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Maman alcoolique, que faire ?

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Bonjour,
je suis nouvelle sur ce forum, j'ai besoin de conseils car je suis arrivée au bout de mes forces pour aider ma mère (âgée de 62 ans), alcoolique depuis maintenant près de 30 ans, et cela me bouffe la vie de plus en plus.

Ma mère en est à un stade où elle ne sort plus de chez elle (elle vit toute seule), elle boit du matin au soir à se mettre dans un état totalement lamentable. Elle cache des bouteilles dans chaque pièce, et ne peut s'empêcher de boire.
Elle a déjà fait 2 pancréatites, a perdu son permis 4 fois, son corps est recouvert d'eczéma (dû à l'alcool), elle a fait une cure, mais pas jusqu'au bout. On ne peut plus rien prévoir d'avance car elle est toujours ivre, elle rate plein de choses. J'ai toujours peur de la retrouver à terre blessée quand je vais la voir (ce qui est déjà arrivé plusieurs fois). Je l'ai déjà emmenée aux urgences plusieurs fois car elle avait fait une mauvaise chute à cause de l'alcool, ou quand elle fait ses crises de manque (crises d'épilepsie). Elle a parfois des propos incohérents quand elle ne boit pas, j'ai l'impression que son cerveau ne réagit plus aussi rapidement qu'avant ou qu'il a subi des séquelles.
Elle sait qu'elle a un problème avec l'alcool, nous lui avons conseillé de se faire soigner mais elle nous dit toujours qu'elle va s'en sortir toute seule. Alors que cela est impossible.
Je ne sais plus quoi faire. Puis-je la faire soigner de force ? Ou dois-je continuer à la voir se détruire à petits feux ? C'est une souffrance perpétuelle, une angoisse permanente. J'ai aussi ma vie de famille à m'occuper (j'ai 2 enfants de 4 ans et 2 ans) ainsi que mon mari. Mais mes angoisses déteignent parfois sur ma vie de famille, et cela créé beaucoup de tensions dans mon couple.
J'ai pourtant toujours été présente pour elle dans les pires situations, sans la juger, même si cela me brise le cœur de voir ma mère se "dégrader" de jour en jour.

Plus rien ne la motive dans la vie, même le fait de voir ses petits enfants ne l'empêche pas de boire. J'en suis à un point où je n'emmène plus mes enfants chez elle, car je ne veux pas qu'ils la voient dans cet état. Ma mère ne le comprend pas et me le reproche.
Je ne veux pas leur faire subir ce que moi j'ai subi quand j'étais enfant (j'ai 33 ans).

J'attends de ce forum qu'il m'aide à relativiser et à me préparer psychologiquement à la perte d'un être très cher, car je n'ai plus de réponses à cette terrible maladie qu'est l'alcoolisme, et je sens que la fin approche...

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6 réponses


Moderateur - 04/08/2016 à 11h09

Bonjour snoop60,

Après des années de soutien et de compréhension sans que la situation ne change vraiment nous comprenons votre pessimisme et votre fatigue. Nous n'allons pas être artificiellement optimistes pour vous mais sachez que même à cet âge et même après 30 ans d'alcoolisme il est toujours possible que votre mère arrête un jour. Cependant cela ne peut absolument pas se faire sans accompagnement médical car elle semble en être à un tel degré de dépendance que cela serait dangereux pour sa santé. Les propos incohérents lorsqu'elle ne boit pas sont les premiers symptômes d'un syndrome de sevrage qui pourrait l'amener à un delirium tremens (mortel) si elle n'était pas suivie médicalement à ce moment-là.

Paradoxalement vous devez donc, en l'état actuel des choses, vous assurer que votre mère puisse avoir suffisamment d'alcool à sa disposition pour ne pas se retrouver en rupture de stock. Ce n'est évidemment pas ce que vous souhaitez mais cela est nécessaire tant qu'elle n'est pas dans une démarche de soin. Vous pouvez peut-être vous appuyer sur cette nécessité pour (re)faire naître d'un côté une complicité avec elle sur le thème de "je ne m'oppose plus à ta consommation d'alcool et je l'acte parce que c'est devenu vital pour toi", de l'autre pour insister sur le fait que c'est un signe de sa forte dépendance et de la nécessité absolue qu'elle a, désormais, d'être accompagnée pour arrêter le jour où elle décidera de le faire ("je peux arrêter seule" c'est fini, elle a largement dépassé ce stade).

Mais à la lecture de votre message on se pose aussi la question de savoir comment vous allez. Vous avez fait beaucoup pour elle, vous avez subi cette situation de longue date, vous faites état du fait que cela vous angoisse et que cela déteint parfois sur votre vie de famille, ce qui est là aussi tout à fait "normal". Si l'on peut vous donner un conseil c'est de ne pas être hermétique à votre propre souffrance et à la manière dont l'alcoolisme de votre mère vous influence et vous porte préjudice. Les Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie" (Csapa) reçoivent également l'entourage des personnes alcooliques. Nous vous conseillons d'y prendre rendez-vous pour vous, pour au moins déposer une fois ou deux ce qui se passe, ce que vous ressentez. C'est gratuit et les professionnels de ces structures vous soutiendront mais aussi vous aideront peut-être à trouver des manières de faire ou un modus vivendi qui vous permettent de vivre avec cela de manière plus sereine. Cela vous donnera aussi des ressources supplémentaires pour essayer, encore et encore, d'aider votre mère à prendre la décision d'essayer de s'en sortir. Le fait de faire cette démarche met en outre en acte, auprès de votre mère, votre propre souffrance et votre besoin d'aide. Il ne s'agit pas d'en culpabiliser votre mère mais de montrer que lorsqu'on souffre et qu'on a un problème on se fait aider, qu'il y a des aides. Cela pourrait facilité le "passage à l'acte" de votre mère vers le soin.

Pour trouver le Csapa le plus proche de chez vous vous pouvez utiliser notre rubrique "Adresses utiles" : http://www.alcool-info-service.fr/Adresses-utiles

Cordialement,

le modérateur.

Profil supprimé - 19/08/2016 à 08h20

Bonjour Snoop60,

Ton histoire me touche beaucoup car c'est un peu le reflet de la mienne.
J'ai perdu ma maman lorsque j'avais ton âge et j'ai toujours essayé de la soutenir sans la juger. Moi aussi elle me disait toujours qu'elle allait s'en sortir seule mais son état a empiré et s'est très vite dégradé.
Le modérateur est de très bon conseil et si à l'époque j'avais osé poster un message comme le tien j'aurais pu avoir des conseils pour aider et accompagner au mieux ma maman.
Ton appel au secours est un premier pas vers une démarche longue et difficile mais nécessaire pour que ta maman puisse s'en sortir. Je pense aussi qu'un accompagnement médical est indispensable.
Ne l'abandonne pas, même si parfois ça occasionne des tensions (j'ai connu ça également car toute ma famille avait rejeté ma maman).
Vis ta vie également, prends quelques moments juste pour ton couple ou tes enfants en essayant d'oublier quelques heures les problèmes de ta maman.
Je te souhaite beaucoup de courage.

Profil supprimé - 19/08/2016 à 15h23

Bonjour,

merci pour vos réponses et votre soutien.

Je n'arrive plus à dormir et je n'ai qu'une hâte c'est de retrouver ma mère chez elle et la soutenir et de voir si elle va bien, s'il ne lui est rien arrivé. Mais c'est pratiquement impossible, je dois gérer ma vie de famille (j'ai 2 enfants en bas âge avec moi toute la journée) et mon mari est plutôt du genre à dire "si elle ne veut pas se soigner, laisse la, c'est son problème, tu ne peux rien faire". Je ne peux donc pas en parler à mon mari car il ne comprend pas cette maladie.

Elle ne gère plus rien (elle ne fait plus ses comptes, et toute sa faible retraite passe dans l'achat de bouteilles, elle a donc du mal à payer son loyer et les factures). Sa banque l'a appelée plusieurs fois. J'ai l'impression qu'elle s'engouffre de plus en plus vers le fond. Elle a même oublié de me souhaiter mon anniversaire. Elle est devenue totalement une autre personne.
Pourtant, elle n'a plus que moi. Ma sœur a coupé les ponts avec elle à cause de l'alcool. Dois-je me rendre tous les jours près d'elle ? Au dépens de ma vie de famille ? Et sachant qu'elle ne veut pas de mon aide ?

Je lui ai redemandé de faire une cure, de se faire soigner, mais elle m'a répondue qu'elle ne voulait pas être hospitalisée. Elle ne veut pas se soigner.
Après sa seconde pancréatite en avril dernier, le médecin m'avait dit que si elle ne soignait pas, elle aurait une cirrhose et ne passerait pas les fêtes de Noël... Je ne trouve plus les mots pour la raisonner.

Ne peut-on pas soigner de force une personne ? L'hospitaliser d'urgence car elle devient dangereuse pour elle, mais aussi pour les autres ? Ce que je vis ne resemble pas à une non-assistance à personne en danger ? Dois-je attendre qu'elle s'éteigne à petits feux ???

D'après ce que vous me dites, je dois continuer à la soutenir. Bien sur que je ne veux pas l'abandonner, mais ça me fait tellement mal de la voir dans cet état que j'appréhende le fait de me rendre chez elle, j'en ai une "boule" au ventre. J'ai perdu ma maman à cause de l'alcool.
Je pense à elle tous les jours, 24/24. J'en arrive même à penser parfois, que si elle partait elle serait mieux et je serais soulagée, pour une fois dans ma vie. J'ai honte de penser à cela, je m'en excuse.
Ma mère est la personne que j'aime le plus au monde (avec mon mari et mes enfants), alors que c'est elle qui m'a fait le plus souffrir dans ma vie.

J'ai de plus en plus de mal à gérer ma souffrance. Le sourire de mes enfants me montre que la vie doit continuer, mais ma mère est toujours dans un coin de ma tête, et ça me bouffe.

J'ai l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, et en même temps, je me culpabilise de rien pouvoir faire de plus pour qu'elle aille mieux.

Je prends note de vos réponses, et vais tâcher de surmonter cette épreuve. Merci.

patricem - 19/08/2016 à 19h03

Bonjour,

comme le modérateur vous l'a conseillé, prenez contact avec un centre d'aide, ils pourront peut être vous donner des retours d'expériences ou des contacts utiles.

Sinon, quand au fait de soigner une personne de force, cela semble assez compliquer : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hospitalisation_sans_consentement. Regardez les soins à la demande d'un tiers en France.

N'a t'elle pas encore une amie ou une personne tierce qui pourrait lui parler (son médecin, une infirmière, voir un représentant d'un culte si elle est croyante) ?

Courage !

Profil supprimé - 20/08/2016 à 14h39

Moi aussi j'ai aussi eu parfois des pensées horribles en me disant que la vie serait plus douce si elle et l'alcool n'étaient plus là. Et c'est vrai que sa mort m'a libéré d'un poids mais j'ai perdu ma maman.
ça a été la pire épreuve de ma vie même si elle a eu envers moi des paroles très apaisantes la veille de sa mort.
Elle était hospitalisée et voulait enfin se battre pour s'en sortir.
Bien sûr je te dis de ne pas l'abandonner et comme toi ma soeur avait rejeté ma maman donc j'étais seule et il était impossible pour moi de la laisser.
Mais il faut que tu aies du soutien et quelqu'un qui puisse te relayer avec ta maman. Ce serait peut-être plus facile si c'était quelqu'un de moins proche, avec un regard extérieur.
Je regrette que malgré tous les gens qui souffrent d'alcoolisme, il n'y ait pas de vraie prise en charge médicale dans beaucoup de cas. Si le malade ne le décide pas, on ne peut rien faire.
Par contre si tu en ressens le besoin, fais parfois des coupures de quelques jours avec ta maman et penses à toi..
Il est clair dans ton message que tu as également besoin d'aide, à un autre niveau.
N'hésites pas à en parler autour de toi. A un ami proche peut-être ou à ton médecin traitant.
Pour ma part, j'ai découvert trop tard qu'à chaque fois que j'en parlais avec quelqu'un avec qui je me sentais en confiance, ça m'allégeait un peu.

Profil supprimé - 29/09/2016 à 14h42

Bonjour je suis dans la même situation que toi... Une maman hospitalisé depuis plus de 8 fois... Varices oesophagienne à répétition, cirrhose de dernier stade ! Et pour couronner le tout elle a choper un germe et à fait un choc septique, en réanimation depuis plus de 10 jours sous antibiotiques, le sevrage était très agité, attaché, hallucination... Première grand sevrage sinon toujours énormément sédater, mais cette fois si non. Avant son choc septique elle avait beaucoup de perte de mémoire.., éteindre les lumières, code pin portable oublié.,, Depuis elle n'est plus la même. Beaucoup de somnolence encore des hallucination, elle a du mal à nous reconnaître ! Je crois qu'elle a eu des séquelles au cerveau.,,, nous attendons les examens ! Son alcoolisme doit durée depuis plus de 25 ans,avis des médecins... Un père alcoolique lui même, elle n'a jamais eu d'enfance heureuse..Et mon père est en dénis également et lui se crée une bulle, non ma mère va mieu.., alors que non ! Lui même à tendance à boire, une sale habitude à côté de ma mère après temps d'année, il a chuté avec !

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