On est le mercredi 19 août 2020. Il est 13h24. Ça fait 3h24 que je suis sobre. Je me suis préparé, j'ai même passé 2 semaines à ne penser qu'à ça ou presque. J'ai déjà fait 14 sevrages, mais celui-ci est nettement plus compliqué, car depuis la mort de ma mère, en 2018, ma consommation d'alcool est monté à des niveaux que je n'avais jamais atteint : 1 L de vodka / jour, par exemple. Si les autres sevrages n'étaient qu'une affaire de volonté, là, j'ai besoin d'aide médicamenteuse, anxiolytiques et vitamines. Et des tonnes de bouteilles d'eau fraiche dans mon frigo. J'ai dormi de 10h à 12h45, heure à laquelle j'ai pris un demi comprimé d’anxiolytique. Pour l'instant je suis dans un coton bienveillant, les tremblements, l'irritabilité et le mal-être que je connais quotidiennement depuis plusieurs mois quand je suis en manque ne sont pas là. Mais je sais d'après ce que j'ai lu que ça ne devrait pas tarder. Mais cette fois doit être la bonne : j'ai 55 ans, une femme merveilleuse à laquelle j'essaye, surement inutilement, de cacher ma dépendance, un métier que j'adore, une maison qu'on vient tout juste d'acheter. Je ne VEUX PLUS que l'alcool vienne se mettre en travers de ma route. Je continuerai à vous raconter ma traversée du désert du sevrage, puis mon ascension de l'Everest de la liberté, si jamais cela peut donner envie à un ou une autre esclave de cette saloperie de lever le poing et de sortir de la mine.
Par rewinder
12/08/2024 à 15:18
Salut Ch'tiote 67
Bienvenue dans la Horde des amoureux de la liberté. Tu as poussé la porte, installes-toi, y'a de la place pour tout le monde. Tu as fait deux bonnes choses : tu t'es rendu compte que tu étais alcoolique, et de deux tu as décider de te débarrasser de ta dépendance. C'est une part énorme du travail, peut-être plus difficile que d'arrêter, figures-toi. Donc, dis-toi que tu as déjà réussi un truc important, ce sevrage est donc une épreuve à ta portée.
Tu veux bien nous en dire plus sur ta conso ? Ce que tu bois, en quelle quantité en moyenne ? Et puis, question auxiliaire : est-ce que tu as des problèmes de tremblements incontrolés ? Les sevrages ne font pas de la même manière selon l'état où l'on est, et la conso qu'on a. Mais bien évidemment, t'es pas obligée de répondre à ces questions. Tiens bon, tu as tenu 33h, bientôt 48 soit 2 jours, puis 4 jours, puis une semaine.... Get up, stand up, don't give up the fight.
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Par Ch'tiote67
12/08/2024 à 16:03
Coucou,
En général c'est despé, picon, et crément, et des fois un peu de whisky
J'ai pas un parcours facile, parents décédés quand j'était jeune 16 et 26 ans, enfant avec handicap.
Puis je suis tombée folle dingue amoureuse il y a 7 ans d'un homme qui voulait voulait pas, voulait, etc. Puis enfin au bout de 2 ans on se met ensembles et c'est juste magique. mais j'étais déjà habituée à boire quotidiennement mes 3 despes par jours et j'ai continué, on habitait pas ensemble.
2 ans plus tard, il s'avère que Mr est pédophile (2021) et a touché à ma fille... Ma fille part chez son père, lui disparait du jour au lendemain et moi je suis là dans la tristesse pour ma fille et la culpabilité de mes sentiments qui ne se sont pas en allés comme ils auraient dû. Je mélange 3 despés 2 picon.
Je me remets peu à peu mais toujours même conso (en 2023) et je me rends compte qu'il faut que j'arrête, mais mes crises d'angoisse m'en empêchent et c'est la seule chose qui me calme.
Puis l'autre homme et rebelote, je veux, je veux pas et le 14 juillet après un an d'à peu près relation il m'annonce qu'il y en a une autre et qu'on arrête tout. Et là je plonge tête la première dans le fond abyssale, je commence dés le matin les despé ou whisky ou picon, je continue la journée et même la nuit en me réveillant. Je touche le fond et me fait peur à moi même d'où la décision de consulter un psychiatre pour arrêter.
Et là cet aprèm, je vois qu'il enlève célibataire de son profil facebook, ce qu'il n'a jamais fait pour moi parce qu'il ne voulait pas que ça se sache. Et là il cache plus rien, il est à fond dans le love.
Franchement heureusement que j'ai rien à la maison à part du soft, car là j'aurais pas tenu.
Pas de tremblements, pas de sueur ou de nausées ou autres symptômes en tout cas
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Par rewinder
12/08/2024 à 16:21
Ch'tiote 67, OK, je vois. La bonne nouvelle, c'est que ton corps à l'air (apparemment, vu l'absence de symptome) d'avoir moins morflé que ton âme. Donc tu ne vas pas trop avoir de dépendance physique, et le sevrage ne sera pas pénible. Mais par contre le challenge, ça va être de ne pas reprendre, ce que tu as bien compris puisque tu as déjà recraqué une paire de fois. Je te propose un truc : on se donne un rendez-vous ici tous les jours pendant une semaine, à 13h par exemple. Ton objectif pour l'instant est donc simple : tu restes sobre jusqu'à demain 13h. Banco ?
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Par Ch'tiote67
12/08/2024 à 18:25
Ok pour le RDV journalier, mais demain, je ne peux commencer qu'à 15h15 après le boulot, à midi, je vais au restau avec mes collègues. Mais pour les autres jours ça devrait être bon, merci pour ton aide :)
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Par Ch'tiote67
12/08/2024 à 20:38
Re coucou,
Dans 30 minutes, ça fera 48h yeahhh.
Je lis le fil de discussion, vous êtes tous tellement inspirant et motivant, même malgré les mauvais moments, vous ne lâchez rien, c'est juste impressionnant.
En vous lisant, j'ai la certaines impression que nous sommes toutes des personnes dont le cerveau tourne à 1000 à l'heure.
Pas mal de musiciens aussi lol, j'en suis une aussi mais dans un registre bien différent, je fais du clairon et de la trompette de cavalerie, et c'est vrai qu'après les répètes il y a souvent l'apéro.
Je suis aussi une sacrée dépendante affective, ce qui me mets dans tous mes états lorsque j'ose une relation. La dernière s'étant terminé il y a moins d'un mois parce que monsieur a trouver une autre femme, ce qui m'a bien fait plonger et donner l'envie de m'en sortir.
Mais c'est ça pour moi, ces émotions si violentes de peur de le perdre, une douleur intenable, ce sont ces choses qui me font boire en générale ou les crises d'angoisses où je crois faire une crise cardiaque pfffff.
Aujourd'hui j'ai vu que Mr s'est bien laché sur facebook, célibataire enlever plein de jolies citations d'amour etc... Alors que j'étais cachée depuis un an ! et qu'en bonne dépendante affective je preférais les miettes que rien du tout.
Et non, je n'ai pas craqué cette fois, et pourtant la douleur est juste horrible. Surtout qu'il est musicien avec moi et que forcément je vais le revoir et en plus peut être accompagné juste une horreur.
Le côté artiste et cerveau en ébulition permanente, j'ai bien l'impression que c'est le point commun d'un grant nombre d'entre nous.
Bisous, et courage à tous dans ce combat, je pense fort à vous qui m'avait bien aidé dans ce combat que je commence.
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Par Ch'tiote67
13/08/2024 à 07:09
Salut Rewinder,
Je t'avais répondu hier 2 fois lol mais les messages sont pas passés...
Je pourrais pas 13h je mange au restaurant avec mes collègues. Par contre je finis le travail 15h, donc je me connecterai a ce moment-là
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Par Ch'tiote67
13/08/2024 à 15:38
Coucou,
Avec un p'tit retard mais je suis là.
On a un peu trainées au restau et du coup j'ai dû finir le travail que j'avais pas encore terminer ce matin...
Toujours ok pour moi 3j à 21h
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Par rewinder
13/08/2024 à 17:02
Salut Ch'tiote, désolé, mais le propre de la vie d'un journaleux, c'est le coup de fil surprise qui te fait partir de chez toi en catastrophe à 9h15... Je viens seulement de revenir. Cool que tu ai pu tenir. On continue comme ça, je te propose qu'on ne fixe pas d'horaires, mais qu'on se dise qu'on s'écrit une fois par jour, c'est plus réaliste !
J'avais lu entre les lignes ta "dépendance affective", qui effectivement te condamne à des tristes sires bien heureux de n'avoir qu'à donner des miettes d'amour - et peut-être bien incapables d'en donner plus. J'ai passé dix années dans cet état, après mon premier divorce, allant de rencontre foireuse en rencontre merdique. Ca a été comme ça jusqu'à ce que je craque complétement, et ça s'est terminé dans un hôpital, avec 54 fractures au visage.
La gnôle est une "machine a ouvrir grand les plaies", qui nous fait croire qu'elle les ferme. Oui, quand on prend sa dose d'éthanol, on oublie la douleur, on se sent un peu plus beau que ce qu'on croit qu'on est. Mais ça dure le temps que dure la présence de l'éthanol dans notre sang. Aprés, la plaie se réouvre, et s'écarte encore plus parce qu'on la honte d'avoir bu. On ne se sent plus du tout "aimable", capable d'être aimé. Et plus on boit, moins on est aimable.
Deux ans aprés ce séjour à l'hopital, qui a été aussi le début d'une période de sobriété, j'ai été sur un site de rencontre. Et j'ai fait du rentre-dedans à la plus jolie fille que j'avais trouvé. Je n'ai pas attendu qu'on s'intéresse à moi. Je n'ai pas attendu qu'on me jette des miettes : j'ai foncé dans le tas en me disant "ça passe ou ça casse, et si ça casse et bien ça sera quelqu'un d'autre". Et ça a marché. Parce que je m'étais rendu aimable, et surtout parce que je m'étais su aimable. Pas juste un mantra que je me suis répété : non, j'avais réalisé que j'étais aimable, que mes atouts n'étaient certes pas physique - mis à part mes yeux, qui d'après ma prof de sport au collège "pourrait faire craquer n'importe qui", et qui sont effectivement tres expressif, mais que j'avais plein d'autres choses dignes d'amour. j'ai commencé par m'aimer moi : après, les autres s'y sont mis aussi !
Cela, je l'ai réussi grâce à une thérapie. C'est un outil extrêmement puissant, si tu joue le jeu pleinement et honnetement, sans rester au bord de la piscine en te disant "j'y vais ou j'y vais pas".
Voilà, Ch'tiote, rendez-vous un peu plus tard dans la journée, et sinon au plus tard demain pour ta 4e journée de liberté, si je compte bien. Tu vas y arriver : la flamme de la vie est allumée en toi. Get up, stand up, dont'give up the fight.
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Par Ch'tiote67
13/08/2024 à 17:28
Coucou,
Oui merci pour ta réponse.
Oui je sais je ne m'aime pas assez.. Et aussi je me sens terriblement seule affectueusement. Certes j'ai eu un semblant de copain un an mais on s'voyait genre toutes les 2 ou 3 semaines.
J'essaie de m'aimer un peu plus, de prendre soin de moi. Je suis récemment allée chez le coiffeur couper mes cheveux et suis toute blonde haha. Ma fille de 16 ans m'a emmené épilé mes sourcils aussi, et j'pensais pas mais je me suis trouvée super belle après ça.
J'espère aussi, qu'en arrêtant mes bêtises alcooliques, j'améliorerais mon énergie et attirerait de meilleures personnes.
Mais bon la rentrée musicale me fais peur, je retrouverai mon fameux ex qui est aussi mon compagnon de fanfare et prof pour apprendre les morceaux, je sais pas encore si je vais pouvoir gérer ou si j'vais carrément plus y aller. Maie j'ai quand même envie de continuer ma musique.
Bref mon plus grand chagrin actuel, c'est cette solitude, j'ai envie d'être avec un partenaire que j'aime et qui m'aime ça me manque au bout de 3 ans car cette dernière année ne compte pas vraiment finalement.
Heureusement que j'ai mes petits monstres qui sont gentils et me font beaucoup rire.
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Par rewinder
13/08/2024 à 18:59
Ch'tiote, tu sais, il n'y a pas que cette fanfare là... De manière générale, il faut éviter, dans les mois, voir les deux premières années après avoir arrêter, de reproduire les circonstances qui pourraient t'amener à avoir envie de boire. Il me parait nécessaire que tu mettes un bon gouffre et demi de distance avec cet homme. Il y a d'autre fanfares, quitte a faire quelques kilomètres de plus.
Tu ne te trompes pas : retrouver ta liberté/sobriété va te permettre de retrouver de l'énergie, mais surtout de la force de caractère et de la détermination. En apprenant à résister à l'envie de boire, tu "muscles ton caractère", tu acquiers aussi une confiance en toi vitale.
Ta fille a eu raison de t'emmener t'occuper de toi. Moi j'ai appris seulement vers 50 ans à m'occuper de moi. Maintenant je sais la manière de m'habiller qui me plait, la coupe de cheveux que j'aime, même la bonne taille pour ma barbe... je fais les choses pour moi, pour "être à mon gout".
Tu va vite t'apercevoir qu'autour de la sobriété se jouent plein de choses sur l'estime de toi, sur ta confiance et ton respect pour toi. Tu vas bientôt ressentir la fierté de t'être arrêter, et dans quelque mois, crois-moi, tu te sentiras comme ce que tu es : une super-héroïne, un être humain qui s'est dépassé, qui a été chercher sa lumière intime, et qui l'a allumé...
Rendez-vous demain, à l'heure que tu veux ou que tu peux. Tiens bon, tu es sur le bon chemin
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