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Vivre avec un alcoolique

Par Fleur2Lys

26 réponses


Profil supprimé - 16/04/2019 à 09h39

Chère Fleur2Lys

Je vais essayer de me faire avocat du diable.
Ton homme, tu l'aimes, et il semble bien qu'à sa manière, maladroite, il t'aime aussi.

T'as-t-il parlé de la raison sous-jacente de son besoin (car je comprends qu'il est question d'un besoin, et non de simples caprices)? A-t-il vécu des pertes de proches? Des évênements violents qu'il aurait évoqué?

A-t-il toujours, à ta connaissance, eu cette addiction?

Es-tu certaine de ses sentiments envers toi? A-t-il tenté de s'améliorer?

Tu fais allusion à une "belle carrière", de "brillantes études", des "compétitions sportives"...comment réussit-il à concilier ceci avec son addiction? Rares sont des addicts qui sont en mesure de réussir quoi que ce soit, hormis leur défonce.

Un proverbe, discutable, dit "in vino veritas". Quelle est a sa personnalité lorsqu'il est sous substance? Triste? Joyeux? Violent?

Quand il est sobre, quel est son type de personnalité? Taciturne? Ouvert? Fermé?

En te remerciant par avance pour ces précisions,

Bien à toi,
Kronos.

Fleur2Lys - 16/04/2019 à 11h04

Bonjour à vous deux,

Mae, je me suis justement accordée des moments sans lui ce week-end et ça m'a fait du bien de m'éloigner de l'alcool, des craintes que ce poison suscite et du poids qui pèse sur mes épaules quand je le sais dans une crise. Cette fois, je n'en ai pas parlé autour de moi, hormis sur ce forum. Je n'ai pas totalement réussi à vaincre tout le stress de la situation car je gardais un œil sur mon téléphone et ses signes de conscience mais ce break était bienvenu.

Dimanche soir, quand j'ai fini par me coucher, il buvait encore. Je n'ai pas bien mesuré les choses. Dans la nuit, il m'a réveillé pour me prévenir que le samu arrivait. Il se sentait mal. Avec le diazepam qu'il avait ingéré, en plus de sa consommation d'alcool, il s'est fait peur. Je ne suis pas familière des hôpitaux, la seule expérience que j'ai eu concernait mon opération des dents de sagesse au collège. J'ai eu peur. Pour lui. Pour moi aussi parfois.

Cette nuit-là, il est passé par tous les états. Il était terrifié, mal dans sa peau puis agressif, désagréable et même violent. Les infirmières ont fini par m'éloigner de lui quand il a tenté de m'étrangler avec mon foulard et il a fini attaché à un brancard. Je ne crois pas m'être déjà sentie aussi mal. Je ne supportais pas de le voir comme ça. Je suis restée des heures dans la salle d'attente à pleurer et l'observer de loin sans qu'il me voit. Je ne le reconnaissais pas. Les infirmières m'ont dit de rentrer. J'ai préféré retourner à ses côtés. Il a cherché à me faire culpabiliser. Je devais l'aider à se détacher mais comme je refusais, j'ai du subir sa colère et sa frustration. Il a finir par m'ordonner de partir. J'ai obéi. J'ai mal/peu dormi. J'ai angoissé, culpabilisé et pleuré. Beaucoup pleuré.

Il est rentré le lendemain matin. Avec trois bouteilles de rosé. Il était parvenu à fuguer de l’hôpital. Ma chance, c'est qu'il s'est endormi à peine une heure après son retour. Il ne s'est réveillé que ce matin.

Pour te répondre Kronos, je comprends que l'alcoolisme est une maladie et qu'il y a plus à creuser derrière. Je le sais. Je me suis engagée dans cette relation en sachant qu'il était alcoolique. Je ne mesurais simplement pas ce qu'était la vie auprès d'un malade et à quel point cela allait m'affecter.

Il a perdu son petit frère, il y a quelques années et l'armée a ajouté à son mal-être. Il a vécu des choses difficiles. Quand il boit, il me dit que c'est pour oublier et se déconnecter. Pourtant, j'ai l'impression que c'est tout l'inverse. Sous alcool, il revit des moments horribles en opération ou va pleurer son frère jusqu'à épuisement. Je ne dis pas que c'est un mal de garder en tête ces événements puisqu'au contraire, je crois qu'il faut les accepter au quotidien mais j'ai l'impression qu'il ne peut réussir cette démarche sans une aide extérieure telle une thérapie.

Alcoolisé, il peut être mélancolique et triste comme agressif et haineux envers les autres et lui-même. Il s'accuse de beaucoup de maux. En général, il reste tendre et agréable avec moi mais parfois, il a eu des gestes ou des mots menaçants. C'est rare et je ne pensais pas qu'il pourrait s'en prendre physiquement à moi. Depuis dimanche, j'émets maintenant des doutes. Si je m'oppose à lui et à sa volonté, ses sentiments peuvent passer à la trappe.

Il tente de s'améliorer, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain mais chaque fois qu'il me confronte à son état alcoolique, il monte d'un cran. J'ai vu le pire de lui ce week-end. J'aimerais retrouver le meilleur. Je sais qu'il est capable d'être sobre plusieurs mois voire années. Il l'a déjà fait par le passé à force de volonté mais il a toujours combattu seul, sans aide extérieure et il finit par craquer.

Il craque car la frustration est trop grande, le stress immense ou sa vie est à tournant qui l'effraie. Ce ne sont pas des situations anodines mais j'en viens à me demander s'il arrivera à trouver la paix. Parfois, j'ai l'impression qu'il se saborde car c'est dans l'état dépressif qu'il se reconnait le mieux. Etre heureux lui semble peut-être effrayant ou inapproprié vu son passif. Je ne sais pas. Je crois vraiment qu'il a le droit au bonheur mais qu'il ne se l'autorise pas.

C'est compliqué de le comprendre et je ne prétends pas avoir toutes les réponses à ses questions ou aux miennes. J'avance à petit pas. C'est un jeu d'équilibriste.

Je l'aime, c'est ma seule certitude. Je crains seulement de m'éteindre à son contact et qu'il n'influe plus sur moi que moi sur lui.

Profil supprimé - 16/04/2019 à 11h27

Chère Fleur2Lys,

Ne penses-tu pas que ce mélange benzodiazepines et alcool n'était qu'une tentative de suicide?

Qu'entends-tu par "l'armée a rajouté à son mal être"? A-t-il vécu des choses difficiles? Des combats? Des scènes difficiles?
Accepte-il d'en parler?

Sa vraie nature est-elle selon toi celle que tu connais quand il est sobre ou sous substance?

Ne penses-tu pas que, loin d'être égoïste, il regrette de te voir malheureuse par sa faute et cherche justement à s'isoler quand il se "défonce"?

Ne penses-tu pas que la violence qu'il porte intrinsèquement en lui, il cherche à la dissimuler, qu'il en a honte? Qu'elle n'est que le reliquat d'un passé ultra-violent, pour lequel il n'avait pas choix, que ce passé lui colle à la peau, et qu'il aura beau faire faire, ça restera imprégné en lui?

Bien à toi,
Kronos.

Mae0611 - 16/04/2019 à 14h01

Bonjour a tous !
En effet le samu les urgences j ai aussi connu.
Crises de panique suite à un bad trip (la cocaine, les medocs pour la depression et l hypertension, et l alcool vla le cocktail detonnant...)

Le mien c est plus subtil on va dire. Il planque tout dans la maison !!!! Mais comme je trouve ses cachettes je vide et je remplace par de l eau...et la en general c est la douche froide et la crise de nerfs. Mais tant pis.

J en arrive au point que j ai renoncé à le fliquer et lui interdire. Apres tout je ne suis pas sa mere mais sa compagne. Je protege les enfants et c est un job a plein temps.

Je te souhaite vraiment de t y retrouver dans tout ce merdier. C est dur de voir celui que tu aimes perdre pied pour un oui ou pour un non. C est lourd et penible. Encore pire avec des enfants.

Courage pour la suite et oui tu as bien fait de t aerer le week end !!!!! C est important.

Bonne journee a tous !!!!

Fleur2Lys - 17/04/2019 à 08h52

Bonjour à vous,

Ce n'est pas la première fois qu'il mélange Benzodiazepines et alcool, Kronos. C'était probablement un appel à l'aide mais je suis impuissante face à ça. Je lui fais confiance sur les dosages, je suis incapable de détecter le seuil critique. Je ne maîtrise pas ce sujet. S'il a vraiment souhaité se suicider, je le regrette parce que je l'aime et que je ne suis pas la seule personne à l'aimer. Cela signifie qu'il a atteint un stade de renoncement et d'abattement très important et je me sens démunie face à ce constat.

L'armée a rajouté à son mal-être car on l'a envoyé en zone de guerre. Il a vécu des choses difficiles qu'aucune jeune personne ne devrait vivre. Il souffre d'un stress post-traumatique et il n'est pas suivi pour cela. Il en parle quand il a bu et culpabilise énormément. Il souffre. J'en ai conscience mais l'alcool n'est pas un pansement. Au contraire.

Quand il boit, sa vraie nature ne disparaît pas totalement mais son état dépressif est amplifié. Il broie du noir. Il n'a pas l'alcool heureux. Je sais qu'il regrette de me blesser mais son isolement n'est que fictif. Physiquement, il reste accroché à notre bureau mais dans un 45m², je suis forcément spectatrice de son état. J'ai une vue directe sur son îlot de perdition et c'est dur. Depuis vendredi, je suis épuisée. Je suis stressée car je ne sais jamais dans quel état je vais le retrouver et je ne vois pas la fin de cette crise. Il a beau me promettre le matin qu'il ne boira pas, des bouteilles sont vides à mon retour le soir.

Je pense qu'il a conscience de son état et qu'il ne s'aime pas saoul mais l'appel de la bouteille semble plus fort. Il est plus fort que mes suppliques. Je pense réellement qu'il a besoin d'une aide professionnelle mais il s'y refuse. Je l'écoute, je fais au mieux mais je ne crois pas avoir les compétences pour l'apaiser autrement que de manière temporaire...

Mae, tu as raison, c'est difficile. Il n'y a pas d'alcool à la maison. Il va acheter sa dose quand il est en crise et je ne peux que constater. Quand il a le dos tourné, je jette ce que je trouve mais il repart ensuite au magasin. Il y a une liste des interdits de casino pour les addicts aux jeux, j'aimerais que la même chose existe pour les alcooliques..

Ces jours-ci, je manque d'attention au boulot. Je fixe mon téléphone pour avoir de ses nouvelles et lorsque je reprends le chemin de la maison, j'ai une boule au ventre car j'ignore comment il sera et que c'est douloureux de le voir se perdre et souffrir autant. J'aimerais vraiment trouver la clef pour l'apaiser mais j'ignore où la trouver.

Profil supprimé - 17/04/2019 à 10h04

Chère Fleur2Lys

Je pense que ton homme est en souffrance.
Il est probable qu'il regrette que tu sois un dommage callatéral.
Il est également probable qu'à 23 ans, la perte de son frère, que tu as évoqué, lui soit insupportable. Je suppose d'ailleurs qu'il a gardé des photos de lui.

Je me permets également de supposer que la guerre (tu parles de conflit armé, un soldat parle de guerre), l'a traumatisé, qu'il a dû faire des choses qu'il juge mal.

Il est question dans tes propos de "brillante carrière". Il a repris les études? Occupe-t-il un bon job? Le rend-il heureux?

L'aimes-tu?

Penses-tu qu'il pourras s'en sortir un jour?

Je ne suis pas devin, mais je pense que cet homme est en souffrance profonde, rongé par la culpabilité, en quête de rédemption, et qu'il ne sait juste pas gérer ses émotions.

Laisse-lui le temps d'évoluer, et souviens l'état dans lequel il était quand tu l'as recueilli.

Bien à toi,
Kronos.

hamac123 - 06/05/2021 à 14h38

Bonjour Fleur2Lys,

J'ai conscience que ca fait 2 ans que tu as écrit ce fil mais je viens de tomber dessus en faisant des recherches, car je me trouve actuellement à peu près dans la même situation que toi au moment où tu écrivais ces mots.

J'ai un peu peur de la réponse mais je pose quand même la question, au cas où : ton cas avec cet homme s'est-il arrangé depuis ? Etes vous toujours ensemble ? Va-t-il mieux ?

Comme toi il y a deux ans, je cherche moi aussi de l'espoir et du réconfort...

Fleur2Lys - 07/05/2021 à 23h38

Bonjour hamac123,

Et oui, ce fil a deux ans maintenant ! Je te remercie d'y avoir posté car plusieurs fois durant cette période, je me suis dit qu'il serait intéressant de mettre à jour mon expérience mais à chaque fois, j'ai laissé couler cette pensée. Aujourd'hui semble donc une bonne raison de faire une rétrospective !

Tout d'abord, je vais répondre à tes questions :
- Mon cas avec mon homme a connu des hauts et des bas
- Nous sommes toujours ensemble
- Actuellement, il va mieux

J'aimerais te dire que l'alcool est derrière lui et que nous avons passé cette période sereinement et sans nuage mais c'est malheureusement faux. Il y a eu des périodes d'abstinence et des rechutes.
Après, mon dernier message ici, il a craqué un week-end en juillet 2019 et un autre en octobre 2019. Ces deux fois ont coïncidé à des moments où j'ai dû partir sans lui et découcher. À partir de là, le constat était simple : tant que je suis à ses côtés, il tient bon. J'ai endossé le rôle de son garde-fou. Il a repris les AAs de son côté mais à arrêté quelques semaines plus tard. Se déplacer aux réunions, en Île de France était trop contraignant le soir, en hiver

Pendant presque un an, il est resté sobre. Il a surmonté le premier confinement malgré notre petit appartement et j'étais heureuse de bientôt fêter sa première abstinence. Malheureusement, je n'ai pu vu les signes qui indiquaient sa lutte contre l'envie du premier verre et il n'a pas su/voulu les communiquer. Ainsi un soir, après le boulot, il avait bu et ça été le début de l'enfer.

Il n'a pas bu tous les jours, mais arrêté pour burn out, il a eu accès à des benzos et c'était son nouveau plaisir. Il a fait des excès. Beaucoup. Des nuits blanches. Je ne savais pas comment gérer. Contrairement d'avec l'alcool, il ne finissait jamais par perdre connaissance, il ne cassait rien par maladresse et il ne vomissait nul part. Par contre, nous ne partagions plus grand chose. Chacun avait son rythme. Il était dans sa bulle et cela lui convenait.

Il s'est repris un peu plus d'une semaine le temps d'un voyage que nous avions planifié plusieurs mois auparavant et son cycle infernal a repris jusqu'à mi-novembre, fin de ses ordonnances. Durant cette période, j'ai découvert le livre "un dernier verre" d'Olivier Ameisen et j'ai fondé beaucoup d'espoir sur le baclofène. Après avoir lu le récit de ce médecin, il était prêt à essayer. Plein de bonne volonté, il avait même accepté un suivi psychologique.

Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avons également décidé de déménager pour un milieu moins anxyogene. Il a rechuté deux fois avant notre départ. Une première fois, une quinzaine de jour et la seconde fois, une journée, la veille de la signature de notre bail.

Durant ces rechutes, il y a eu des hospitalisations et des interventions de la police. À vrai dire, il est allé très loin, que ce soit dans l'expression de son mal-être (mutilation, pensées suicidaires..) ainsi que le partage de sa colère et de son ressentiment envers ses proches.

Aujourd'hui, il est abstinent depuis deux mois. Il participe à une réunion des AAs chaque semaine. Il a arrêté les séances de psy après quelques mois de thérapie car il estimait ne plus avancer et il a renoncé au baclofène.

De mon côté, ses rechutes ont été très dures à vivre. J'ai songé à le quitter. J'ai fui notre appartement quand j'estimais que je saturais et qu'il était temps que je pense à moi. J'ai eu peur. J'ai été en colère, perdue et meurtrie. Je lui en ai voulu. Je m'en suis voulu. Puis, je l'ai aimé. Encore. Envers et contre tout. Je l'ai veillé. Je l'ai soutenu et j'ai gardé espoir. Malgré les derniers mois.

Et maintenant ?
Je crois toujours qu'il a en lui ce qu'il faut pour éloigner l'alcool de nos vies. Je sais aussi qu'il est sujet aux addictions.
Est-ce que je suis sereine vis à vis de l'alcool ? Non.
Est-ce-que je suis prête à endurer ce cycle pour des années et des années ? Je ne sais pas.

Comme déjà dit par le passé, je vis le moment présent. Cela ne nous empêche pas d'avoir des projets mais j'ai conscience que cela peut finir d'un instant à l'autre.
Néanmoins, en cet instant, nous sommes heureux.

Voilà.. Ce résumé de mes deux ans à ses côtés ne te sera peut-être pas d'un grand réconfort et il ne t'apportera peut-être pas l'espoir voulu mais j'espère qu'il t'apportera quelques éléments qui pourront t'aider...

Profil supprimé - 09/05/2021 à 20h55

Bonjour,

Je cherche également un peu d'espoir...

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