Il y a l'alcool familial, l'alcool rituel, l'alcool intriguant, l'alcool festif, l'alcool motivant, l'alcool déprimant, l'alcool par politesse, l'alcool gênant, l'alcool grisant, l'alcool amoureux, l'alcool décomplexé, l'alcool complexant et encore tant d'autres formes de cet adorable démon.

Et puis il y a l'ALCOOLISME : l'alcoolisme d'un parent, d'un(e) ami(e), d'un(e) collègue, d'un(e) voisin(e), l'alcoolisme anonyme… et MON alcoolisme !

Se voir écrire et s'entendre dire "mon alcoolisme" est à la fois un choc et une délivrance.
Après des années d'escalade du mal dans le plus grand déni, il m'a fallu autant de désespoir que de lucidité pour m'avouer que j'étais touchée par ce mal insidieux et commencer à aborder le sujet à cœur ouvert avec mon entourage.
Après tout ce n'est pas un vrai problème tant qu'on "contrôle" mais sournoisement le fossé s'est creusé pour moi. Je multipliais les dérapages, les trous noirs, les fins de soirées catastrophiques, les relations sexuelles dégradantes et risquées, les discussions embarrassantes, les lendemains confus et gênants, etc.

J'étais doucement en train de perdre la raison, la notion de tout et l'estime de moi, de m'attirer des ennuis et de faux amis, d'inquiéter ou de blaser mes vrais amis, de dégrader ma crédibilité et l'image que je renvoyait aux autres et puis de saboter malgré-moi ma vie amoureuse et professionnelle.

Il y a 6 mois, lassé, écœuré et impuissant : l'amour a quitté le navire qui sombrait. Et là ce fut pour moi une avalanche de chagrin, de culpabilité, d'idées noires et comme un boom-rang pervers : l’explosion de mon démon ! Ma souffrance lui a laissé carte blanche : plu de limite, plu d'horaire, plu d'interdit, plu de frein… Il me consolait autant qu'il entretenait ma peine, il me boostait autant qu'il me ruinait, il me maintenait en vie autant qu'il m'enterrait.

Alors,
"Cher démon,
Il y a quelques temps tu étais encore un amant amusant, distrayant et plutôt agréable mais année après année tu es devenu trop possessif et trop envahissant. Tu as pris le contrôle sur ma vie comme un mari jaloux, tu es devenu nuisible et manipulateur : JE NE TE SUPPORTE PLU !
Saches que je demande le divorce et que je me fais accompagner dans mes démarches pour obtenir gain de cause.
J'ai jeté tes dernières affaires au container avant-hier soir, tu n'es plu le bienvenu chez moi et je ferai en sorte de ne plu croiser ta route."