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Mon père

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Mon père

Les dernières années de sa vie, je n’ai ressenti que du dédain, de la honte, de la pitié et de la colère envers cet homme, mon père. Celui avec qui je n’avais plus aucune relation depuis des années, si n’est qu’un rôle de figuration père-fille à la maison. Aujourd’hui il n’est plus là. J’ai été la spectatrice de sa destruction et j’avais accepté la fatalité à venir. Aussi étrange que cela puisse paraître, son absence m’allège. Son départ prématuré permet l’envahissement d’un grand silence salvateur.

D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu deux pères : celui qui était sobre et celui qui ne l’était plus. J’ai eu une enfance plus qu’heureuse, une mère formidable et surement l’innocence qui nous a permis à moi et ma sœur de ne pas apercevoir la scène qui était en train de se jouer. Cependant, la dure réalité de sa condition nous a progressivement rattrapés.

Ma mère as tout tenter, mais comment aider cet homme qui ne se rend pas compte de la gravité de sa condition, qui est dans le déni total de sa dépendance ? C’est terrible de se sentir aussi impuissant face à lui, notre père, son mari, cet homme. Après toutes ces années, elle était fatiguée, épuisée de devoir gérer ses cris, ses angoisses, et ses agressions perpétuelles. Notre crainte à ma sœur et moi c’était qu’il l’emporte avec lui, qu’elle ne soit plus que l’ombre d’elle-même. Ma mère, cette femme incroyable qui a porté à bout de bras notre famille.
Les mots sont autant dévastateurs que les coups et au-delà des dégâts physiques, il y a d’énormes ravages psychiques et relationnels. J’ai toujours ressenti en moi une incroyable injustice, pourquoi était-il mon père ? C’est un tiraillement viscéral atroce que d’aimer et de haïr son propre père. Il n’y avait aucune échappatoire c’était ainsi, il était mon père. Au fil du temps nous sommes devenu le bourreau, et lui la victime de cette rancœur qu’il avait provoquée. La rupture était proche.

Mon père était alcoolique, et cela a détruit sa santé et l’a emporté dans de terribles conditions. Au-delà des ravages physiologique mon père était en dépression, il avait des troubles de la mémoire, et des psychoses délirantes. Il s’est isolé socialement, et se sentait terriblement seul. Il était démuni face à ses émotions qu’il n’arrivait plus à gérer, il fallait les noyer, les supprimer. L’alcoolisme est une problématique émotionnelle très complexe. Outre cette difficulté à gérer ses propres émotions, il percevait les nôtres de manière biaisée et cela a affecté nos relations de façon dévastatrice.

A la fin ma mère n’a pas eu d’autre choix que de partir, partir pour s’en sortir et s’offrir une vie meilleure. Il n’avait plus qu’elle. Son départ a engendré sa perte, nous le savions et cette agonie a été terriblement douloureuse. C’est terrifiant de voir son père dépérir seul.

Maintenant que tu n’es plus là, toute ma rancœur, ma honte, ma colère, ma peur ont disparues. Il ne me reste que le manque et la douleur d’avoir perdu un parent. Je me dépouillé de la moitié de moi-même.

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