Bonjour,

Mon fils de 39 ans est parti, mot délicat pour dire la vérité, il est mort.
Depuis des années il buvait, toujours plus, mais il avait un métier formidable, plongeur sous marin. Mais l'alcool a pris de plus en plus de place dans sa vie. Sa compagne l'a quitté il y a 4 ans, et il a sombré. Il y a 2 ans 1/2, il a fait un premier comas éthylique, 3 semaines en réanimation, ensuite ce fut l'enfer des cures et des rechutes, on a tout essayé, mais il refusait d'arrêter, le zéro alcool, il n'en voulait pas disant toujours, je peux gérer, et moi de répondre, thomas, tu ne gères rien du tout, l'alcool sera toujours le grand vainqueur.
Nous en étions à la 4ème cure et c'était lui qui l'avait voulu. Il a fait ses 6 semaines et ça s'est très bien passé. Quand il est sorti, il avait plein de projets, on en parlait beaucoup et j'étais prête à l'aider, pour tout. Il le savait, mais il savait aussi ma fragilité et le cancer que j'avais développé, et peut-être s'en rendait un peu responsable.
Quand il est sorti il y a un mois, il devait venir quelque temps à la nouvelle maison que nous avions acheté (avec mon mari qui n'est pas son père, mais son père était très présent). Mais il reculait la visite. En fait il avait recommencé à boire car pour lui le zéro alcool n'était pas envisageable. Il aimait ça. Il m'a dit que son chargeur de portable marchait mal, que je ne m'inquiète pas si il ne répondait pas. J'ai compris, mais j'ai joué le jeu, parce que je ne voulais plus décider à sa place. Et puis, il n'avait plus beaucoup d'argent, alors je savais qu'il allait rapidement me rappeler. Mais au bout d'une semaine, toujours rien. Portable en arrêt. Son père qui habite à côté était à l'étranger. Il n'était pas allé non plus à son RDV d’hôpital de jour. Le 25 juin, j'ai envoyé les pompiers chez lui. Puis l'après-midi la police est venu chez moi et m'a annoncé la terrible nouvelle. Il était mort depuis plusieurs jours, probablement dès la coupure du téléphone. Il s'était mis en retrait pour faire une cure de sevrage perso comme il disait. Il prenait beaucoup de médicaments pour tenir. Il aura augmenté la dose, et ne se sera pas réveillé. Nous attendons le résultats final des analyses toxicologiques, mais qu'importe, il n'est plus là.

Je savais que seul lui pouvait décider, j'ai été là, toujours à jongler entre lui imposer des cures, et le laisser vivre à sa guise, mais je voyais sa déchéance physique. Là c'était lui qui avait décidé cette cure. Je n'aurais pas du le laisser et l'obliger à venir ici. mais voilà, il a 39 ans, et je ne pouvais pas la materner toujours (bien que ce fut ce que j'avais fait depuis longtemps).

Quels conseils puis-je donner de mon expérience.
Le premier, non, on ne gagne jamais contre l'alcool. et seul le zéro alcool peut fonctionner (j'en ai plusieurs témoignages dans mon entourage).
Le deuxième, malgré le stress, la douleur, ne jamais rien lâcher, se battre avec eux, sa lutte fut la mienne, et on y était presque arrivé. L'espoir fait vivre.
Aider, aider, aider, ne pas les abandonner, jamais, même si ils deviennent agressifs, s'ils s'isolent, si ils vous envoie balader, ne rien lâcher. C'est une maladie terrible. Oublier l'alcool et la honte que l'on a. Quand j'ai admis et que je l'ai dit, amis, famille, j'ai oublié la honte et je disais que j'ai un fils qui se bat contre une addiction, l'alcool.
Se faire aider, sur ce site avec les écoutants qui sont formidables et je les remercie beaucoup, ils m'ont aidé à tenir le coup.
Il y a des miracles, il faut y croire, et nous y étions presque.
Ce fut un accident, qui ne serait pas arrivé sans l'alcool bien sur. mais on y était arrivé, un peu, un petit pas en tous cas.

Parlez à vos proches qui boivent de mon expérience, on en meurt, l'alcool est une maladie mortelle.
Zéro alcool, à vie, il n'y a aucune autre issue.

On ne marchande pas avec l'alcool parce qu'on ne marchande pas avec le diable, on ne marchande pas avec la mort.

Courage à toutes et tous. Ne les abandonnez jamais, même si ils ne le montre pas, ils sont perdus.

La maman de Thomas