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La Peur d'arrêter

Par BeBop

Bonjour à tous,

Comme pour beaucoup, je viens occasionnellement sur ce forum, lire vos messages et vos témoignages, pour y trouver de la force, se sentir moins seul et surtout compris face à l'alcool. Je tenais donc à apporter ma pierre à l'édifice, parler de ma façon de consommer, de mon alcoolisme spécifique (parce qu'on a chacun le sien j'ai l'impression) en espérant que d'autre pourront se reconnaitre.

J'ai 30ans, je bois majoritairement seul tous les jours depuis mes 20ans. J'ai commencé à boire malgré moi, en essayant d'arrêter le cannabis qui me pourrissait la vie à l'époque. Ca a commencé par une bouteille de rosé le soir. Puis je suis rapidement passé à la vodka, et finalement je me suis tourné vers les bières fortes (la fameuse cannette verte à 11,6% pour ne pas citer de marque) où j'en bois depuis plusieurs années environ 2,5L par jour.

Le plus étonnant dans tous ça c'est que je n'ai jamais vraiment aimer l'alcool. Dès les premiers mois où j'avais commencé à boire, je n'avais qu'une idée en tête : c'était d'arrêter. Je ne me souviens pas d'une seule fois où je me suis dit "Oh c'est bon c'est rien qu'une petite bouteille, on arrêtera un autre jour". Autrement dit, j'ai vécu ces 10 dernières années à me battre contre ça, tous les jours, à culpabiliser sans y prendre le moindre plaisir, mais malgré tout prisonnier de cette addiction. Juste à m'observer me détruire, me battre chaque jour dans ma tête, serrer les dents, mais en étant complètement démuni.

Pour donner une analogie, ce serait comme une personne dont le plus grand rêve serait de faire un saut en parachute. Et une fois dans l'avion, prêt à faire le grand saut, se retrouve complètement tétaniser, se fige complètement devant le vide, malgré cette envie et ce désir très profond de faire le grand plongeon.

Et bien je me sens comme ce parachutiste depuis ces 10 dernières années. Complètement figer, bloquer sur place, malgré cette envie folle d'avancer et d'enfin embrasser la sobriété que je cherche depuis mes premiers jours..
C'est pour cette raison que j'ai souhaité écrire ce message, sur ce phénomène : La peur d'arrêter, la peur de faire le grand plongeon.

Je ne parle pas ici de la peur du sevrage, ni celle de dire aux autres qu'on ne boit plus, de la pression sociale. Mais vraiment de cette peur fondamentale de vivre sans alcool, à quoi notre vie va ressembler après ? Après toutes ces années à boire plusieurs heures par jours, la sobriété est devenu pour moi un épais brouillard et je n'ai aucune idée de ce qu'il y a derrière, et encore une fois, je reste là, figer devant.. La peur de commencer cette nouvelle vie, de devoir reconstruire tout ce que l'alcool à détruit dans ma vie. La peur.

Bien évidemment on ressent des fois cette flamme profonde qui nous donne l'impression qu'on peut soulever des montagnes, habité d'un courage et d'une motivation formidable. Alors on arrive à rester sobre quelques jours au mieux. Mais la peur et l'angoisse reviennent vite, alors on replonge. Et on en ressort un peu plus affaiblit à chaque fois.

Donc pour celles et ceux qui ont véritablement dépassé cette peur de l'inconnu, cette peur de la sobriété, cette peur de devoir tout reconstruire malgré un désir profond de le faire, manifestez vous svp. Si vous avez des conseils... Je sais bien que la sobriété est formidable, j'ai lu et vu suffisamment de chose sur ça, mais la peur est quand même là..

Un deuxième problème que je rencontre c'est celui de m'être habitué à vouloir arrêter de boire. Je m'explique : J'ai tellement fait de tentative d'arrêt, que maintenant c'est presque devenu une routine, je me couche presque chaque soir en ayant la ferme intention d'arrêter, j'ai pris ma décision, l'alcool c'est terminé. Puis le lendemain je replonge. C'est devenu un rituel quotidien. Je ne compte plus le nombre de "déclic" que j'ai eu depuis toutes ces années, et j'ai l'impression d'y être devenu insensible maintenant. De ne plus y croire.
Donc pareil, si vous avez des conseils sur ce point n'hésitez pas...

Je vous souhaite à tous une magnifique année 2023 en espérant vous lire bientôt happy

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1 réponse


Today - 06/01/2023 à 16h24

Bonjour bebop.

Que de bonnes questions !
Quelle belle réflexion sur ce sujet qu'est l'alcoolisme.

Buvais-je pour le goût de l'alcool ? Parce que j'aimais ça ?
Depuis que j'ai arrêté, je me suis rendue compte que non.
Ma relation à l'alcool était bien plus profonde (parfois j'en parle comme d'un amant).
Ça a été ma bouée de secours, mon anxiolitique, mon garde-fou, mon "flouteur" de vie, mon désinhibiteur, celui qui me permettait de me voiler la face, de garder enfoui au plus profond ce qui n'allait pas, celui qui m'a permis de continuer (malgré mon véritable "moi"blunk à jouer un rôle dans ma propre vie, celui qui me permettait de m'effacer en toute impunité, celui qui m'a maintenue tout ce temps ou je n'étais pas prête ni assez forte pour faire face.
A me lire, l'on pourrait se dire qu'il a été mon meilleur ami....
Mais il m'a leurrée sur ma vie, m'a fait croire que je ne méritais pas mieux de toute façon, m'enfonçant de plus en plus, m'effaçant de plus en plus.
Un suicide à petit feu.

L'arrêt répétitif? Un arrêt de 3 mois avec cette idée au verre repris que je saurais gérer (faux). Y replonger. Arrêter quelques jours. Me modérer. Replonger.

Et puis un matin comme un autre dans le sens où je m'étais pas plus alcoolisée la veille que les autres veilles. Ce mal être profond, une décharge.
Ça n'a pas été "demain promis j'arrête!". Ça n'a pas été "je diminue".
Ça a juste été "j'arrête".
Pas d'objectif de durée ainsi pas de promesse qui ne serait peut-être pas tenue.
Juste là j'arrête. Parce que c'était ça ou mourrir.

Et j'ai fait ainsi un jour à la fois. Le fameux "aujourd'hui je ne bois pas".
Ne pas penser à demain. Juste l'instant présent. Être dans l'intemporel.
Ne plus "tenir", ni lutter. Juste être là dans l'instant et savoir que là maintenant je ne bois pas.

La peur. Oui je comprends ! Qu'est-ce qu'il nous tient cet alcool ! Ou plutôt qu'est-ce qu'on y tient !
Fini le garde-fou !
Mais c'est une relation toxique. Et comme telle, oser la quitter, c'est sortir de notre zone de confort donc la peur, le manque....c'est finalement devoir faire face à nous-même et nos démons endormis jusque là par l'alcool.
C'est décider de devenir acteur et non plus spectateur ni victime.

C'est enfin accepter de panser nos blessures. Se savoir avoir en soi de quoi "reconstruire", renaître et enfin vivre !
Vivre en acceptant la vie telle qu'elle est, ses joies, ses tristesses, ses aléas...juste la vie.
Se faire confiance. Nous avons peur et c'est bien légitime mais nous pouvons en faire un moteur plutôt qu'un frein.
C'est juste là. En nous. Parfois bien enfoui, mais là.

Ça va faire 16mois de mon côté que je n'ai pas touché à une goutte d'alcool.
Je ne regrette pas.
Cet alcool, même si cela peut choquer, je le remercie. J'ai pu tenir le temps de réussir à être prête, assez forte pour lui dire au revoir.

Cette peur.....il faut en faire votre meilleure amie. Elle est là pour vous avertir mais vous ne devez pas la laisser diriger votre vie.
Vous seul en êtes décisionnaire !

Je conseille personnellement de ne pas se lancer solo dans cette aventure qu'est l'arrêt du produit addictif. C'est casse-gueule la plupart du temps.
Un suivi régulier psy, addicto ou autres me semble nécessaire afin de nous accompagner dans la découverte du "pourquoi".

À bientôt
Et je vous souhaite aussi une belle année 2023

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