Par chat

Chattez avec
Alcool Info Service

Par téléphone

Alcool Info Service répond
à vos appels 7 jours sur 7

Contactez-nous

Adresses utiles

Forums pour les consommateurs Télécharger en pdf Imprimer Envoyer à un ami

Anxiété et alcoolisme : mon cocktail détonnant

Par Profil supprimé

Je souffre d’anxiété sociale. Voilà quelques années que j’ai été diagnostiquée. Selon mon médecin psychiatre, prendre de l’alcool est pour moi une forme d’automédication, une façon artificielle d’étouffer le mal-être que je ressens en société.

Depuis mon diagnostic, j’ai suivi je ne sais combien de séances de psychothérapie et, à ce jour, je prends toujours des médicaments pour gérer mon anxiété. Ici, le mot « gérer » a toute son importance, car ne pas sombrer dans l’angoisse paralysante est pour moi un travail de tous les instants. Malgré mes efforts, j’ai encore souvent des crises de panique, que la psychothérapie m’a surtout appris à voir venir.

Et c’est précisément lorsque l’anxiété monte que le besoin de boire devient impérieux. Ni une ni deux, je cours m’acheter une bouteille. Le premier verre me calme effectivement, le second me ragaillardit, le troisième me fait presque oublier ma boule au ventre, et ainsi de suite jusqu’au dernier verre qui m’assomme littéralement.

Je bois tous les deux ou trois jours en moyenne, ce qui correspond à peu près au temps qu’il me faut pour me remettre de ma dernière cuite et assoupir ma culpabilité d’avoir rechuté. Et après la honte, bien sûr, revient l’anxiété. Et c’est ainsi qu’inexorablement, le cycle infernal reprend.

J’ai lu tout un tas d’articles sur l’alcoolisme, j’ai considéré une foule de solutions. La plupart de ces options impliquent cependant de côtoyer des inconnus : réunions des AA, rencontres avec des médecins spécialistes de la dépendance, etc. Or, pour moi, c’est précisément là que le bât blesse.

Ce n’est que ce matin que je suis tombée sur ce forum, plus particulièrement sur le témoignage d’Echo, traduit dans le fil de discussion « Il y a de l’espoir ». Son récit m’a touchée, d’autant plus qu’il en est à son 32e jour d’abstinence. Émue, j’ai répondu à son dernier message, pour le remercier de sa contribution.

Et je ne m’attendais pas à ce résultat, mais rédiger cette réponse m’a fait du bien. Je me suis sentie soudain moins seule, et peut-être moins vulnérable.

Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Cela m’a fait du bien de me dire.

Orangine
Sherbrooke
Jour 1

Fil précédent Fil suivant

25 réponses


Profil supprimé - 23/05/2019 à 11h14

Allo Orangine,

Tu as découvert un point super important ici... "Nous ne sommes pas seuls la-dedans".

Ça faide beaucoup de partager nos difficultés et nos espoirs. Ton message fait maintenant partie de mon rempart que je construit un jour après l'autre contre cet ennemi. C'est la première chose que je fais le matin en me levant, venir ici. Bien assez pour me donner l'envie de continuer un autre jour happy

Je te souhaite on courage Orangine.

Eric

Profil supprimé - 23/05/2019 à 13h45

Salut orangine

Je me retrouve clairement dans ton témoignage, une à deux cuite la semaine pour enlever cette angoisse et se stresse qui m envahis et ensuite honte et culpabilité moral a zéro. Je suspect de rentrer dans un sevrage avec des symptômes très désagréables lorsque je m'abstiens plusieurs jours tremblement sueurs palpitation problème estomac insomnie etc... Tres dure de mettre des mots sur nos maux et les apprivoiser.

Courage à toi et merci pour ton témoignage

Clark

Profil supprimé - 23/05/2019 à 17h35

Jour 2 du sevrage : Le paradoxe

Ce matin, je me sens à la fois épuisée et survoltée. Trop fatiguée pour aller marcher, trop fébrile pour rester assise plus de deux minutes consécutives devant mon ordinateur. Je me lève pour me resservir du café, pour trouver un briquet et allumer une cigarette, pour me rendre à cuisine et m’interroger sur ce que j’étais venue y faire. Voilà bien une demi-heure que je planche sur ce premier paragraphe.

Je pense à ma spirale infernale, basée sur un cycle de deux à trois jours. En théorie, je devrais me rabattre sur la bouteille ce soir, ou demain soir. Rien que d’y penser, j’ai des palpitations. Paradoxalement, et malgré cet état d’agitation intérieure, je n’ai qu’une envie : retourner me coucher. Me laisser couler dans le sommeil et perdre conscience.

Je balais cette dernière option du revers de la main. Si je m’assoupis maintenant, je ne dormirai pas ce soir. Et c’est précisément le soir que l’appel de la bouteille se fait le plus criant. Ce serait me mettre en danger.

Je me fixe donc un objectif pour la journée, un seul. Sortir de la maison, ne pas rester tapie dans mon repère avec mes pensées.

Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Cela m’a fait du bien de me dire.

Orangine
Sherbrooke
Jour 2

______________

@Echo : Merci de ton soutien, si précieux. Je vais faire comme toi et venir chaque matin sur le forum. Cela me permettra d’entretenir l’espoir, dont tu as été l’étincelle.

@Clark : Merci de ton témoignage, que j’ai accueilli ce matin comme un cadeau. Je ne suis donc pas seule! Par extension… cela signifie que tu ne l’es pas non plus!

Profil supprimé - 24/05/2019 à 11h28

Allo Orangine et vous tous,

Première chose du matin, café, cigarette et me connecter ici happy Quelle joie de voir un nouveau message de toi. C’est vrai qu’on ne se sent pas seuls ici. Après 34 jours je n’ai plus cet appel physique de la bouteille mais quoi qu’il en soit, je sens le besoin de partager et vous lire pour réaffirmer ma volonté et l’espoir.

Le café est délicieux ce matin. Je n’ai pas trop bien dormi. Grosse chirurgie dentaire hier et c’est un peu douloureux. Hé oui, la maudite bouteille a détruit pratiquement tout l’émail de mes dents (l’acidité du vin). Donc, implants, extractions, couronnes, composites… J’en ai pour des mois de traitement et des dizaines de milliers de $ (ou d’Euros). C’est un autre effet de la surconsommation d'alcool dont on ne parle pas souvent et qui fait réfléchir quand on t’arrache sept dents à la fois !!!

Mais je suis pas mal content, j’ai retrouvé le gout de sourire depuis le sevrage et je m’offre maintenant un beau sourire en plus, hihi. Pourquoi je n’ai pas fait ça avant? J’étais incapable de rester sobre assez longtemps pour subir les traitements.

Est-ce que tu as pensé à aller faire un tour aux réunions AA? Il y en a tous les soirs et le jour. Pour moi, ça aide beaucoup à rester motivé et ça fait passer le temps.

Merci pour ton commentaire pour moi Orangine. Si je suis une étincelle, alors j’espère pouvoir allumer un grand feu de joie et d’espoir.

Eric
50 ans
Montréal, Canada

Profil supprimé - 24/05/2019 à 17h33

Jour 3 du sevrage : Le saut dans le vide

Je suis allée faire un tour en voiture hier. Sans but précis, j’ai navigué sur l’autoroute. Comme ça, pas de tentation : pas de magasin d’alcool en vue, rien d’autre qu’un chemin de bitume entouré d’une nature qui reprend ses couleurs après le rude hiver.

Ma voiture, c’est ma liberté autant que mon refuge. Lorsque je conduis, il n’y a que l’instant présent qui compte : écouter attentivement le vrombissement du moteur et attendre le juste moment pour passer la sixième, entrouvrir la fenêtre et sentir le vent s’engouffrer furieusement dans l’habitacle, observer le ballet des véhicules et effectuer l’angle-mort avant le changement de voie. Le passé me fait honte, le futur me fait peur, mais derrière le volant, ma vie se conjugue au présent. Et ça, pour moi, c’est drôlement rassurant.

À ce moment de mon sevrage, ce besoin de sécurité est d’autant plus criant, car c’est la bouteille qui venait jusqu'alors le combler. Sans elle, j’ai l’impression de me jeter dans l’inconnu, d’être seule face à mon démon intérieur : l’anxiété. Je me sens démunie et impuissante, comme si on m’avait lâchée au beau milieu d’une étendue désertique, sans aucun point d’ombre en vue. Comment trouver la force d’avancer? Et d’abord, dans quelle direction aller?

Aujourd’hui, le chemin de la sobriété m’apparaît comme un acte de foi, surtout envers-même. Au coeur de ce labyrinthe aux allures d’infini, je cherche la sortie en me répétant inlassablement, à la manière d’une prière : « Je trouverai bien. »

Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Cela m’a fait du bien de me dire.

Orangine
Sherbrooke
Jour 3
_________


@Echo - 1 : Bravo de cette belle victoire! Il est vrai que l’alcool abîme sacrément le corps, même si on ne le voit pas sur le coup… ou qu’on ne souhaite tout simplement pas le voir! Bien que douloureuse, cette visite chez le dentiste représente assurément une étape importante. C’est t’affranchir de ce passé usé par l’alcool et t’investir (au sens propre comme au figuré) dans un avenir qui n’implique pas de retour en arrière. Encore mille fois bravo!

@ Echo - 2 : Je souffre d’anxiété sociale, aussi appelée « phobie sociale ». Autrement dit, j’ai peur du contact direct avec les autres, tout particulièrement avec des inconnus. Rien qu’à l’idée de me retrouver au milieu d’un groupe d’étrangers, je me sens aux abois. Jusqu’à maintenant, j’atténuais cette peur panique par la consommation d’alcool, notamment quand les anxiolytiques ne suffisaient plus. Pour le moment, je n’envisage donc pas les réunions aux AA et préfère me contenter des contacts indirects par le biais du forum. Je n’en suis qu’au 3e jour de sevrage et suis encore très vulnérable à la rechute. Ce moyen, pour le moment à tout le moins, m’apparaît donc plus sûr.

Profil supprimé - 27/05/2019 à 10h51

Bonjours à tous,

Et bon retour au boulot Moderateur, j'étais impatient de voir apparaitre de nouveaux messages après ce long week-end happy En passant, merci pour votre excellent travail, ce forum est une source de motivation pour nous tous.

J'étais impatient d'avoir de tes nouvelles Orangine, bravo pour ces 3 jours. Ce sont définitivement les plus difficiles. J'ai adoré ton message, tu écris merveilleusement bien. Liberté, sécurité, refuge, inconnu... Tous des mots qui résonnent surement dans la tête de chacun de nous ici. Et je te rejoint parfaitement quand tu parles de ta voiture.

J'ai toujours adoré faire de la route sauf ces dernières années. Je n'ai pratiquement pas conduit (j'étais trop souvent sous l'effet de l'alcool) et quand je conduisais (ajun bien entendu), faire ne serait-ce que 100 km me paraissait une montagne. J'ai conduit plus depuis les 37 derniers jours que dans toute l'année passée. C'est un grand sentiment de liberté comme tu le dis si bien.

Ce forum est effectivement un bon moyen pour s'exprimer. Je n'ai pas cette anxiété sociale mais je suis tout de même très réservé et peu enclin à parler de moi devant des inconnus. Ce que je partage ici, je ne le partage pas aux réunions AA. Je suis plutôt en mode écoute et j'ai ma place réservée près de la porte au cas ou je souhaite sortir. Le forum m'est super utile.

Quoi qu'il en soit, j'ai quand même réussi à faire un petit discours devant tout le monde lorsqu'ils m'ont remis mon cadeau d'un mois de sobriété. Apparemment, j'ai touché pas mal de monde à ce qu'ils m'ont dit. Y'avait pas mal de larmes dans la salle. Ça a été bref mais je leur ai parlé du commentaire de mon fils que j'ai partagé ici dans mon premier message. Je suis tout de même plus à l'aise ici pour exprimer ce que je ressend.

Si tu le permets Orangine, je t'emprunte ta phrase "Je trouverai bien". C'est exactement ce que je cherchais comme pensée quand il me vient des doutes et des questionnements sur un avenir sans alcool.

Je te souhaite et vous souhaite à tous une belle journée et bon courage Merci de vos contributions à faire de ma vie un monde d'espoir.

Eric
Jour 37






Profil supprimé - 27/05/2019 à 17h36

Jour 6 du sevrage : Le plaisir, une notion à redéfinir

Ce weekend a été pour moi l’un des plus heureux depuis bien longtemps, peut-être depuis plus d’un an : longue randonnée en bordure de la rivière, arrangement floral dans les balconnières, achat d’une petite robe d’été tout en fluidité, nettoyage extérieur des vitres pour accueillir la lumière, repas au barbecue avant la tombée du jour. Voilà des lustres que je ne m’étais autant activée. Surtout pas sans avoir à le faire à contrecœur, à cause de la gueule de bois.

Ce weekend a pourtant aussi été celui de toutes les tentations. Après l’effort physique, quoi de mieux qu’une bonne bière fraîche, qu’une coupe de vin blanc bien frappé, qu’un cocktail coloré aux allures d’été? Je ne sais combien de fois je me suis retrouvée sur le fil du rasoir, combien de fois je me suis entendue penser : « Allons, un verre ne te fera pas de mal. Tu as bien travaillé, tu as le droit à une récompense! »

Or la satisfaction d’une douche tiède après le sport, l’agrément d’un univers en fleurs, le bonheur de se sentir jolie dans une tenue nouvelle, la félicité qui accompagne le retour des beaux jours, l’appétit qui renaît à l’odeur des grillades : existe-t-il seulement meilleure récompense? Et pourtant, toujours cette petite voix intérieure qui réclame davantage, à la manière d’une enfant gâtée que rien ne saurait plus contenter, qui veut plus, encore plus.

Aujourd’hui, je me rends compte que c’est toute ma conception du plaisir lui-même que je suis en train de revisiter. Et bien franchement, même s’il est dur, le processus ne me déplaît pas autant que je l’aurais pensé. Si l’alcool permettait de me fuir, la sobriété m’offre l’occasion de me redéfinir.

Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Cela m’a fait du bien de me dire.

Orangine
Sherbrooke
Jour 6

___________


@Echo : Merci d’avoir partagé ton expérience aux AA. Je me doute que tu as dû en émouvoir plus d’un avec ton discours. Comme tu as dû te sentir fier après un long et dur mois de sobriété! Et comme ton fils doit se sentir heureux de retrouver son père! Arrêter de boire est déjà un succès en soi, mais partager les fruits de ta réussite avec d’autres est peut-être ce qui en fait toute la valeur.

Moderateur - 27/05/2019 à 18h28

Bonjour Eric, bonjour Orangine,

Comme dit Liseanne : merci pour tous ces bons mots, pour le clin d’œil (Eric) et pour la lumière que vous apportez par vos témoignages.

Quoi de mieux en effet, pour un modérateur besogneux, que de commencer et terminer sa journée par vos belles contributions et votre regard bienveillant.

Merci.

Le modérateur.

Répondre au fil Retour