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Des personnes sourdes ou malentendantes ?

Par Profil supprimé

12 réponses


Profil supprimé - 06/04/2019 à 19h57

Bonjour à tous. Après une longue période d'absence, j'ai eu besoin de retrouver le fil de discussion que j'avais lancé en décembre, mois où tout allait bien, où je me pensais "fort"...

Ce fut effectivement le cas jusqu'en février. Après les vacances de Noël, confiant suite à vos échanges positifs, je me suis lancé dans la quête d'une accessibilité pour les Sourds. Mal m'en a pris. J'ai obtenu des remarques à se taper la tête contre un mur, ou malheureusement à s'anesthésier avec le sport du binge drinking. Par ailleurs, une nouvelle fois, ma candidature pour un poste de grade inférieur mais qui me permettrait d'avoir une vie professionnelle sans pression et stress a été refusée... ça n'a pas arrangé la situation.

Je me suis heureusement repris, surtout grâce à toutes ces personnes qui me veulent du bien, et suis de nouveau abstinent. J'ai pu prendre du recul, réfléchir, et comprendre que j'étais le premier acteur pour ma propre santé, et qu'il fallait absolument que je pense en permanence à me protéger. Ce que j'essaie de mettre en application.

Concernant l'accès aux soins avec accessibilité, j'ai pris le temps de relire le fil, j'ai également échangé avec d'autres personnes. Cette rechute m'a permis d'élargir mon cercle d'amis au courant de mon alcoolisme et qui essaient de me conseiller. Notamment une personne m'a parlé du "Centre ambulatoire pluridisciplinaire de psychiatrie et d'addictologie" de Nantes, que Modérateur m'avait conseillé. C'était la seule adresse que je n'avais pas essayé en janvier. Je prends le temps de récupérer de l'énergie, avant de les contacter. Je pense que j'ai surtout besoin d'un contact régulier (hebdomadaire ?) avec un professionnel auquel je pourrais exprimer mes frustrations ?

En tout cas, je suis heureux de m'exprimer. Cela me fait du bien ce soir. Car je sais que des personnes bienveillantes me liront.

Au fil du chemin, chuter aura été monnaie courante. A chaque fois, j’ai dû apprendre à me relever. Aujourd’hui, il m’arrive encore de tomber. Moins souvent. A mettre au compte de la prudence qui visiblement s’installe avec l’âge. Et il se trouve, à chaque fois que je me relève, une nouvelle occasion de prendre conscience que ça fait partie du cheminement et que je ne suis qu’un homme.

Profil supprimé - 12/08/2019 à 14h26

Bonjour Ludovic,

Je suis soulagée de trouver ce forum et de lire vos commentaires. Mes parents sont sourds et mon père a une forte dépendance depuis mon enfance à l'alcool. Je cherche désespérément un groupe de parole ou même un accompagnement spécifique pour les sourds atteint de cette maladie. J'aurai voulu échanger avec vous plus en profondeur et cette histoire de créer quelque chose me motive énormément.
L'alcool est très répandu dans la communauté et j'ai beau chercher il n'y a rien d'accessible pour eux.
J'ai réussi à avoir la pitié salpetriere ou il y a un servi de d'addictologie avec des médecins et des interprètes. Je pense déjà dans un premier temps en parler à mon père et voir comment il réagi face à ça.
Adeline

Profil supprimé - 12/08/2019 à 19h40

Bonjour Adeline,

C'est un témoignage très fort, qui m'a ému. C'est la double peine pour votre papa et vous : Sourd et alcoolique, Coda et fille d'alcoolique. Je comprends ce que votre famille vit. Je sais aussi que l'alcool est répandu dans notre communauté, mais il y a une telle souffrance derrière : des parcours familiaux difficiles, des parcours scolaires, des parcours professionnels difficiles... D'où la nécessité d'avoir des structures de soins et des professionnels de santé adaptés. Malheureusement tout semble à faire.

ça fait quatre ans que je suis adhérent à une association locale, sur les conseils de mon père ancien adhérent mais pas sourd..., 4 ans que je vais sagement aux réunions mensuelles sans comprendre grand chose, 4 ans où la situation s'est plus dégradée qu'améliorée. J'ai enfin réussi à suivre la dernière réunion de la saison en juin en sollicitant deux interprètes payées de ma poche (et c'est en soirée....). ça m'a au moins convaincu qu'il fallait que je passe par des professionnels de cette maladie.

En septembre, je vais enfin entrer en cure. Là encore, j'ai buté sur le problème de l'accessibilité. J'ai même sollicité le Défenseur des Droits pour qu'on m'explique clairement les droits que nous donnent la Loi du 11 février 2005. Pour l'instant le dossier est rendu à l'ARS, j'espère une réponse claire et positive. En attendant, j'ai eu la chance de tomber sur un centre de soins où "l'humain" est présent, donc je fonce.

ça doit être très bien le service addictologie de La Pitié. C'est là que le docteur Dagron a créé les premiers services accessibles aux Sourds, donc le personnel doit être sensibilisé. Et ça me paraît maintenant évident qu'il faut passer par des professionnels en addictologie pour sortir de ce poison

Vous me faites penser à mon fils qui a 18 ans. Il m'a avoué il y a peu sa "souffrance" et son impuissance... Je lui ai conseillé d'intégrer un groupe de paroles "entourage" pour s'exprimer et avoir des réponses. Je ne peux à la fois lui répondre et combattre le craving. Et aussi, je pense qu'il faut s'exprimer, Sourds et Codas. Nous sommes les seuls à pouvoir témoigner des problèmes d'addiction dans la communauté Sourde, à pouvoir réclamer des structures adaptées, des associations adaptées, c'est-à-dire à bénéficier d'une qualité de soins équivalente à tout citoyen français.

Je reste bien sûr disponible pour échanger. Et si d'autres Sourds ou d'autres Codas veulent s'exprimer, ils sont bienvenus. La parole est libératrice.

Bien à vous Adeline.

AA

Thomas

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