Bonjour,

J’ai 32 ans et je viens sur ce forum depuis maintenant plus d’un an et demi sans jamais avoir passé le cap d’écrire mais vos témoignages m’ont été précieux pour comprendre ma situation et essayer d’accompagner mon conjoint comme je pouvais. Lui boit beaucoup. Ça va faire 5 ans qu’on est ensemble et je me suis rendue compte qu’il avait des problèmes avec l’alcool il y a environ 2 ans. Comme il ne boit pas tous les jours, que c’est surtout le weekend (et maintenant de plus en plus souvent aussi en semaine), je ne me suis pas inquiétée tout de suite. Il est capable de passer quelques semaines (aujourd’hui c’est plus rare) sans boire mais dès qu’il boit c’est dans des quantités absolument énormes. Il ne peut pas s’arrêter après 2 ou 3 verres et va boire jusqu’à être dans un état d’ivresse avancé. Quand il a bu et qu’il est à la maison soit il s’endort sur le canapé, soit il pleure en disant qu’il a mal, soit il m’insulte. Par moment, il n’arrive pas le lendemain à arrêter de boire et peut passer 3-4 jours à boire du matin au soir en loupant le travail. Il boit des fois avec des amis mais le plus souvent seul.
J’ai essayé de lui en parler. Au début, il se braquait et disait qu’il n’y avait pas de problème avec l’alcool (que c’est moi qui inventait un problème), après il a commencé à reconnaître que peut-être il y avait un problème. Il a essayé de voir un addictologue deux fois mais à chaque fois il a fait une seule séance avant d'abandonner. Le problème c’est qu’il n’y croie pas, il a accepté les rendez-vous uniquement pour me faire plaisir donc bien sûr ça ne marche pas.
Depuis un peu plus d’un mois, j’ai quitté l’appartement. Je suis hébergée chez des amis. On n’est pas séparés, on se voit pour discuter, essayer de trouver des solutions. J’espérais qu’en partant, il allait prendre conscience qu’il fallait arrêter l’alcool avant tout pour lui et pas « juste » à cause de moi, qu’il allait se décider à se prendre en main lui-même pour retrouver le contrôle de sa vie. En apparence, il va mieux. Il va au travail donc c’est qu’il arrive un minimum à gérer mais au moins le week-end il continue de boire. Il disait que non mais hier il m’a amené des affaires et dans le sac j’ai trouvé un ticket de caisse de 3 bouteilles de muscats achetées samedi matin. Bouteilles qu’il a bu seul samedi. Je réalise qu’il espère que je vais revenir à la maison mais sans essayer de faire en sorte que la situation ne change, juste en espérant que je ne me rende pas compte qu’il continue de boire. Dans le fond, je ne suis pas sûre qu'il veut vraiment arrêter de boire malgré ce qu'il dit. J'ai l'impression que vivre sans pouvoir déconnecter son cerveau avec l'alcool lui fait peur.
Mais moi je n’en peux plus. Ce n’est pas une vie... Plus de conversations, plus de projets possibles… Soit il est alcoolisé, soit de mauvaise humeur. Je passe des soirées à le chercher dehors car des fois il s’endort ou n’arrive plus à rentrer. Je passe des nuits avec la boule au ventre à me demander si je dois appeler l’hôpital ou s’il va réussir à s’en sortir quand je le vois à moitié inconscient sur le canapé…

Désolé c’était long… Je souhaite beaucoup de courages à tout le monde ici : courage à celles et ceux qui essayent d’arrêter de boire ; courage à ceux qui accompagnent un proche comme ils peuvent dans ce combat ; et courage à ceux qui décident de s’éloigner en voyant qu’ils ont atteint leurs limites car c’est très dur aussi d’admettre son impuissance.