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GlouGlouGlou Je bois ou je me noie ?

Par GotaDeMas

Bonjour,

J'ai 20 ans et je ne sais pas m'arrêter de boire.
Comme un enfant qui refuse d'arrêter de jouer.

Je passes mes nuits dans un doux état d'ivresse et le lendemain toute la journée dans mon lit, à culpabiliser, avoir la honte qui me troue le bide, à me demander pourquoi je fais ça, pourquoi j'impose ça à mon corps. Pourquoi je bois des hectolitres de bière, de vin, de vodka, à chaque soirée et parfois juste seul, pour danser dans ma chambre.

Qu'est ce qui cloche ? Pourquoi je m'impose ça ? Ce comportement que je ne supporte pas ?

Et pourquoi à chaque soirée j'aime tellement ça ? Sentir mon corps qui flotte, lâcher prise et se sentir puissant, formidable, grandiose, hilarant ? Pourquoi j'ai besoin d'une potion magique pour être comme ça ? Pourquoi tout est plus fluide et tout est plus simple comme ça ? Pourquoi j'ai besoin de ça pour supporter la vie ? Pourquoi je me perds et je m'oublie dans l'alcool ? Pourquoi je veux juste disparaître ? Pourquoi je ne me souviens jamais de mes soirées parce qu'à la fin j étais juste un vieux déchet qui fait n'importe quoi, qui se ridiculise, se tourne en spectacle dépravé et dénué de toutes raisons ? Pourquoi ça devrait me faire me sentir bien ? Pourquoi je cours tout le temps après une pareil sensation ?

J'ai seulement 20 ans et j'ai l'impression d'être tourmenté par le démon des ivrognes.

L'ivresse ne m'a jamais aidé. Jamais. elle n'a rien apporté de bien dans ma vie. Des rencontres peut être, des tranches de rigolade. Une impression de pouvoir dominer le monde, juste pour une fois, le temps d'une boisson, le temps d'y croire.

Au lycée déjà chaque week end on faisait soirée sur soirée. Au début c'était rigolo, on buvait avec les copains, les copines et puis celui qui finissait mal et vomissait se faisait chambrer quelques semaines, jusqu'à ce qu'un autre le fasse.
Quand les gens ont trop bu ils ne peuvent plus marcher, s'ecroulent et s'endorment. Ils vomissent.

Pas moi. Moi je sais pas pourquoi, je vomis pas. J'oublie juste toute la fin de la soirée. Gros black out. Les souvenirs partent en vacances. Mais je fais pleins de choses, pleins de choses que je n'aurais jamais fait. Pleins de souvenirs , d'anecdotes que je peux raconter seulement en partie, de chouettes histoires de mon alter ego de l'ombre. Une fois j'ai perdu un bout de dent en tombant sur le macadam, j'avais un repas de famille le lendemain. Une fois je me suis retrouvé avec un homme adulte contre moi qui me touchait de partout parce que je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait et j'avais 16 ans, comme si l'ivresse était un bouclier à la réalité et que rien ne peut m'arriver tant que je suis alcoolisé. Une fois j'ai repris conscience dans une voiture après un black out. J'ai demandé au conducteur où on était et qu'est ce que je faisais là, il m'a dit que je faisais du stop. Une fois je me suis réveillé à 2h de route en voiture de la soirée où j'étais. Je suis rentré en stop sans pouvoir expliquer qu'est ce que je faisais là. Une fois j'ai même voulu me battre avec un garçon qui m'avait mis hors de moi, je le sais parce que mes potes m'avaient plaqués au sol et coursés pendant 2 heures pour que je ne le touche pas. J'avais des bleus partout. Une fois j'ai insulté ma coloc pendant deux heures pendant qu'elle s'occupait de moi, ingrat. Une fois j'ai voulu embrasser toutes les personnes de la soirée. Bien sûr personne ne voulait. Un trouble fête finalement. Une autre fois mes potes m'ont sortie d'une boîte parce que j'ai dragué des hétéros et ils voulaient me tabasser. Mais d'habitude je pars. Je disparais. Je pars m'isoler loin de tout le monde. Une fois une amie m'a dit qu'elle croyait que je parlais avec quelqu'un et au final j'étais seul. Mais je lui ai demander de chercher de l'eau parce que "elle avait soif" mais quand mon amie m'a dit que je suis tout seul, j'ai eu l'air tout désorienté. Une fois je me suis réveillé dans une voiture, la personne avait oublier de la fermer et j'ai dormis dedans, j'avais perdu mon portable. Une fois j'ai pleurer et crier pour m'enfuir de la maison d'une amie. Elle ne voulait pas que je rentre car j'étais trop saoul. Une fois j'ai dansé tellement pendant un mariage, j'ai foutu un énorme malaise. Une fois un mec m'a touché, je crois que c'était un clochard. Une autre fois un mec m'a proposé de l'argent contre une pipe. J'ai dit non (parce que c'était que 20 euros) mais il m'a suivi pendant une heure. Je me suis réveillée dans une forêt une fois, et il me manquait une chaussure. Je me suis endormis au bord d'un rond point en hiver. ma température corporelle avait chuter à 35 degrés à dit l'ambulancier.

J'inquiète les gens autour de moi. Ceux qui m'aiment vraiment m'en parlent, me disent qu'ils prennent peur, qu'ils sont concernés par mon état, qu'il faut que je me responsabilise et que j'arrête de me mettre des races comme ça. Même moi, je suis terrorisé. Parce que je suis malade, je crois que je suis fou, mais seulement pendant ces phases de black out. Je met ma vie en danger et ce qui me terrorise c'est que je continuerais à le faire. Que ce sera toujours comme ça, que jamais je n'arreterais ça, que toujours le tarré va sortir. Parce que j'ai peur, et du coup je me calme, je passe quelques semaines, quelques mois, mais ce n'est qu une question de temps avant qu'une autre occasion se présente, et qu'une autre fête survienne, où mon alter ego pourra s'inviter et passer la moitié de la soirée à ma place.

Et j'ai honte, j'ai tellement honte. Ces regards les lendemains de soirée. Les rumeurs, les histoires... J'aimerais pouvoir m'aimer mais j'ai ce monstre en moi et j'aime beaucoup trop la sensation d'ivresse intense. J'ai tellement honte de raconter tout ça. Tellement peur de ne pas réussir à arrêter de boire. Et puis arrêter de boire c'est tellement radical.
Mais je crois que je m'aime pas assez. Je le ferais pour les autres, mais jamais je le ferais pour moi.

Mais aujourd'hui j'ai envie d'y croire. Juste un peu. Je peux arrêter de boire. Réduire et trouver des limites me paraît insurmontable. Je sais pas quoi faire. Mais j'aimerais sentir que je suis autre chose que un déchet, qu'un débris soumis, esclave de l'ivresse.

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1 réponse


Olivier 54150 - 03/05/2021 à 16h44

Bonjour
Merci de venir témoigner, ton récit est plutôt impressionnant.
Il est vrai qu'à vingt ans le corps supporte bien ces maltraitances... jusqu'à quand ?
Tu t'es rendu compte que ce ne sera pas possible sur le long terme, c'est déjà ça.
Ton texte, ta façon d'écrire montre que t'es loin d'être idiot, une belle lucidité, si j'ose dire.
A force d'en avoir marre de cet état tu trouveras ta solution.
Je ne peux affirmer qu'une chose, c'est que seul, ce sera pas possible.
Ce qui serait bien, c'est que tu appelles le numéro du site, ce serait un beau pas de plus et tu sauras par où commencer un peu plus concrètement.
Bon courage et prend soin de toi..au mieux.
Olivier

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