Bonjour tout le monde,

Je vous laisse quelques mots ecrits pour une autre occasion qu ici, mais en les relisant je me suis dit que c etait peut etre à partager, ici.

Je vous souhaite courage à tous, dans vos combats contre l alcool et je vous souhaite du fond du coeur qu ils n en soient vite plus.

Merci et bon courage aussi a toute l.equipe qui recoit les mots, les maux et les sourires parfois Des ptites lumieres...

Et salut mon ami Oliv !!

Bonnes routes à toutes et tous.

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Il était une fois...


Une nuit d effroi. 

Une nuit avec la Mort, une nuit avec le manque, une nuit avec tout ce qui a fuit entre les mains, une nuit avec tout ce qu il a fuit. 

Pendant si longtemps...

Une nuit où quand les paupieres se ferment ce sont des vagues du passé qui viennent régulièrement, inlassablement, mettre la tete sous l eau, priver d air.

Une nuit où, quand elles s ouvrent, c est sur les sens retrouvés. Vifs, aiguisés, aux aguets, densifiant la perception. 

La perception du froid de chaque objet dans la piece, la perception de la vie pas à sa place, la perception de l envie de se vomir. De se vomir jusqu a ce que l estomac, le ventre, les trippes sortent. Jusqu a ce que l enveloppe se retourne completement, entierement sur elle meme. 

La perception de la solitude. 

Malgrè la presence sur le lit voisin d un etre humain. Il dort. Ca lui change de bad trip comme aller pisser par la fenetre. C est vrai c est con pisser par la fenetre, suffit d un vent defavorable malvenu... Et puis ca caille meme l ete en montagne. Alors que le chiotte est la à 2 metres... 

Il est psychiatre, ca doit aider pour atteindre ce lacher prise... 


Et il est là comme lui, pour tenter de comprendre ce qui pousse a ces fuites, a ces destructions de soi, des autres. Mais lui, ce medecin de la tete, ne le sait pas, il pense etre la pour l alcool. Et se gave de medocs... 


Cette image de lui, celle que lui renvoie cet homme au visage rougi par le melange des cames legales, F la fuit. Elle porte sa mort.

Et pourtant a cet instant, dans ce froid, cette solitude, il trouve un chemin d empathie pour la detresse qui est en face de lui. Qui est aussi la sienne. 

C est peut etre pour ca que le personnel soignant de ce centre de post cure l ont mis avec lui. Les 2 autres avant ont faillit lui faire rejoindre sa pisse 2 etages plus bas... 

Mais pas lui. Non pas qu il ne soit pas porteur de violence, mais elle est soumise à des choses precises que cet etre la ne touche pas. 


De l empathie...


Cette chose qui fait plonger en l autre, ressentir ses douleurs, ses images, ses sensations au plus profond de soi. 

Cette chose qui fait autant hair et fuir l humain que l aimer profondement. 


Hair et fuir, se hair et se fuir. 

C est ce qui reste dans sa memoire de ces dernieres annees.

Mais s il remonte le chemin du Temps, la en.fermant les yeux, il peut voir avant la fuite. 

Ses sensations si fortes au monde. Aux mondes, mais ca il l oublie encore... 

Ses sensations et cette passion a la Vie. 

A l Amour qu il trouve aupres de chaque chose vivante. 

Ce renard qui l accompagnait partout, invisible pour ceux qui ne savent plus voir.

 

Et puis les coupures, nettes. 

Les coups de rasoirs assénés par les emotions trop fortes... Qui vont graver le coeur, le corps. 

Qui vont se chrystalliser dans le ventre, dans la tete. 

L enfance... Pourquoi nous font ils croire qu un jour il faut que ca s arrete... 


Et puis la protection. 

Une fille superbe qui danse sur la piste d une salle des fetes. Elle doit avoir 16 ans. De long cheveux presque roux, chacun de ses mouvements le transporte. 

Lui il a 13/14 ans, semble plus vieux, mais à l interieur ca s est arreté bien avant ca. Sur le ressenti de ce type d emotion il a de 5 a 7 ans... Alors dedans c est la panique. 

L appel est fort mais la peur de ce qui se passe au dedans l est aussi. Plus. 

Et la, à portée de main, la solution. L alcool.

3,4 verres. Pulsionellement. Sans savoir, sans comprendre...

Ca a liberer. Ca a soigné.. 

Et il a dansé.


Alors bien sur y a pas eu de 2eme danse, pas eu de plus, parce que ca a commencé a tourner dans tous les sens... Au reveil il y avait son vomi sur le lit a coté de lui, il aurait pu mourir ettouffé mais tout le monde en riait et lui a dit:  Bravo !! T es un homme. 

Et lui tout son etre se souvenait, derriere la gueule de bois, qu il avait pu danser avec cette fille, qu il avait pu calmer les volcans emotionnels grace a cette eau de vie... 


Apres ce fut la belle vie. Le sport encore present intensement, le ski, la moto en sensations fortes. Et quand il fallait aborder des emotions trop genantes la reponse etait la, legale, parfaite. Si parfaite. 



Mais les fuites s intensifiaient, les prises aussi. Y a pas de bascule nette de je vais bien à je suis accro. Ca s immisce doucement, ca se melange au sang, ca se repand jusqu a devenir une identité. Sans laquelle il ne sent plus etre. 


Et il y a un an, ce medecin au reveil d un exam du ventre... 

Ah ben oui il se doutait bien que se reveiller en vomissant du sang et en buvant une biere avant un café ca pouvait pas aller vers le bien etre. Mais c etait quoi ca par rapport a l horreur de voir ses mains trembler, de sentir chaque respiration comme une angoisse si la dose n est pas la... C etait quoi par rapport a l apaisement que lui apportait la 2 eme biere a 8 degres, 1 heure apres le reveil. 

Seulement la, les evanouissements avec cette douleur a l estomac ca montrait une limite... 


Vous buvez? 

La voix du toubib resonne encore dans sa tete. 

Sa reponse aussi..

Non... Avec sa petite interieur: Mais mec t es serieux?? Tu pues l alcool par chaque pore de ta peau, par tes yeux meme!! Tu ceois vraiment qu il va gober alors qu il vient de visiter ton estomac?? Mort de rire!!!

Vous buvez?

A ben non il ne gobe pas... 

Et ses mots encore: ben normal quoi... 

Parce que dans sa tete dire oui, c etait aussi dire oui et ca craint, je suis paumé avec ca.

Le toubib l a fait pour lui.

Si vous buvez. Quand on boit comme vous ca fait des tous petits trous partout le long de l oesophage, dans l estomac. 

Normalement quand il y a un ulcere on coupe ce bout et on recoud. Mais vous c est de la dentelle de chair. Vous avez deja essayé de recoudre de la dentelle de chair? 

Heu... Non il n avait jamais essayé mais il par contre il avait bien l image...

Si un ulcere saigne abondamment on ne pourra rien faire et vous mourrez d hemorragie interne. Il vous reste 3 ans a peu pres si vous n arretez pas. 



Il a mis un an a trouver le bon moment. 

Le temps d etre potentiellement pere et assez conscient ou lache pour dire non, je ne peux pas. Et faire vivre l avortement. Seule.


Imaginer arreter c etait comme se retrouver devant l a pic une falaise. 

Au bord. 

Et il faut sauter. 

Y a pas de fond visible et il faut sauter. 

Ce vide c est lui. 

En dehors de l alcool il ne sait plus ce qu il est. 


Il a sauté parce derriere lui la Mort arrivait vite. Il a sauté par peur. Une peur plus grande que celle de ce vide... 



Et 3 mois apres, tout ca lui revient dans cette chambre. Il retrouve son corps mais aussi ses peurs, tout ce qu il a fuit... 

Tout ca se bouscule, tout est la, ca remue, il ressent toute l odeur nauseabonde que ca porte, toutes les peurs viscerales. Mais ca va aller, ca va passer, ca va etre tortueux mais il y a une lumiere... 


Ca gromelle a coté. Le psychatre a du sentir qu il fallait qu il intervienne. 

Il se leve. 

Il commence a marcher, F le regarde, vient il vers lui? 

Non.

Il s arrete avant. 

A la fenetre.

Il l ouvre....

Vent contraire..?



15 ans apres, annees de parcours conscients ou inconscients, douloureux ou heureux mais vécus,  il se redecouvre. De plus en plus entier. De plus en plus proche de son essence. Porté en ca par le regard empli d Amour d une femme. 

Regard qui lui apprend doucement à s aimer..."