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Désemparée

Par lilou1311

Bonjour, j'ai 43 ans, mariée, 5 enfants.Je viens de m'inscrire sur ce site car je me sens démunie. Mon frère de 31 ans est malade alcoolique. Il nous a appris qu'il avait une hépatite aigüe due à l'aclcool en Janvier 2018. En avril 2018, sa compagne avec qui il vivait depuis 7 ans le quitte. En mai, avec mon papa, nous l'aidons à aller consulter son généraliste. Hospitalisé une semaine , bilan santé et cure...Rechute en rentrant chez lui. On prépare alors un nouveau dossier de cure et de post cure (Très longue attente pour la post cure! le dossier est perdu). Début juillet, décès brutal de mon papa. Et Maman est décédée depuis 12 ans. ma soeur aînée ne veut pas du tout aider mon frère et mon autre soeur ne peut pas s'en occuper. Mon frère vient chez nous pendant 3 semaines. Il boît...Cohabitation difficile avec mes 5 enfants, je n'ai pas très envie qu'ils le voient ivre. Au bout de 3 semaines, il veut absolument rentrer chez lui. depuis, il a fait cure et postcure sur 1 mois....puis à nouveau 2 cures d'1 semaine récemment. Il est chez lui depuis 3 semaines et c'est une catastrophe! il a recommencé à boire dès qu'il est rentré de la cure. Je l'zai souvent au téléphone ou au moins par sms mais il me dit qu'il va très mal. Il carbure au whisky jours et nuits! Idées noires! Il ne mange plus, ne se lave plus. Il se fait livrer l'alcool! et sinon un bar est ouvert quasi 24/24 juste à côté de chez lui. Il tourne en boucle sur tous les événements négatifs, ne voit pas le bout du tunnel...Je ne sais plus ce qu'on doit faire et j'ai peur pour lui.
N'hésitez surtout pas à me donner des conseils qui pourraient m'aider à l'aider. Merci

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3 réponses


patricem - 06/03/2020 à 17h56

Bonjour,

La priorité serait qu'il soit pris en charge par les urgences. Ma crainte est qu'ils le mettent sur un brancard avec un valium toutes les quatre heures jusqu'à ce que son taux d'alcoolémie soit suffisamment bas. Puis qu'ils le laissent partir.

S'ils le gardent, tant mieux, sinon, d'après ce que vous décrivez, il est :
- déshydraté. L'alcool remplace l'eau dans le sang mais ne rempli pas la fonction de l'eau. De ce que j'ai vu, en général, c'est deux litres d'eau par jour.
- dénutrie. L'alcool n'apporte que du sucre (les triglycérides), 0 protéines, fibres ou vitamines. Un pis allez est de le nourrir avec du fortimel ou un équivalent (voir en pharmacie). Il y a différents goûts qui ont des compositions variées (plus ou moins de protéines par exemple) et apportent entre 400 et 460 kcal. Cela se présente comme des briques contenant un produit qui ressemble à de la danette. En complément, pour les fibres, il y a les petits pots pour bébé. Dans les deux cas, il n'y a pas de préparation, de cuisson ou autre, il suffit d'ouvrir et de consommer.

Des pommes ou poires en brunoise passent bien aussi.

S'il a du diabète, il faut qu'il arrive à consommer un sucre lent type pain de mie ou tout autre pain. Il ne faudrait pas qu'il cumule un coma d'hypoglicémie en plus.

Cela, c'était l'urgence. Après, il faut qu'il décroche. Mieux vaut le faire sous surveillance médical : hôpital ou clinique, peu importe.

Une fois clean physiquement, il doit être suivi. Une clinique psychiatre est une bonne option. Il faut bien se renseigner sur la spécialité de la clinique (certains par exemple sont spécialisés sur la bipolarité, cela ne lui conviendrait pas). Il faut aussi vérifier le coût de l'hospitalisation. Une clinique conventionnée avec une chambre en double doit être pris en charge par la sécu. S'il a une mutuelle, il peut tenter une chambre en solitaire, ce qui est un plus lors du sevrage : on est crevé, pas besoin d'un voisin qui téléphone toute la journée ou qui regarde la télé un peu fort lorsque tout ce que l'on veut, c'est se reposer, c'est pénible.

Ils pourront le garder le temps qu'ils jugent nécessaires. S'il lui faut 3 mois, il sera gardé ces 3 mois.

En prévision de la sortie, il lui sera demander de la préparer en choisissant un psychiatre, un psychologue, un addictologue et un groupe de parole (type AA). Ils insisteront sur ce dernier point car cela est essentiel pour rester abstinent.

Enfin, il lui faudra faire une vérification du système digestif (par endoscopie et scan ou IRM) pour vérifier l'état du fois, la présence de varices œsophagiennes, etc. Et une IRM du cerveau pour voir si la dénutrition a impacté ce dernier et qu'un traitement est nécessaire.

Courage,

Patrice

lilou1311 - 06/03/2020 à 21h11

Bonsoir, je vous remercie pour votre grand message. Effectivement les urgences le laissent bien souvent repartir chez lui. Le gros pb après les cures est qu'il dit aux médecins qu'il ne veut pas de post cure. Il est persuadé qu'il n'a pas besoin d'aide de psychologue et psychiatre. Il nous rabâche qu'il est intelligent et qu'il veut apprendre à ne plus boire chez lui. Il constate pourtant bien qu'il n'y arrive pas. Il est très têtu. Dois-je accepter qu'il ne veut pas d'aide? C'est terrible de se sentir impuissante.
J'ai peur que ça finisse mal pour lui...

patricem - 09/03/2020 à 12h37

Bonjour,

la clinique psy, quoique proposant le même type d'activités que post-cure, est avant tout une maison de repos où le personnel médical veille sur la santé des patients, tant d'un point de vue psy que physique. C'est aussi une bulle artificielle qui protège du monde extérieur : stress des transports, du boulot, etc.

Vous pouvez toujours tenter de lui présenter cela comme une occasion de se reposer et de ne pas avoir à s'occuper de problèmes.

Mais s'il ne veut pas y aller, cela va être difficile de le convaincre.

A noter que les quelques psychiatres que j'ai pu voir (2) se comportait plus comme des gens coordonnant le suivi du patient (ajuster les somnifères s'il est trop assommé ou qu'il n'en a pas assez, l'envoyer faire un examens précis (genre une endoscopie) et adapter le traitement anti-alcoolique en fonction des retour du malade (cela ne me fait rien, c'est mieux en ce moment, etc).

Les psy que j'ai vu (4) sont plutôt là pour écouter le patient parler de ce dont il a envie sans jugement. C'est le moment de vider son sac. Même de lui expliquer que vous n'avez pas besoin de lui. C'est sur la durée que le psy se rapprochera du problème. Mais avoir quelqu'un qui vous écoute sans jugement une à plusieurs fois par semaine fait du bien. Et faut savoir que dans un tiers des cas, la raison initiale du passage à l'alcoolisme n'est jamais trouvé.

Aucun médecin ne lui apprendra à ne plus boire chez lui. En l'isolant sur une longue durée de l'alcool, il l'aideront à être physiquement indépendant et à commencer à être intellectuellement indépendant. Mais il lui restera du chemin à faire. C'est là que les groupes de parole prennent le relais. Et tous l'inciteront à ne plus boire du tout, pas seulement chez lui.

Sauf à tomber sur des imbéciles, il ne lui sera pas reprocher de faire une rechute (c'est une maladie à vie pour plus de 99 % des patients). Le tout est de se remettre debout le plus vite possible.

Patrice

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