Bonjour,

J'ai 41 ans et je suis alcoolique depuis l'âge de 15 ans...
Enfin cette année 2014 et une troisième cure qui pour moi est la bonne, de par un nombre incalculable de déclics psychologiques, ce grâce à l'aide de médecins et soignants exceptionnels en cure (Hauteville dans le 01).
Et enfin ce que je n'avais pas compris auparavant, l'alcoolisme est une maladie grave, et son seul et unique remède est l'abstinence totale.
Voilà, fini de rêver à un bon rosé frais sur une terrasse ensoleillée, un bon vin blanc avec des filets de perche, un bon vin rouge avec le fromage...etc etc.
Tout ceci fait partie du passé, l'alcool plaisir n'existe plus et n'existera plus, parce qu'une seule goutte signifie la redescente en enfer, directement, avec pour ma part peu de chances de retour (aucun problème de santé lié à l'alcool mais "juste" une vie foutue en l'air).
Oui, j'ai enfin compris, tous les tenants et les aboutissants, et je ne souffre pas quotidiennement de ne plus boire.
Miraculeusement, je n'en ai plus envie, mon corps ne le réclame pas, et mon esprit encore moins !!!!!!
Ce qui est difficile, voire insurmontable, c'est que je me suis pris la réalité en pleine face et me retourne sur ma Vie, ce que j'en ai fait ou surtout ce que je n'en ai pas fait...et là je me dis qu'il y a un boulot énorme pour tout recommencer à 0, tout refaire différemment voire à l'opposé, tout reconstruire ou construire...
Un chantier de titan, et ce, seule comme je le suis depuis à peu près le même nombre d'années...26 ans !!!
Eh oui l'alcool était mon conjoint, mon amie et surtout le trou dans lequel je planquais ma tête d'autruche.
Alors en effet, il masquait également ma solitude, plus vive à présent que je suis consciente de chaque instant, et je me demande aujourd'hui comment j'ai pu organiser cette survie macabre...?!!!!
En bref je fais connaissance avec moi-même depuis plus de quatre mois et je prends des claques à chaque instant car je ne peux plus rien planquer derrière l'alcool, ce que je suis, ma fainéantise et ma propension à tout remettre au lendemain.
Cette fois je me vois comme pour la première fois telle que je suis vraiment, tout en ayant la sensation de regarder quelqu'un d'autre...ça tourne pas rond dans la caboche !? (et cette fois je ne peux le mettre sur le dos d'un abus d'alcool, même à cette heure indûe de la nuit -4h-).
Je ne sais pas comment appréhender, apprivoiser, comprendre ce "nouveau moi", ce même si je garde en tête la détermination que je ne vais pas le lâcher (ou plus le lâcher), et je voulais savoir si quelqu'un ressentait la même chose...la sensation d'être perdue face à l'inconnu, perdue face à soi-même...!!???
Et, comme j'ai toujours eu pour habitude de jouer les bonnes samaritaines et d'aider les autres en m'oubliant au passage, je ne sais pas comment à présent m'aider moi ???!!!
Jusque-là contre le fait d'aller en réunion d'associations, je pense que je vais m'y résoudre, juste pour voir si d'autres personnes ressentent ce raz-de-marée de questionnements et d'émotions.
Si vous me lisez et que c'est votre cas, je vous remercie de me répondre...en tous cas merci déjà de m'avoir lue, j'avais besoin de mettre des mots sur mes maux (qui sont malgré tout bien moins graves que quand je buvais) et de les partager.
Un bon dimanche, le soleil est annoncé !