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Journal de liberté

Par rewinder

364 réponses


Moderateur - 29/09/2020 à 09h50

Bonjour Rewinder,

C'est un progrès significatif que vous vous devez à vous-même. Bravo !

Le modérateur.

rewinder - 29/09/2020 à 10h23

Salut Modérateur,

Oui, je me le dois à 95% à moi, mais à 5% aussi et à mes confrères et consoeurs en lutte contre la dépendance, pour les encouragements qu'ils m'ont prodigués ici. Et à vous, l'équipe d'AIS, grâce à laquelle j'ai préparé mon sevrage, au début du mois d'aout, par le biais du chat, et à vous, anonymes modérateurs/trices qui m'encouragent régulièrement. 5%, c'est peut-être pas beaucoup, mais sans ces 5%, j'aurais pas atteint les 100%...
Je m'en suis rendu compte la semaine dernière, quand j'ai eu un coup de moins bien après la répétition de mon groupe : les petites voix tentatrices ont disparus après votre message. Je les aurais peut-être bien fait disparaitre moi-même, mais ça aurait pris un peu plus de temps. Il n'y a pas de PETITS coups de pouce, y'a que des coups de pouce TOUT COURT.
Donc, donnez-moi votre adresse, je vous fais livrer une caisse de Champomy vieilli en fût de chêne (une tuerie !)

Moderateur - 29/09/2020 à 12h55

Notre équipe vous remercie Rewinder happy

De tels retours nous donnent du baume au cœur.

Bien frais le Champomy s'il-vous-plaît !! haha blunk

Pour l'équipe,

le modérateur.

rewinder - 04/10/2020 à 10h13

Hier, nouveau test, toujours lié à la musique : après avoir surmonté l'épreuve "fête", puis l'épreuve "répétition" avec le groupe, le nouvel obstacle était de passer l'épreuve "concert dans une fête". Dans un concert normal, ça va à peu près : l'alcool est disponible, mais sans plus. Mais un concert dans une fête... là, la gnôle est omniprésente, tout simplement. Le public est autour de toi, tout le monde à un verre à la main, et quand le groupe joue pas trop mal, tu peux être sur qu'il y a des bonnes âmes charitables pour t'amener une bière, un verre de punch, bref tout ce qu'il... ne me faut pas.
Je dois le reconnaitre : j'avais les jetons. Depuis deux jours, la perspective de ce concert me rendait nerveux. Vendredi après-midi, j'étais d'une humeur de pit-bull croisé avec un Predator. En plus, ma voiture tombe en panne (une panne de...batterie, pour un batteur, ça le fait, non ?).Mais bon, j'ai bien tout lu Freud, il ne parle pas d'effets psychosomatiques sur les voitures....

Samedi, j'en étais arrivé (je jure que c'est vrai...j'ai honte...) à envisager de dire à mes potes du groupe et aux organisateurs du concert que j'avais des symptômes du CoVid19, pour ne pas aller à cette fête. Mais bon : 1°) j'aime pas trop reculer devant un obstacle, je préfère lui foncer dans le lard, 2°) C'était une sorte de "fête de fiançaille", pour des gens que j'aime bien 3°) la seule raison vraiment valable : j'ADORE TAPER SUR MES CAISSES.

Donc : j'y suis venu, mais j'ai rien rien bu, et donc j'ai vaincu. Champomy pour tout le monde, Tourtel pour les autres. Et une fois encore, je me suis amusé, j'ai bien rigolé avec les potes, et j'ai pris un plaisir de dingue à jouer. Bon, OK, une fois le concert terminé, j'ai pas eu envie de rester, la compagnie de la viande saoule commence à me ...saouler. Et du coup, je suis rentré chez moi de bonne heure, et j'ai dormi plus de 8h, du sommeil tranquille du mec qui a fait ce qu'il voulait faire.
Et une fois encore, la profonde satisfaction, ce matin, d'ajouter une nouvelle perle à mon petit collier perso : 1 mois, 2 semaines et un quatrième jour sans alcool qui commence. La vita e bella.

rewinder - 11/10/2020 à 10h49

Vous vous rappelez de ce film de John Mc Tiernan, « A la poursuite d’Octobre rouge » ? L’histoire d’un groupe d’officiers d’un sous-marin soviétique, bien décidés à passer à l’ouest.
Pour s’assurer de ne pas changer d’avis, et renoncer à son projet, leur commandant décide alors de prévenir les chefs de la Marine russe, qui commencent à rechercher le sous-marin pour le couler.

Et bien, j’ai fait la même chose, toutes proportions gardées. Jusqu’ici, je n’avais parlé à personne - sauf sur ce site - de ma décision d’arrêter de boire. Je l’ai dit un peu plus haut dans ce journal : ma fierté et mon amour-propre sont mes meilleurs aiguillons.
Car j’ai besoin, pour me raser le matin, de pouvoir me regarder dans la glace. Et au delà du regard que je pose sur moi, le regard que ceux et celles que j’aime posent sur moi sont également précieux. A commencer par le regard de ma chérie.
Alors, jusqu’ici, j’étais resté prudent. Je ne m’étais pas vanté de ma décision. Parce que, dans un coin de ma tête, je doutais encore de moi, de ma capacité à tenir. Parce que je me disais « si tu dis que tu as arrêté de boire, et que dans un mois, un trois mois, un ans, tu craques, alors tu perdras toute crédibilité. »
Eh bien justement, alors. Le dire à mes proches, à ceux et celles dont l’opinion compte pour moi, c’est m’obliger à croire en moi, à trouver en moi la force de lutter, jour après jour. Leur dire, c’est « bruler mes vaisseaux », comme l’a fait Cortez après avoir débarqué sur la côte d’Amérique du Sud. Pour s’obliger a continuer. Pour ne pas se laisser le choix de la faiblesse et du découragement.

Alors, un midi, j’ai donc pris mon courage à huit mains (fallait au moins ça) et j’ai annoncé à ma chérie que j’avais pris la décision d’arrêter de boire, et que j’étais sobre depuis déjà près de 2 mois. J’ai lu de l’étonnement dans ses yeux, quand je lui ai dit que j’étais alcoolique, et pas seulement que je « buvais un peu trop ». Puis j’ai lu un peu de colère, quand elle a compris que j’avais réussi à lui cacher ma consommation, pendant plusieurs années.
Mais cette colère est heureusement passée très vite. Et elle a été remplacée par une petite lumière, allumée par la flamme de mes navires en feu. Et cette lumière éclaire les heures difficiles.

rewinder - 20/10/2020 à 19h06

Demain mercredi aurait du être l’anniversaire de mon second mois de sobriété. C’est malheureusement l’anniversaire de ma première semaine de reprise de consommation d’alcool.
Reprenons depuis le début : mercredi dernier. Le mercredi est un jour compliqué pour moi : c’est celui où ma chérie est absente de la maison pendant une bonne moitié de la journée. Or, comme je l’ai expliqué, je fais en sorte qu’elle ne me voit pas boire. Donc le mercredi est un « bon jour pour boire », si tant est qu’il puisse y avoir un bon jour pour se détruire. Qui plus est, le mercredi précédent je lui avais annoncé que j’avais arrêté de boire. Et que je crains de la décevoir plus que tout au monde. Bref, je m’étais mis la pression tout seul comme un grand - j’y reviendrais plus tard.
Dès le mercredi matin, donc, je sens l’envie de boire qui monte, sauvagement. Je tente mes stratégies de détournement d’attention : faire quelque chose que j’aime à la place, mes petites respirations méditatives. Mais rien n’y fait : je suis comme obsédé par une chose : aller à la supérette du village voisin et acheter une bouteille de vodka. Je me suis fixé sur la vodka a cause de cette légende selon laquelle « on ne sent pas que tu as bu avec la vodka ». (Eh, j’ai bien dit que c’était une foutue légende, l’une de celle qu’on aime tant, nous les aventuriers de la bouteille perdue / qui nous perd).
Dès 8h du mat ‘, je suis sur ce site, en espérant voir le bouton du chat passer au vert. Mais il reste en « indisponible ». Trop de confrères et de consoeurs dans le même cas que moi. Ou pas assez d’écoutants embauchés pour nous répondre à tous, va savoir.

A 13h30, ma chérie part pour donner ses cours. Et moi je pars dix minutes après pour aller acheter ma drogue. J’ai une drôle de sensation, comme si je me regardais d’une manière totalement détachée en train de faire cette énorme connerie, comme si j’étais une sorte de Léon Zitrone du commentaire alcoolique « Mesdames et messieurs bonsouaaaar, la dernière course vient de partir, et ce vieux con de Rewinder va se précipiter tout droit sur les obstacles qu’il voit pourtant gros comme une maison et se vautrer comme une daube ». Ma vigilance, ma combativité des semaines précédentes sont aux abonnés absents.
Je prends ma voiture, je fais les 7 kilomètres qui me mène jusqu’à cette supérette, je me gare, je rentre, je ressors un quart d’heure après avec 75cl de vodka et une bouteille de soda au citron (les bulles, ça aide l’alcool à monter plus vite au cerveau). Je remonte dans ma voiture, 7 km retour, j’arrives chez moi, je grimpe dans mon antre, mon studio, l’endroit où je travaille, compose, écrit, monte mes films, je dévisse la dernière sécurité, cette capsule qui est la dernière frontière entre moi et ce poison, je le verse dans mon verre à poison préféré, un tiers d’alcool de patate pour la super-patate, deux tiers de soda au citron, et je vide ce verre d’un coup sec, et ça ne me fait rien, j’ai arrêté de boire depuis 2 mois et pourtant c’est comme si j’avais encore bu hier soir, alors je reverse un tiers d’alcool de patate, deux tiers de soda… Quatre heures plus tard la bouteille est vide, et moi je ne suis toujours pas rempli pour autant.
Je suis allé m’écraser sur mon lit, non sans avoir préalablement fait disparaitre toute trace de mon écart.

Le lendemain c’est pire que tout. Je n’ai pas la gueule de bois, et je n’ai pas non plus la moindre culpabilité. Par contre en consultant ma messagerie, je m’aperçois que j’ai commis un post très agressif sur un réseau social, dans le but de dire ma colère contre des gens que j’aime qui se laissent aller à cautionner des théories nauséabondes. Mais je suis QUI pour oser leur donner des leçons ? Moi qui ait, une fois de plus, laissé gagner l’alcool dans le match épuisant qui m’oppose à lui ? Je me tape presque 2 heures de chat sur cette messagerie avec ces gens, je me laisse humilier, sans me défendre, je dis que j’ai eu tort, alors que je sais bien que j’ai eu raison - mais que je l’ai exprimé n’importe comment, du fait de mon alcoolisation.

L’après-midi je pars faire un reportage, au retour je sais quel est le piège : repasser par la supérette, acheter une nouvelle bouteille d’alcool de patate et une nouvelle bouteille de sirop. J’arrives à un rond-point : si je vais tout droit, je vais à la supérette. Si je tourne à droite, je retourne chez moi. Et là, ouf, je suis un héros, et je tourne à droite. Champomy pour tout le monde, Tourtel pour les autres
Le jeudi, le vendredi, le samedi, le dimanche, je reste sobre. Je me dis « bon OK, c’était juste une crise ». Faire comme si de rien n’était, quoi. J’ai passé 42 ans à faire ça, autant dire que mon numéro est super top au point.
Et puis hier matin, ma chérie part de nouveau, je retourne à la supérette, j’achète cette fois une bouteille d’un litre d’alcool de patate. Ce mardi matin elle était vide, je suis retourné en acheter une autre. J’écris ce texte en état d’alcoolisation. Demain c’est mercredi. Demain je voudrais ne pas acheter de nouvelle bouteille d’alcool de patate. Demain sera un autre jour. Je voudrais bien que ce soit un nouveau jour.

Une dernière chose : j’ai essayé de comprendre ce qui s’était passé, parce que je persiste à vouloir arrêter. Je n’ai vraiment pas compris cette espèce de « vague d’envie » de boire, à laquelle je suis pourtant confronté depuis 42 ans, et que je croyais pouvoir maîtriser. Mais j’ai cru comprendre une chose, une chose que j’ai apprise dans la rue : faire le beau ne sert à rien. J’ai fait le beau, ici, et surtout dans ma tête, en me disant que « c’était la bonne », que j’allais arriver à dominer la bête. Je me suis mis la pression, tout seul comme un grand. Mais la bête s’est moquée de moi, elle m’a plaquée au sol et m’a montré qu’elle était forte, plus forte que je croyais l’être moi-même.
OK. Mais gagner un match, ma belle, ce n’est pas gagner la guerre. J’ai bien compris l’état de mes forces, et surtout celui de mes faiblesses. Maintenant tu vas devoir te battre contre un homme averti.

Moderateur - 21/10/2020 à 11h26

Bonjour Rewinder,

Nous sommes évidemment tristes de lire que vous vous êtes réalcoolisé ces derniers jours. Mais pour nous rien n'est changé : vous êtes toujours un homme qui se bat tout à fait dignement contre l'alcool et qui le raconte avec talent.

Nous connaissons ce phénomène de craving qui vient généralement "d'on ne sait où" et le dédoublement de personnalité qui s'en suit. Comme si on n'était plus soi-même on va acheter la foutue bouteille, mécaniquement. Cela interroge évidemment. S'agit-il de vous punir de quelque chose ? S'agit-il d'avoir peur de trop bien "réussir" ? En tout cas ce n'est pas une question de manque physique mais bien de pulsion à consommer qui vient tournebouler les efforts consentis et ravaler les illusions.

Mais nous restons néanmoins persuadés que vous restez dans une démarche solide. Certes l'alcool est fort et impose une certaine modestie ou plutôt une modestie certaine. Vous êtes cependant toujours au combat alors nous restons confiants pour vous.

Ce qui a pu vous manquer à ce moment-là, outre le rendez-vous manqué avec le chat (n'hésitez pas à essayer le téléphone si le chat n'est pas disponible), c'est peut-être un "parrain" ou une "marraine". Quelqu'un dont vous avez le numéro personnel et à qui vous adresser en toute confiance dans les moments cruciaux. Votre aventure nous fait penser en tout cas que vous êtes peut-être mûr pour une rencontre avec une association d'anciens buveurs : Alcooliques Anonymes, Alcool Assistance, Vie Libre ou autre en fonction de ce qui peut être disponible dans votre région et de ce qui vous convient. Dans ces associations vous pourrez trouver un parrain. Ces associations insistent bien sur l'importance primordiale de ne pas boire la première gorgée mais reconnaissent tout à fait que l'on peut en avoir envie ou encore que l'alcool est le plus fort. Arrêter de boire n'est finalement pas le plus difficile (même si cela peut être très difficile) : c'est ne pas reboire qui est le vrai défi.

Rewinder vous avez raté une marche mais c'est juste un dérapage. Vous n'êtes pas tombé de l'escalier. Vous ne manquez pas de courage mais nous vous adressons quand même tous nos encouragements pour passer ce cap, ne plus reboire et grimper cet échelon supplémentaire d'avoir rebu mais de ne pas avoir été emporté par cela. Ce n'est plus votre histoire de le laisser gagner.

Cordialement,

le modérateur.

billienova - 21/10/2020 à 11h42

Hello Rewinder

Quel plaisir de te lire( jusqu'à ton dernier post) Je comprends tellement ton histoire. Je m'identifie complètement. j'espère que tu n'es pas passé par la supérette ce matin, tu te connais, tu sais. Tu as des passions, utilises les, mais ça aussi tu le sais. Vas cogner sur ta batterie, imagines qu'à chaque coup de baguette tu écrases la bête. Fais toi plaisir, ne cèdes pas au plaisir immédiat de l'alcool de patate, le prix à payer est vraiment trop élevé. Reprends cette liberté que la bête t'a volée. keep on rocking rewinder, life's too short

rewinder - 21/10/2020 à 12h15

Merci Modérateur,

je suis bien d'accord pour ce qui est du téléphone : j'aurais effectivement pu vous appeler, l'avantage du chat étant que je peux être en dialogue avec vous sans que ma compagne ne s'en rende compte. Mais j'ai un téléphone portable, et une voiture, et j'aurais tout aussi bien pu prendre l'un comme l'autre et vous appeler...
Je vous entends aussi fort bien lorsque vous parlez de parrain : pour ma part, je suis effectivement à la recherche de quelqu'un qui sache intimement ce que veut dire "être alcoolique", quelqu'un qui ne soit pas "extérieur" à ce mal, quelqu'un qui ait dansé avec la bouteille et qui sache à quel point il est ardu de sortir de la salle de bal. Un peu du mal avec les AA, le background catho me révulse pour des raisons totalement subjectives et personnelles. Je me suis également renseigné sur « Vie Libre », mais j’ai trouvé leurs positionnement un peu brutal : imposer mes choix de non-alcoolisation à mes proches également, c’est là aussi à rebrousse-poil de mes convictions profondes, « vivre et laisser vivre ». Je vais par contre de ce pas m’enquérir de « Alcool Assistance ».
Je suis en fait à la recherche d’un contact, de quelqu’un a qui je puisse parler, quand effectivement la tentation se fait brutale et inquisitrice. Merci en tout cas de votre post, et je vous confirme que je n’ai nulle intention d’abandonner le fight.

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