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Re confinement : tu m'auras pas !

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Petite pensée pour Renaud à qui les mêmes démons que nous ont apporté tant d'épreuves et de souffrances...

Oyé Oyé, écoutez braves soiffards assoiffés, la pathétique et banale histoire de l'alcoolique qui a chuté pendant le premier confinement !
Le choc de l'annonce mis de côté, je n'avais pas peur pour un brin de la pandémie ou du virus. Bien mal m'en a pris car sans le savoir, j'avais déjà attrapé cette saloperie qui allait laisser sur mes poumons des séquelles pendant des mois, dont je ne sais pas si elles seront réversibles... Peut-être que si je n'avais pas été si carencée par tout cet alcool cela ne me serait pas arrivé ? Mais ce n'est pas le sujet.

Obligée d'aller travailler dès le 16 mars car "personnel indispensable réquisitionné", j'avais du abandonner à la maison mari et enfants qui s'ennuyaient. Bien pire pour mon mari qui déprimait gravement (dépression, isolement, violence, idées noires très très noires...) le pauvre a bien morflé de son côté, privé du jour au lendemain de son métier, de ses relations sociales, prisonnier d'un rôle de père au foyer qu'il n'a jamais demandé (et je ne juge pas, j'aurai détesté également) et surtout de sa liberté qui était son pilier.

Bref, pour noyer notre chagrin, nous buvions tous les jours. Sauf que lui se contentait de 3 verres pour être pompette, moi il me fallait 2 bouteilles. Je buvais déjà excessivement mais ça a été vraiment pire que tout, mais j'ai bizarrement réussi à continuer à travailler (et efficacement) comme si la panique générale du pays maintenait en permanence mon corps dans un état de tension qui lui permettait d'être debout et droit.

Confinés (ou obligés de travailler), il fallait boire pour oublier. Beaucoup de soleil, il fallait des apéros pour accompagner les gueuletons du désespoir. Dé confinés, il fallait arroser la liberté ! Comment arrêter tout l'été après ça ? Il fallait à nouveau boire pour oublier la dépression, la violence, la peur. Boire aussi pour faire bonne figure et donner l'impression que tout allait bien en retrouvant enfin nos proches, dire qu'on avait été un bon petit soldat, un petit héros qui n'avait pas flanché et qui n'avait pas le droit à la moindre faiblesse...

Les (mauvaises) habitudes bien ancrées, tout le monde repart pour la rentrée, toutes ces épreuves sont derrière nous, cela ne peut plus arriver, il n'en restera que des montagnes de cadavres dans les placards (et les morgues), une bonne cirrhose du foi, mais on y retourne c'est pas grave c'est fini !

Et bien non.

Toute le monde pressentait ce re confinement mais (va savoir pourquoi) moi je n'y croyais pas, ou j ne le voulais pas. Le couperet tombe mercredi, et évidement, avec mon mari nous allons nous offrir jeudi le dernier resto de la liberté, bien arrosé s'il vous plaît ! Je déprime horriblement à l'idée de revivre tout cela. J'en parle à ma moitié ce week-end et pour mon plus grand bonheur, il me rassure : non ce ne sera pas pareil car il pourra travailler, les enfants seront à l'école, il ne deviendra pas la loque dépressive que j'ai vu, ni moi l'éponge abattue qu'il avait remarquée.

"Ensemble et forts nous serons !" dit-il. Et il a des arguments, et il croit en moi, en nous, et le moral remonte, et JE DECIDE que ce 2ème confinement ne sera pas comme le premier. Si j'en ai la force, il sera même son pansement, car moi aussi je vais travailler avec l'âme plus légère, plus de collègues présents pour me soutenir (même si certains sont morts), et sans la peur de laisser à la maison un mari dépressif (avec les enfants).

Aujourd'hui mercredi cela fait donc 3 jours sans alcool. Je dors déjà mieux et je sais que ça va s'améliorer. Je suis plus douce et calme à la maison. L'envie a même disparue mais je sais qu'il faut rester vigilante, et surtout ne pas acheter le produit car c'est là que tout commence.

Peut-être le début d'une nouvelle vie ? Je le souhaite et je souhaite à tous beaucoup de courage chaque jour qui passe et pour toutes ces épreuves que nous traversons,
Et si on avait chacun un projet à réaliser pendant ce nouveau confinement, un projet sans bouteilles ?
Prenez bien soin de vous :)

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