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Abandonné par le système, on attend le drame

Par Profil supprimé

Bonjour,

Je suis le fils d'un père alcoolique depuis plus de 30 ans, il approche la soixantaine. La situation familiale est extrêmement compliquée et a peut être atteint un point de non retour. C'est davantage compliqué car je suis éloigné de la maison familiale et ma mère a des problèmes de santé depuis plusieurs années (cancer), le comportement de mon père lui ruine la santé, le moral. C'est le désespoir le plus total.

Dans ses périodes alcoolisées, mon père ne peut plus s'arrêter de boire de lui même et aujourd'hui le système ne peut plus nous aider. Au cours de ces dernières semaines, le samu est venu 3 fois et les pompiers tout autant. Il a fugué 3-4 fois de l’hôpital, malgré des lettres signées par des médecins pour hospitalisation. Tout ce que l'ont veut, c'est l'interner pendant plusieurs jours en hôpital psy car c'est le seul moyen qui permette en quelques jours de le sevrer de l'alcool afin qu'il reparte sur le bon chemin. Mais voilà, malgré nos recommandations, le personnel des urgence n'a pas réussi à le surveiller et à l'empêcher de fuguer. Lors d'un de ses brefs séjours aux urgences, un interne a même appelé la police pour l’emmener en cellule de dégrisement.
Il est aussi tombé 3 fois sur la tête, à chaque fois ma mère a du appeler les pompiers. Ils commencent a être défiguré par ces accidents, déjà bien amaigris par ces années de dépendance. Il conduit sous l'emprise de l'alcool aussi.

Il ne veut pas se soigner car il n'est pas lucide, c'est le serpent qui se mord la queue. Quand il est sobre, c'est quelqu'un de très bien. C'est un chef d'entreprise qui souffre de dépression depuis des années, son comportement s'aggrave depuis la mort récente de ses 2 parents. Moi je vis en permanence avec cette pensée de mort imminente, concernant à la fois mon père et ma mère dans une autre mesure.
Mon père est pourtant bien suivi, il voit plusieurs psychologues et médecins addictologues quand il est sobre. Mais là j'ai l'impression que le corps médical ne peut combattre sa volonté de continuer à boire. Samu, pompiers, police, urgences... La solution d'urgence serait de l'interner quelques jours en hôpital psy pour qu'il récupère, comme il l'a déjà fait des dizaines de fois. Mais son état empire tout comme l'état des services hospitaliers, de moins en moins efficaces.

Que faire à part attendre l'accident, la mort ? Pendant ce temps là son comportement détériore la santé de ma mère, déjà malade. Les procédures de divorce sont très longues. Je ne veux pas porté plainte contre mon père, malgré une main courante déjà déposée cette année.

On se sent abandonné.

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14 réponses


Losingmyreligion - 17/12/2018 à 13h42

J'ai vecu les memes choses avec mon fils alcoolique. J'ai supplié les médecins de l'intérner, et quand il a été il a réussi à sortir pour boire.Il a fait deux fois les urgences, chaque fois on me disait votre fils se met en danger, on va s'occuper de lui, et puis un autre médecin signait sa décharge. Deux fois en clinique psychiatrique, une fois en cure....toujours échec, il rentrait de la drogue et faisait la fête avec les autres patients.
Il existe d'autre structures heureusement. Mon fils est actuellement dans la maison AURORE à Bucy le Long ou il suit une post cure de trois mois. Auparavant il était à l'hopital de Soissons pour sevrage, organisé par AURORE.. Il a ramené de l'alcool dans sa chambre, c'était tellement facile il n'y a aucune surveillance, , mais le medecin lui a donné une chance.
Il est à Bucy depuis 2 semaines et je prie tous les jours pour qu'il y reste jusqu'à la fin de sa réhabilitation. Après il a la possibilité de séjourner en foyer avec une suivie thérapeutique car le retour dans la vie est très difficile.
C'est vrai quand tu dis que ton papa a besoin de faire une sevrage pour retrouver sa lucidité - mais le problème est là, trouver une structure qui accepte de prendre en charge quelqu'un qui y va en reculant.
Bon courage à toi

Profil supprimé - 17/12/2018 à 19h28

Merci pour ton message. On manque de prise en charge en France, et ça se dégrade depuis quelque temps malheureusement... Et même lorsque la personne est prise en charge, les choses ne sont pas simple, comme tu l'as dit (surveillance, refus, décharge... tout le monde se renvoie la balle). Mon père a été plusieurs fois hospitalisé en hôpital psychiatrique, dans un service traitant la dépression, l'alcool (souvent ça va de paire), mais aussi des troubles lourds comme la schizophrénie. Ça ne doit pas être facile de faire face à certain de ces profils, avec du personnel hospitalier qui t'humilie, qui te traite comme un moins que rien. La dernière qu'il y a été, se son plein gré après le passage aux urgences, on l'a "viré" au bout de 3 jours, alors qu'il devait resté au moins 5 jours, ils ont même refusé de s'occuper du déplacement chez le médecin addictologue qu'il suit habituellement... En gros, on l'a foutu à la porte, prétextant qu'il allait très bien. On aimerait l'envoyer dans une autre structure, beaucoup mieux, mais ce n'est pas dans le même secteur, il ne peut pas y être amené après être passé par les urgences. Il a toujours refusé les cures aussi, et ce sont pas les médecins et psy qui le convaincront... D'après eux, dans plus de 90% des cas c'est un échec.

Bon courage aussi pour ton fils, il faut garder espoir. Il a quel âge ?
En ce qui me concerne, mon père est la personne que je déteste le plus au monde lorsqu'il est alcoolisé, mais il peut être aussi quelqu'un de très bien dans son état normal, bien que souvent dans le dénis : "ce sont les autres les alcooliques, lui c'est juste le verre de trop". Sans nous, il serait déjà mort depuis longtemps.

Profil supprimé - 18/12/2018 à 20h35

Fitz et Losingmyreligion bon courage, il y a toujours de l'espoir !
Ma mère est dans le même cas, elle aussi est dans le déni total, "j'ai bu seulement une bière", "je vais bien"...pour elle tout va bien ...elle était dans un "centre" de repos mais c'était un vrai moulin et c'est un véritable échec. On voudrait qu'elle parte en cure pour qu'elle se fasse sevrer mais elle n'en a pas la force, ni la volonté nécessaire...elle n'arrive plus à réfléchir.
Pour moi, cela fait uniquement (déjà beaucoup trop) 2 ans qu'elle est dans ce système mais j'ai l'impression que tout est inutile et efficace. Parfois je me dis que je suis foutue que l'on va continuer comme ça et que l’irréparable va arriver. Et si ce n'est pas ma mère, ce sera quelqu'un d'autre de ma famille. Cette maladie est mortelle, et pas seulement pour le malade !
Malgré tout, rien n'est fini ! Grace à ce genre de forum je me sens un peu moins seule face à ce soucis. Et tout ce que je peux dire c'est qu'il faut continuer à se battre, à discuter et soutenir la personne. C'est en discutant qu'on peut trouver des solutions et ne rien lâcher. On s'en sortira car après tout..."après la tempête, viens le beau temps" non ?

Encore bon courage à vous ! Nous ne sommes pas seuls.

Losingmyreligion - 24/12/2018 à 14h44

fitz: Mon fils à 34 ans, j'ai l'impression que tu as le même age que lui.....Il est toujours en post cure à Bucy. Pour l'instant ça tient. On l'a eu au téléphone 4 fois et je sens qu'il évolue dans le bon sense. Si lui il peut y arriver ton père peut aussi. Il fait pas perdre espoir.
Pour envoyer ton père dans une structure hors secteur il faut s'adresser à une association. Aurore, Apte, Edvo, je connais, mais il en a d'autres. Mon fils est soigné dans l'Aisne mais nous habitons le Val de Marne. Sinon tu peux t'adresser aux AA, ou al-Anon, eux ils connaissent toutes les possibilités. Si tu me dis dans quel departement tu es je peux essayer de vous aider.
Courage !

patricem - 24/12/2018 à 18h23

Bonjour,

N'oubliez pas de contacter aussi les modérateurs du site : ils peuvent vous aider à trouver des structures dans votre région.

Et aux AA, ils vous diront aussi que les échecs des cures sont souvent dues au manque d'accompagnement derrière. Il faut que le patient continue de voir un groupe de parole, sinon, livré à lui-même (au sens malades, pas familial)...

Passez quand même de bonnes fêtes,

Patrice

Profil supprimé - 07/01/2019 à 20h12

Merci pour vos dernières réponses, désolé de répondre un peu tard. Mon père va mieux, même si la rechute n'est jamais loin.

Je me renseignerai auprès d'associations la prochaine fois. Les AA je n'y ai jamais été mais mais mon père et ma famille ne s'y sont pas vraiment retrouvés, ça ne les a pas aidé (trop religieux / catho).

Bon courage avec vos proches et bonne année.

Losingmyreligion - 09/01/2019 à 06h43

Je suis d'accord avec toi fitz, AA donne l'impression d'être un mouvement religieux mais ce n'est pas le cas. On demande aux adhérents de croire en une force supérieure qui va les aider à surmonter leur dépendance, et cette force supérieure ils choisissent eux même. Un peu comme un guide spirituel.
En tout cas je suis content que ton papa va mieux. Profites de ce moment pour prendre les forces, et les armes pour le prochain combat, car comme tu dis, la rechute n'est jamais loin, only a glass away, malheureusement.
Nous sommes allés rendre visite à notre fils dans le contre APTE, à Bucy Le Long. Il va mieux, il est en train de changer, je commence à espérer.
Je vous envoie tous du courage et l'espoir pour cette année à peine entamée.
L'année du changement.

Losingmyreligion - 03/05/2019 à 16h44

Je reviens vers vous pour vous donner des nouvelles de mon fils. A la sortie de sa réhabilitation il a tenu bon 10 jours. Il est actuellement quelque part à Paris car il vient d'être renvoyé de l'hôpital psychiatrique Les Murets dans la Val de Marne parce qu'il a bu.
Il a bu parce qu'on l'a laissé sortir avec sa carte bleue, non accompagné bien sur.
Il est allé là bas volontairement et était en train d'organiser une placement longue durée avec l'aide de l'addictologue qui est sur place.
On arrivant il leur a dit qu'il n'avait pas le control de ses actes. Il a était encore une fois bafoué par le system. Tu demandes qu'on t'enferme parce que tu n'arrives pas seul, on te dit ok mais la porte est ouverte si tu veux sortir. Quand j'ai parlé aux infirmières elles m'ont dit "il est majeur on ne peut pas l'empêcher". On voulait le faire interner car on sait qu'il n'est pas fiable mais on ne nous a jamais répondu. Pas de rv avec le médecin "trop occupé". En 10 jours j'ai appelé 20 fois.
Je suis au bout du rouleau. Et lui il est en train de boire quelque part. Avec une ordonnance délivré par l'hôpital pour des somnifères, valium, theralene +++++ médicaments puissants à prendre sous surveillance et surtout à ne pas mélanger avec de l'alcool.
Voilà le system en France.

Profil supprimé - 19/05/2019 à 20h04

Bonjour, désolé je réponds un peu tard.

J'espère que vous l'avez retrouvé et que la situation s'est un peu arrangée. Encore une fois je me retrouve beaucoup dans votre témoignage : le discours "il est majeur, on ne peut rien y faire", le nombre de fois ou mon père a fugué de l’hôpital, le médecin qui ne veut plus l'interner, les mélanges valium et alcool... On est impuissant face au système.

Malheureusement, en ce ce qui me concerne, j'ai tout perdu, le drame est finalement arrivé. Ma mère est décédée fin février de sa maladie. C'était si soudain, elle nous a caché jusqu'au bout la gravité du diagnostic, elle savait depuis plusieurs années qu'il n'y avait pas beaucoup d'espoirs. Elle a voulu préserver sa famille, je n'arrive toujours pas à réaliser comment elle a pu être aussi forte. Un jour de février, j'ai appris au téléphone par ma sœur qu'il ne lui restait plus q'un mois à vivre, voir beaucoup moins... 2 jours plus tard elle est partie. Mon père a rechuté quand il a appris la nouvelle, il nous a laissé tombé moi et ma sœur jusqu'au funérailles, on a du tout gérer seul. Heureusement il s'est remis le jour des obsèques. Pendant 1 semaine et demi il est resté sobre, sous anti dépresseur, et on s'est soutenu mutuellement. Puis il a repris son travail, l'alcool... Et 2 jours après il est décédé, de mort naturelle. Il voulait tenir, se battre à nos côté, mais son corps a lâché.

Je ne sais pas quoi rajouté. En 2 semaines, j'ai vécu les jours les plus durs de toute ma vie. Mes parents n'avaient même pas atteint les 60 ans... Heureusement que ma soeur était là et est toujours là. Je suis encore debout, j'ai quitté mon emploi, j'ai changé de région, j'ai repris la maison familiale. Il faut que je m'occupe de leurs animaux domestiques, de leur grand jardin à l'abandon, je gère aussi l'entreprise de mon père en attendant la vente. Qu'est-ce que la vie peut être cruelle. L'alcool, la maladie, des années de souffrances pour en arriver là...

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