateur - 29/05/2019 à 12h27

Bonjour Eric,

D'abord merci pour votre appréciation.

Je suis tout à fait admiratif de l'homme que vous décrivez avoir été. Mais cet homme aventureux, actif et sachant se cultiver était-il heureux ? A quel moment a eu lieu le basculement vers l'alcool ? Que venait-il "combler" ?

Si je puis me permettre cette suggestion ce qui a pu manquer c'est aussi de faire des choix et de donner du sens aux choses que vous faisiez. On pourrait lire aussi votre description de l'homme que vous avez été comme celle de quelqu'un qui passait d'une chose à l'autre sans jamais s'arrêter et qui prenait des risques pour éprouver ses limites ou jouer avec la mort. Cela peut aussi donner l'impression de quelqu'un qui (se) fuyait et se cherchait dans une image "idéalisée". Mais seul vous pouvez savoir ce qu'il en est réellement. Ce n'est qu'une suggestion et des hypothèses.

En tout cas aujourd'hui vous avez fait un choix fort, comme vous dites le plus difficile de votre vie, celui de ne plus boire. Retrouver une relation libre avec votre fils, changer le regard qu'il pose sur vous, est l'un des éléments qui lui donne du sens. Ce choix et le sens qui l'accompagne est une libération qui vous rend non seulement heureux, mais aussi qui vous définit et vous permet d'emprunter de nouvelles voies.

Si retrouver l'homme que vous avez été est votre souhait, je vous le souhaite à mon tour avec la plus grande énergie. Mais cela sera aussi différent parce que vous aurez engrangé cette expérience. Quoique vous fassiez maintenant je vous souhaite de savoir pourquoi vous le faites et de vous assurer que cela ait bien un sens pour vous.

Bien cordialement,

le modérateur.

Profil supprimé - 29/05/2019 à 12h54

Allo Modérateur,

Merci beaucoup pour votre réponse. Très pertinente. J'ai de quoi réfléchir aujourd'hui happy

Votre hypothèse est juste, vous avez tout à fait raison. J'aurais pu écrire encore plein d'autres aventures et pour à peu près chacune d'elles, il y a toujours eu "quelqu'un qui se fuyait". L'alcool a été une autre forme, beaucoup plus destructive, de fuir. La seule avec laquelle j'ai vraiment joué avec la mort.

J'étais déjà conscient de ça, ce besoin de fuite dans mes aventures. Ce qu'il me reste à trouver c'est qu'est-ce que je fuit.

Merci encore, vous êtes d'un support remarquable.

Eric
Jour 39

Profil supprimé - 29/05/2019 à 23h13

Bonjour Éric,

J’ai lu ton dernier témoignage avec beaucoup d’attention. Une fois, deux fois, trois fois. Je me suis attardée à chacun de tes mots, à chacune de tes formulations pour en absorber toute la teneur. En de multiples occasions me suis-je reconnue dans tes propos, qui trouvaient en moi une résonnance toute particulière. Je t’expliquerai peut-être un jour pourquoi.

Ce qui m’a tout de suite frappé dans ton texte, c’est la dureté des mots que tu emploies pour décrire le Éric d’aujourd’hui : « faible, impuissant à se prendre en main, pleurant ses journées sombres, souvent en panique […] cette loque ». Par opposition, le Éric d’autrefois se voit lui couvert de louanges : courageux, confiant, inspirant. Le contraste est on ne peut plus saisissant.

J’étais bouche-bée en parcourant ces lignes, car ce sont précisément ces mots (courageux, confiant, inspirant) que j’aurais spontanément employés pour décrire celui que je lis chaque jour sur ce forum, celui-là même qui a initié mon récent virage à 180 degrés. À mes yeux, les exploits du Éric d’antan venaient surtout confirmer ce que j’avais pressenti chez celui du présent : une extraordinaire force de vivre et un pouvoir de résilience qui ne pouvait avoir été forgé que par de riches expériences. Le Éric d’hier ne m’apparaissait pas entrer en contradiction avec celui d’aujourd’hui, bien au contraire!

Tu sembles avoir profondément aimé cet Éric du passé, à tel point qu’il te sert aujourd’hui de modèle, d’inspiration et de motivation à persévérer dans la sobriété. À bien des égards et pour de nombreuses raisons, tu parais regretter sa disparition. Pourtant, l’ancien Éric, tu le soulignes toi-même à juste titre, portait en lui une fragilité. Malgré ses nombreuses qualités, il a rencontré son point de rupture, qui l’a finalement précipité dans le tortueux chemin de l’abus d’alcool.

Bien sûr, il ne mérite pour cela aucun reproche, mais peut-être gagnerait-il à être perçu dans sa globalité. Peut-être ne souhaite-t-il pas faire figure d’idéal, mais être aimé dans toute sa complexité. Reconnu dans ses forces, certes, mais aussi compris dans ses faiblesses. Tends l’oreille, écoute ce qu’il a à te dire, entend son discours dans son entièreté. C’était manifestement un homme vif d’esprit, capable de résister aux cisaillements et aux vents de travers. Je suis certaine qu’il a perçu les signes avant-coureurs de ce qui devait suivre. Fais-lui confiance, il possède la clé de ton énigme.

J’ai remarqué qu’un changement s’accompagne souvent d’un deuil, comme s’il fallait accepter la perte pour laisser place au gain. Cela s’illustre d’ailleurs quand on entame une randonnée. Notre sac-à-dos ayant un volume et un poids limités, il nous faut décider de ce qu’on va emporter, mais aussi de ce que qu’on abandonnera derrière. Le choix est souvent déchirant et cependant nécessaire.

Je suis convaincue tu trouveras un jour la force de laisser le jeune Éric reposer en paix. Une fois sorti de son ombre, tu profiteras pleinement de sa lumière. Tu te garderas de lui quantité d’heureux souvenirs et percevras en toi le courage qu’il t’a transmis comme un précieux trésor. À ton tour, tu l’offriras à ton fils en héritage.

Certainement qu’un beau matin, le miroir te renverra l’image de l’homme que tu es devenu, qui se superposera tout naturellement au reflet de celui que tu as été. Et c’est avec une confiance renouvelée que tu t’entendras peut-être chuchoter : « Ça y est. Je sais m’aimer. »

Merci d’avoir pris le temps d’écrire.
Cela m’a fait du bien de te lire.

Orangine
Sherbrooke
Jour 8

Profil supprimé - 31/05/2019 à 11h43

Holala Orangine, je suis sans mots devant ton merveilleux message.

Tu me touches beaucoup et tes mots sont parmi les plus beaux qu'on m'aie jamais dis. Je ne sais pas ou tu as appris à écrire comme tu le fais, c'est beau et d'une belle intensité. Je crois bien que je vais imprimer ton message et le poser sur ma table de chevet, pour le relire chaque fois qu'il me vient un doute.

Ca me fera plaisir de connaitre, un jour, quelle est cette résonnance particulière que j'ai généré en toi. Peut-être sur une montagne, en route vers un camps de base happy Il y en a de belles montagnes près de chez toi.

Tu sais ce que j'ai fait après avoir lu, une première fois, ton message? Je suis allé me regarder dans le mirroir. Et tu sais quoi Orangine? Je me suis trouvé beau et fort.

J'aodre ton analogie du sac-à-dos. Moi qui suis expert à charger un sac-à-dos pour de difficiles randonnées, il me faut maintenant mettre cette expérience à profit pour celui de ma vie.

Je suis content que tu sois là. Tu m'as manqué hier blunk

Et bravo pour ton huitième jour. À nous deux on en est à 50 !

Eric
Jour 41

Profil supprimé - 02/06/2019 à 13h52

bonjour

je vais suivre votre conversation, elle est encourageante et vous écrivez que trop bien, et cette anxiété qu' Orangine gère m' interresse tout autant

courage à vous 2

neutre seulement que depuis 4 jours avec une despe de bu

Profil supprimé - 03/06/2019 à 10h58

Bonjour Kes

Bienvenue sur ce fil et bon courage à toi aussi.

Eric
Jour 44

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