On est le mercredi 19 août 2020. Il est 13h24. Ça fait 3h24 que je suis sobre. Je me suis préparé, j'ai même passé 2 semaines à ne penser qu'à ça ou presque. J'ai déjà fait 14 sevrages, mais celui-ci est nettement plus compliqué, car depuis la mort de ma mère, en 2018, ma consommation d'alcool est monté à des niveaux que je n'avais jamais atteint : 1 L de vodka / jour, par exemple. Si les autres sevrages n'étaient qu'une affaire de volonté, là, j'ai besoin d'aide médicamenteuse, anxiolytiques et vitamines. Et des tonnes de bouteilles d'eau fraiche dans mon frigo. J'ai dormi de 10h à 12h45, heure à laquelle j'ai pris un demi comprimé d’anxiolytique. Pour l'instant je suis dans un coton bienveillant, les tremblements, l'irritabilité et le mal-être que je connais quotidiennement depuis plusieurs mois quand je suis en manque ne sont pas là. Mais je sais d'après ce que j'ai lu que ça ne devrait pas tarder. Mais cette fois doit être la bonne : j'ai 55 ans, une femme merveilleuse à laquelle j'essaye, surement inutilement, de cacher ma dépendance, un métier que j'adore, une maison qu'on vient tout juste d'acheter. Je ne VEUX PLUS que l'alcool vienne se mettre en travers de ma route. Je continuerai à vous raconter ma traversée du désert du sevrage, puis mon ascension de l'Everest de la liberté, si jamais cela peut donner envie à un ou une autre esclave de cette saloperie de lever le poing et de sortir de la mine.
Par Anonyme
26/12/2020 à 12:32
J'ai lu que des séances de Reiki pouvaient aider à diminuer sa dépendance. C'est vrai qu'à cette période de l'année c'es très tentant en ce moment.
Alors ma question est simple est-ce que un traitement Reiki peut aider a rester sobre ?
Merci
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Par Anonyme
30/12/2020 à 16:15
30 jours sans tutu. Je m'achemine vers un décembre sec. Au demeurant, pourquoi Dry January plutôt que Janvier sobre ou bien sec ? L'usage de la langue Française est elle un frein pour affermir une bonne résolution ? Allez savoir ! Je salue Rewinder et je dis à bientôt et meilleurs voeux.
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Par Anonyme
04/01/2021 à 10:48
35 jours sans tutu. Je suis sobre comme un chameau sec. C'est déjà ça de gagné. On verra si ça tient. Mes salutations et meilleurs voeux à toutes et tous.
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Par Anonyme
04/01/2021 à 15:30
Bonjour Rewinder,
J'ai lu tout ton journal d'une traite, tout tes témoignages depuis le mois d’août avec passion, comme un bon livre qu'on ne peut plus lâcher, quelle belle écriture, tu m'as fascinée,
Quel choc ta description de la rechute, quelle perplexité face à tout ce travail d'analyse, c'est vraiment très enrichissant. Et quel courage de te relever ensuite et de l'écrire ici, humble après cette terrible épreuve, mais qui n'est apparemment ni la première ni la dernière,
J'ai vu récemment dans un reportage, et tu le sais déjà par ton expérience, que le parcours de soins est jalonné de rechutes, que cela est admis maintenant comme faisant partie du chemin classique vers la guérison, le savoir est déculpabilisant, même si cela ne doit pas ouvrir la porte à se trouver des excuses (et je suis spécialiste des excuses, malheureusement.
J'espère que tu vas bien. Pour ma part je sors de 2 semaines (comme beaucoup) de glouglou, heureusement sans conséquences familiales, mais aujourd'hui je relève la tête et espère retrouver le chemin de la diminution ou de l'arrêt.
J'espère te lire bientôt car c'est tellement inspirant ! très bonne année à tous : )
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Par rewinder
05/01/2021 à 14:20
Sevré par le gong : 30 jours, ça le fait. Ne lâches pas l'affaire.
Manuelouly : tu as raison, la libération passe par les rechutes. J'ai réussi à tenir le choc pour Noël, fête que je détestes pour d'intimes raisons. Mais le nouvel an a été plus dur... La question de la culpabilisation me semble essentielle. Alors j'ai décidé d'écrire un truc, inspiré de ce que j'ai écris ici. J'ai appelé cela "je suis un héros", car j'ai voulu inverser le discours de la société, qui nous méprise, pour montrer qu'au contraire, les alcooliques sont des gens qui se battent pour vivre, pour se libérer de leurs pulsions de mort. En voici le premier chapitre.
"C’est l’une de ces pharmacies nouvelle génération, installée à la sortie d’une ville moyenne, en bordure de la route qui mène aux villages dortoirs qui entourent cette ville sans âme. Encastrée entre un fast-food et une boulangerie à la chaine. Facilité d’accès garantie. Ici, le pharmacien n’est plus un confident ni un conseiller, juste le gérant d’un espace de profit. Le précédent gérant de cet espace de profit a fait faillite : c’était un pharmacien à l’ancienne, qui a cru qu’il pourrait changer de culture professionnelle comme on change de costume. La nouvelle gérante est par contre parfaitement dans le moule. Bourgeoise chignonisée, regard bleu méprisant, d’entrée de jeu, pour mon allure de va comme j’te pousse.
Je pose mon ordonnance. Des médicaments contre la goutte, premier indice. Et puis la confirmation : du Baclofène. Elle jette un rapide regard vers moi. A peine une seconde. Le temps de lire le mépris, le sentiment de supériorité, la malveillance bourgeoise à l’état pur - voire même distillé.
Elle tapote sur son clavier. Les petites boites en carton descendent par une gouttière en spirale. Le traitement contre la goutte. Et une seule boite de Baclofène, au lieu des 3 prescrites. Pour me rationner. Pour me punir. Pour me dire « tu ne mérites pas l’aide que te donnes ce traitement ».
Option de scénario 1 : je plante mon regard bleu acier dans celui de la bourgeoise. J’y mets toute la haine que j’ai pour elle, pour ces gens qui se pensent meilleurs, pour ces gens qui coupent le monde en deux, les bons et les méchants, les riches et les pauvres, les bien-élevés et les traine-savates, les sobres et les alcooliques. Ma haine est considérable, elle a vieilli en cuve pendant plus de trente ans. Alors, cette raclure baisse les yeux. Et moi, à voix basse, je commence.
« Tu te crois meilleure que moi, hein ? Tu te crois autorisée à me juger, à me donner une note, à m’écarter de ta route ? Mais vois-tu, pauvre chose, l’un de nous deux est un résistant, et l’autre un collabo. Le résistant, c’est moi. Parce que depuis 30 ans, je me bats, une vraie guerre des tranchées, de tous les jours, de toutes les heures, de chaque seconde. Une guerre contre cette pulsion de mort qui m’amène à ôter des bouchons, des capsules, à défaire les opercules de cubitenaires, pour détruire mon corps, mon âme, mon esprit. De temps à autre, je gagne une bataille, puis j’en perds dix, puis j’en gagnes trois de suite, et j’en perds 20. Mais moi, vois-tu, pauvre chose, je me bats, je m’agite, je tente, je vocifère, je pleure de rage, je ne lâche pas l’affaire: je suis un héros, j’existe et je résiste. Toi, tu ne fais que vivre, à grand peine ». Et là, je bondis par dessus le comptoir, je monte par la gouttière en spirale jusqu’à l’étage où le robot débile range les boites de médicament, je m’empare des deux boites de Baclofène qui me sont due, puis je saute en souplesse sur le comptoir, et ensuite sur le sol, et je sors la tête haute de cet espace de profit pharmaceutique sous les vivats de la foule en délire.
Option de scénario 2 : Je dis « merci bien madame », je reprends ma carte vitale et mon petit sachet de médoc, avec ma pauvre boite de Baclofène qui ne me permettra de tenir qu’à peine une semaine avant devoir venir quémander de nouveau sa remplaçante. Je sors de la pharmacie, la tête basse.
Notre grand jeu concours : devinez quel scénario s’est déroulé en vrai. Un demi Baclofène au gagnant.".
Voilà, mes frères et soeurs en alcoolie, ma contribution pour tenter de faire comprendre au monde que nous ne sommes pas des victimes, mais des combattants, des hommes et des femmes qui veulent choisir leur vie.
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Par Anonyme
06/01/2021 à 09:35
Bonjour Rewinder,
je ne sais pas pourquoi instinctivement, je répondrai qu'il s'est passé un scénario 3 que tu n'as pas pourtant pas écrit, et qui serait la simple question à cette horrible marâtre bourgeoise : "est-ce que vous pouvez me donner tous mes médicaments prescrits ? Merci".
Ma question : a-t'elle le droit de refuser ?
Je n'en suis pas certaine, elle peut inventer une rupture de stock, mais il me semble que non.
Il est grand temps de trouver une autre pharmacie..
Je ressens le même stigmate que toi, pour la première fois de ma vie ce matin, je suis allée dans un laboratoire pour une prise de sang, bilan sanguin prescrit par un médecin addictologue que j'ai vu, lui aussi pour la première fois, le mois dernier. En préparant mon ordonnance, je vois qu'il y a bien dessus l'entête du CSAPA et écrit bien en gros et en gras "addiction", "addictologie", "alcool" etc
Je réalise seulement au guichet que je ne peux pas cacher pourquoi je suis là. Mais va-t'on me le demander ?
La 1ère et dernière fois que j'ai fais une radio des poumons pour une infection pulmonaire épouvantable, la technicienne m'a demandé pourquoi j'étais là, si je toussais, si je fumais (ce qui n'est pas le cas).. j'étais un peu choquée, j'avais ma prescription, de quoi se mêlait-elle ? Voilà que tout le monde se prend pour un médecin !
Je m'assois alors pour la prise de sang, nom-âge-domicile... et la question tombe de la jolie demoiselle "c'est pour un suivi lié à l'alcoolisme" ? Apparemment elle aussi vient de décrocher son tout nouveau diplôme !
Option 1 : oui (timide, presque à devoir s'en excuser car oui, mieux à faire dans son métier que de prendre en charge les "gens comme moi")
Option 2 : Comme vous l'avez bien lu, félicitation, c'est une prescription médicale faite par un addictologue. La ou les produits concernés sont confidentiels et ne vous concernent absolument pas. Cela s'appelle le secret médical. Vous allez me piquer maintenant ?
Option 3 : Cocaïne, herbe, sky, met, opioïdes ... J'ai à peu près tout essayé ma petite ! Ben oui, faut savoir profiter de la vie...!. Je n'avais jamais envisagé l'alcool, cela me paraissait trop cliché, trop bon marché, trop bas de gamme pour moi, la boisson du pauvre et du sdf... Mais vous venez de me donner une bonne idée qui, je le sens, va m'inspirer. Je vais maintenant l'envisager ... ;)
Alors ?
Bonne journée à tous :)
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Par rewinder
06/01/2021 à 12:27
Ah, je kiffe grave ton option 3 !
Cette double question de la culpabilité (que l'on ressent quand on boit) et de la culpabilisation (que nous renvoie le corps social) est au coeur du roman que j'écris. J'ai fait ma premiere rechute, en octobre, alors que je venais de dire à ma chérie que je buvais, que j'avais fais un sevrage. Comme l'a écrit l'un des contributeurs de ce journal de liberté, c'était parce que j'avais dit cela, parce que j'étais écrasé par le sentiment - qui plus est totalement injustifié, car ma chérie, je le sais, me vois tel que je suis en totalité : pas seulement alcoolique, mais aussi attentif, créatif, impliqué jusqu'à l'excès dans la lutte contre les salauds de tous ordres, et contre les excès de tous les pouvoirs.
C'est donc ma culpabilité qui m'a fait replonger, et rien d'autre.
Or, je suis de plus en plus convaincu, et ce n'est pas juste une posture intellectuelle, que nous qui nous battons contre ce démon liquide sommes des gens admirables. Parce qu'on essaye, parce qu'on tombe, et qu'on finit par se relever. Se faire déposer au sommet de l'Everest en hélicoptère, c'est du tourisme. Le monter à pied, c'est un exploit. Chacun et chacune de nous escalade l'Everest chaque jour. On est des héros. La société devrait nous faire des foutues statues. Et les campagnes de prévention, plutôt que de nous montrer en train de tuer des gens en conduisant, ou de dégueuler sur les trottoirs, devrait nous montrer en tenue de super héros (perso, j'adorerais être en Hulk) avec cette légende : "Rewinder, alcoolique qui se soigne".
Le fait de ne pas s'aimer, de se sentir un moins que rien, tant à ses propres yeux qu'à ceux de la société, est à mon avis (et mon avis n'est pas une valeur absolue) au coeur de nos difficultés à guérir.
Enfin, dernière chose, avec ce roman, qui reléve plus d'ailleurs du témoignage : je veux que ceux et celles qui commencent tout juste à flirter avec le démon liquide sachent ce qui les attends. Histoire d'avoir le choix que je n'ai pas eu.
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Par Anonyme
06/01/2021 à 12:34
Beaux envois, Maneouly & Rewinder.
37 ème jour sans alcool. J'aimerai aller jusque 90 jours afin de voir si les bienfaits sont patents (mémoire, détermination et concentration, regain de créativité, curiosité intellectuelle dédoublée, fatigue moindre, émotions sans sensiblerie, que sais-je encore). Je ne prends pas de médicaments si ce n'est m'acheter des modèles réduits de voitures "vintage" (vous m'avouerez, un homme de mon âge antédiluvien !) et puis la musique. On a ses plaisirs. J'ai hâte de retourner au cinéma et au musée. Ce tantième confinement brise menu/menu. Voilà, courage à vous tous.
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Par rewinder
06/01/2021 à 17:17
Salut Sevré par le gong, bravo pour les 37, j'y crois avec toi pour les 90. J'avais pas pensé aux Dinky Toys comme solution anti craving. Je me mets là dessus tout de suite, camarade ! May the Force be with you, comme on dit chez moi.
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Par Modérateur
06/01/2021 à 18:00
@Rewinder
Bonne année à vous également et... désolé je n'ai pas le droit. :/
@tous : pas plus courageux que vous alors bravo ! Meilleurs vœux.
Le modérateur.
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