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Mon ami est alcoolique et malade

Par quelletristesse

Bonsoir,

J'ai rencontré mon ami il y a quelques mois sur Internet.
Il a 58 ans et moi 41.

Lors de nos premières conversations téléphoniques, il m'explique avoir arrêté de boire.
Puis lors de notre première rencontre, il me dit avoir envie d'une bouteille de champagne. Je ne relève pas, me disant qu'il fait une petite entorse.

On commence à se fréquenter de plus en plus.
On sort au resto, on fait des apéritifs chez l'un / l'autre. C'est convivial, on prend du bon temps.
Puis au fil du temps, je remarque :
- qu'il commande systématiquement une bouteille de blanc au resto. Il ne mange pas beaucoup d'ailleurs.
- que le week-end il repart chez lui en matinée alors qu'on pourrait passer plus de temps ensemble.
- que des fois il sent l'alcool en arrivant chez moi.
- puis un matin, à 10h, alors qu'on était encore au lit, il me dit qu'il se "boirait bien une petite bière bien fraiche".

Quand je le questionne sur sa consommation, pour connaître un peu l'ampleur de la chose, il se met très en colère. Et me dit "je ne suis pas ivre, où est le problème ?". C'est vrai après tout ? Je me montre tolérante.

Enfin, il m'annonce qu'il a fait de l'ascite. Cirrhose donc. Il a été hospitalisé, prend aujourd'hui une tonne de médicaments et n'est plus censé boire une goutte d'alcool. Mais il m'explique que tout va très bien et que sa santé se stabilise. Qu'il a été un gros consommateur d'alcool fort, mais qu'aujourd'hui il a bien levé le pied en se limitant à la bière et au vin. Mais que c'est très dur. À la fois la bringue et les soucis persos qui l'ont amené jusque là.

Alors c'est vrai qu'il est rarement ivre. Parce qu'il encaisse.
Mais on ne se voit que 1, 2, voir 3 fois max par semaine.
Donc on va dire qu'en moyenne une/deux fois par mois, il y a un petit dérapage car je sens qu'il a trop bu.
Il peut alors s'énerver rapidement et me parler de façon un peu agressive. Une fois j'ai assisté à une crise de somnambulisme, très agressive aussi, j'ai eu peur.

Je ne sais pas dans quels états il se met quand il est seul chez lui. Mais c'est sûr qu'il boit. Il y a toujours une accumulation de bouteilles vides près des poubelles.

On a passé une semaine de vacances ensemble, tous les jours se ressemblaient :
- 10h : 1 pinte de bière dans un bar. Je m'occupe pendant ce temps.
- 12h : Déjeuner : 2 ou 3 verres de vin - 14h/16h : sieste car il est fatigué
- 17h/19h : 1 bouteille de blanc. Je l'accompagne d'une bière ou d'un thé.
- 20h : resto : bouteille de vin à deux. Je lui ai reproché le manque d'activités qu'on avait en commun, il l'a très mal pris. Un soir en rentrant il s'est quasi vautré en scooter.

Au delà des effets "directs" de l'alcool, je me rends compte qu'il ne fait pas grand chose :
- En formation pour reconversion pro, il n'avance pas dans ses cours
- Ne pratique aucun loisir, aucune activité
- Ne voit personne
- Mange à n'importe quelle heure, aucune synchronisation avec le monde qui l'entoure
Comme s'il souffrait d'un manque d'enthousiasme et d'énergie.
Et je constate les effets physiques : fatigue, œdèmes aux jambes, couperose, insomnie, fond des yeux un peu jaunes... et même difficultés à marcher des petites distances.

Dès que j'aborde le sujet, que j'exprime mon malaise (et pourtant je prends des pincettes !), je me heurte à la même réaction : il ne veut pas en parler, il a assez donné, ces conversations le fatigue... je ne suis pas tolérante, il fait tout pour que la relation marche, et moi je gâche tout avec mes petits états d'âme... il me fait culpabiliser.

Aujourd'hui je suis même allée voir un psy pour savoir s'il y avait quelque chose qui clochait avec moi.
Évidemment si je suis encore avec lui c'est que je l'aime et qu'il a énormément de qualités.
Mais forcément j'ai du mal à me projeter. D'autant plus que j'ai une petite fille de 4ans...

Suite au psy, je lui ai dis qu'on devait parler de ce problème d'alcool qui me crispe et m'empêche de me projeter. Il m'a renvoyé bouler. C'est très dur de se heurter à un mur. Toute discussion semble stérile. Alors je lui ai dis que ça me rendait triste et en colère de le voir se détruire.

Je ne pense pas qu'il soit complètement dans le déni. C'est bizarre : autant il a conscience de sa "maladie" comme il la nomme, autant il lui arrive de traiter certaines personnes "d'alcoolos".
Et puisqu'il n'est (quasiment) pas ivre en ma présence, il ne voit pas où est le problème.

Je ne vois que des témoignages de proches qui subissent des situations d'ivresse. Ce qui n'est pas tant mon cas. Pensez-vous qu'il y ai un entre-deux possible ? Que pensez-vous de ce genre de comportement ?

Merci de m'avoir lue.

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4 réponses


Bartimee - 26/10/2023 à 12h20

Bonjour Quelletristesse,
Tout d'abord, tous ceux et toutes celles qui interviennent sur ce forum sont extrêmement mal placés pour donner des conseils, puisque nous vivons tous, ou avons vécu, la même chose.
Mais depuis ma position si mal placée, j'ai envie de te dire que j'espère que ton pseudo n'est pas le reflet de tes émotions, mais de la pitié que tu éprouves pour sa situation, car c'est bien la sienne et non la tienne.

Je ne reconnais que trop cette impossibilité de parler, ce mur auquel on se heurte ; et encore, il ne te dit pas encore que c'est toi qui rends la discussion impossible et non lui.
Je crois que les femmes d'alcoolique ont en commun ce manque de confiance en elles qui fait qu'au lieu d'écouter ce qu'on ressent, ce qu'on sait au fond, on écoute plutôt ce que dit l'autre. Qui est ce qu'on a envie de croire, quelquefois.

Donc oui, je te confirme, le fait qu'il ne soit pas visiblement ivre indique seulement sa grande accoutumance à la substance alcool.
Et si l'entre-deux dont tu parles existe, il se situe la où tu n'éprouves pas encore le besoin d'intervenir sur le présent forum. Tu l'as donc dépassé.

Tu as une vie à mener, une fille à élever, fais ce que tu sais être le mieux pour elle, et pour toi.
Courage et force.

quelletristesse - 12/11/2023 à 14h05

Merci de votre retour.

Je rebondis sur un point que j'ai décrit : il ne fait rien.

Il a tout plaqué il y a 2 ans pour venir s'installer dans la région, sur un coup de tête.
Depuis, il ne travaille pas. Il vit sur des économies. Il a entamé une formation il y a 6 mois sur laquelle il n'avance pas.

Au delà de son activité pro, il pourrait avoir des loisirs. Cuisiner, se promener, je ne sais pas, qu'importe.
Les seules activités que je le vois faire, c'est regarder la TV ou lire des BDs au lit.

Il n'y a aucune motivation pour quoi que ce soit d'autre. Tout tâche est repoussée. Tout déplacement semble lui coûter.

C'est quelqu'un qui a vécu beaucoup de choses, d'expériences, dans sa "vie d'avant". Ce n'est pas un endormi. Mais là il y a zéro enthousiasme.

Cette inaction est sidérante. Je me dis que là aussi c'est la faute de l'alcool. Qu'en pensez-vous ?

Force2Courage - 13/11/2023 à 19h27

Bonjour,

On a beau être confronté à l'alcool chez l'autre, et certains d'entre nous depuis un temps inimaginable, on a tous tendance à prendre le problème à l'envers.

L'alcool est une maladie, ok, on est tous d'accord la-dessus.

Mais c'est l'arbre qui cache la forêt. L'alcool est un masque. C'est une conséquence et non une cause.

Une personne qui boit le fait pour compenser quelque chose, pour masquer une blessure, un mal-être... Et l'alcool l'entraîne plutôt que de le guérir.

De même, "pardonner" ou accepter un comportement sous prétexte de maladie d'alcool est une aberration. Ce qui est dit ou fait sous l'emprise de l'alcool n'est pas un accident mais une réalité augmentée du fait de l'absence de filtre.

Un alcoolique ne s'en sortira pas tant qu'il n'a pas accepter de supprimer la béquille et d'affronter la réalité qui lui fait mal (deuil, traumatisme passé, mauvaise perception de soi, et j'en passe...)

Aidez le, s'il est réceptif, à savoir pourquoi il boit. S'il est dans le déni, il vous dira pour m'amuser... puis plus tard il vous dira pour te supporter.

Bon courage, et prenez du recul sur votre avenir ensemble. Vous n'avez pas encore d'engagement l'un envers l'autre. cette histoire commence déjà à vous impacter émotionnellement. Et ce n'est probablement que le début. Êtes vous prête à vous sacrifier? Cela en vaut il la peine?

quelletristesse - 13/11/2023 à 23h26

Merci de votre retour.

Je n'ai effectivement pas envie de me sacrifier.

Est-ce que ça en vaut la peine ? Il a d'énormes qualités à côté, sinon je ne tergiverserais sûrement pas autant.

Mais il a tellement d'aplomb quand il m'explique :
- qu'il ne voit pas le problème, puisqu'il n'est pas ivre (manifestement)
- que ses insomnies n'ont rien à voir
- que sa santé va super
- que son manque de motivation général ne s'explique pas...

Il arrive à me convaincre que c'est moi qui en fait un drame.
Et que je vais gâcher une relation (parce qu'on s'entend malgré tout vraiment très bien) à cause de mes états d'âme.

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