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mon père est alcoolique...

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Bonjour à tous,

Je vous avouerais que je poste ce message comme une bouteille à la mer...
Voici mon histoire :

Mon père est alcoolique. Je l'ai toujours connu avec un "problème" d'alcool. Aussi loin que je me souvienne, il a toujours aimé boire.

Au début c'était des petites doses, des canettes de bière, puis on est passé à des canettes+1 bouteille de vin, puis 2, puis 3, puis un peu d'alcool plus fort...etc les doses ont augmentées au fur et à mesure.
Il faut savoir que mon père a longtemps été seul, puis je suis venue habiter avec lui pour mes études.
C'est le genre de personne qui vivait pour son travail et qui n'avait rien d'autre dans sa vie. C'est une bonne personne, et je l'aime de tout mon coeur mais aujourd'hui il est à la retraite, et cela n'a fait qu'empirer les choses.

Mon frère est venu vivre lui aussi avec nous (dans un tout petit appart'), je suis donc partie vivre ailleurs car cela n'était pas possible de vivre à 3 dans un appart' aussi petit, et j'ai fait ma vie tout en gardant un contact très régulier avec mon papa.
Un jour que je suis revenue les voir, je ne sais plus pour quoi mais ça été la goutte d'eau. J'ai été partagée entre la colère, mais surtout la tristesse. La tristesse d'avoir l'impression de ne rien pouvoir faire pour le "sauver".

Nous lui avons expliqués que nous l'aimions et que c'est pour cela que nous nous inquiétions pour lui.
Nous lui avons tout dit. Que sa consommation augmentait de mois en mois, qu'il en arrivait a un point où il titubait quand il marchait, que ses soirées était rythmées par les mêmes choses : alcool, clopes, ronflements, réveil, clope, bière, ronflements...et comme ça jusqu'au milieu de la nuit, qu'il perdait la mémoire et disait des choses completement illogiques.
Que le matin son café était toujours accompagné d'un dolipranne, qu'il en était à cacher ses alcools dans des endroits improbables de l'appart', qu'il se cachait dans la cuisine pour ouvrir ses canettes pensant qu'on le l'entendait pas et qu'il en était carrément arrivé au point de faire 36000 allers/retours à sa voiture (nouvelle cachette)...etc
Il a tout nié au début, mais nous lui avons fait comprendre qu'il avait un réel problème.
Naifs, nous avons pensés que cela suffirait car nous avons, avec lui, jeté tous ses alcools aux WC. Il avait promis d'arrêté... enfin bref je l'a fait courte, mais en gros cela a duré 2-3 mois.

Cela s'est passé il y a environ 2 ans. Là les doses n'ont jamais été aussi grandes,il ne se cache plus pour boire. Des bouteilles, des canettes et des flasques sont posées (il ne les cachent plus non plus) partout dans l'appart' !
Mon frère est allé voir un médecin généraliste qui nous a dit de l'emmener de force en sevrage dans un hôpital. Mais je ne suis pas sure que nous ayons vraiment le droit de faire cela contre sa volonté ... (?)
De mon coté j'ai été voir une psy car cela devient insupportable pour moi, on m'a dit que malheureusement, tant qu'il nierait, nous ne pourrions rien faire pour lui. Que s'il ne voulait pas être "sauvé" nous ne pouvions absolument rien faire...

Cela me détruit de jour en jour et je n'arrive pas à me construire correctement quand je pense à mon père qui décline.
Je me demande ce que je peux faire, si cela va nous coûter cher aussi, car l'aire de rien, nous ne roulons pas sur l'or (mon frère est encore étudiant et moi je viens tout juste de rentrer dans la vie active). Bref je ne sais plus quoi faire. J'ai l'impression que mon père essaye de se tuer à petit feu, nous pensons qu'il est gravement malade mais il refuse de se faire faire un check up (les mêmes excuses, il est à la retraire, mais "pas le temps", il "le fera un autre jour"...etc). J'ai aussi contacté des associations pour aider les alcooliques et leurs proches mais personne ne m'a répondu.

J'ai l'impression aujourd'hui de ne plus du tout être aidée, mon frère devient de plus en plus insupportable avec mon père, comme s'il voulait lui faire payer sa "faiblesse", et j'ai l'impression que cela ne fait qu'empirer la situation ! Ma famille qui est plus ou moins au courant fait comme si de rien n''était, comme si cela était un acquis, et qu'il n'avait qu'à se débrouiller seul. Je suis tellement en colère, tellement déçue, tellement triste...

Il a besoin d'aide, mais comment puis-je l'aider ?

Cordialement,

AlexM

Commentaire du modérateur

Bonjour,

Tout d'abord merci pour votre témoignage. La rubrique "témoignages" ne permet pas aux internautes de vous répondre et je vous conseille d'écrire aussi votre histoire dans le forum pour l'entourage.

Je ne crois pas que votre père soit dans le déni : il connaît l'existence de son problème parce qu'il vous a écouté une première fois et a essayé de le résoudre. En revanche oui l'alcool est une dépendance très forte, l'idée de "vivre sans alcool" est alors très angoissante et son premier échec tend à lui faire croire qu'il n'en n'est pas capable. En outre il ne perçoit sans doute pas quel intérêt il aurait à arrêter alors que cette simple idée le met en panique. Cependant il a la chance de vous avoir tous les deux. Vous avez su lui parler une première fois très intelligemment et il n'y a pas de raison pour que vous ne continuiez pas à faire de même encore et encore. Ne prenez pas pour acquis, parce que vous en avez déjà parlé, qu'il a vraiment conscience de ce qu'il fait ainsi que de ce que vous percevez vous deux de ce qu'il fait. Continuez à être le miroir - mais un miroir bienveillant - de ce qu'il fait tout en lui disant, ce qui était très bien, que vous l'aimez et que vous vous inquiétez pour lui.

Considérez qu'il faut en moyenne 6 à 8 tentatives réelles pour y arriver (la rechute fait partie du processus, elle doit être dédramatisée car il y a aussi des enseignements à en tirer pour la suite). Considérez qu'il a besoin d'aide mais qu'il va falloir qu'il la demande pour y avoir accès. En effet on ne peut pas le forcer (le médecin généraliste a tort à ce sujet) ni lui imposer cette aide tant qu'il ne veut pas être aidé. Cependant vous pouvez rendre l'aide plus proche pour qu'il puisse s'en saisir plus facilement pour le moment où il sera un peu plus "prêt". Votre frère et vous-même pourriez aller dans le "Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie" (CSAPA) pour y prendre des renseignements, lui en parler ensuite. Cela met également en acte que son mal-être, son alcoolisme, déteint sur vous deux et que vous avez besoin d'aide. Car ces CSAPA reçoivent et aident l'entourage et cela permettra à votre frère de "vider son sac" et d'être un peu moins agressif avec votre père. C'est gratuit et sur rendez-vous. Vous trouverez le CSAPA le plus proche dans notre rubrique "Adresses utiles".

Une partie de l'énergie nécessaire à un alcoolique pour entreprendre d'arrêter réside dans l'amour, la bienveillance et le soutien de ses proches. C'est difficile de ne pouvoir rien faire directement mais si vous lui assurez que vous êtes solidaire de lui quoiqu'il arrive, que vous ne le jugez pas et que vous comprenez qu'il ait cette maladie alors vous pourrez difficilement vous reprocher quoi que ce soit. Si cela vous affecte trop prenez de la distance. Vous le faites déjà grâce à votre psy, c'est bien mais n'hésitez pas à privilégier aussi vos propres moments de détente. Votre frère aussi. Votre père c'est important mais son problème ne doit pas devenir l'unique sujet de vos pensées et de vos actions. De la même manière qu'il est le seul à pouvoir vouloir s'en sortir, c'est en réalité avant tout SON problème, même si bien entendu il a d'énorme répercussion sur les êtres qui l'aiment.

Cordialement,

le modérateur.

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