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Quelques mots au fil de l'eau

Par Limou87

A toi, à elle, à eux

Quelques lignes extraites de mon journal, mois après mois...

Pour une bouffée d’oxygène au détour d’une après-midi, des heures d’apnée. Pour un sourire ou une parole douce, des mots qui blessent et des regards destructeurs. Pour un geste ou une attention, le retour lourd d’un naturel alcoolisé.

Un moment d’espoir anéanti par une soirée étouffante.

Matinée après une soirée empoisonnée, quelques moments de complicité entre besoin assouvi et manque qui va te grignoter.

L’alcool est le fossoyeur de notre histoire, le croque mort de notre amour, chaque verre, une pelletée de terre, chaque bouteille, un regret éternel.

Le moteur puissant à t’aider a calé faute de courage épuisé

La femme magnifique et aimée avec qui j’ai partagé tant de bonheur durant tant d’années est partie. Après tant de combats menés ensemble, après tant de victoires remportées ensemble, j’ai perdu celui-ci, à bout d’arguments, à bout de ressources, seul, amer.

Face à cet écran, désarmé, je pense à la fuite, je pense à l’abandon sans pourtant pouvoir m’y résoudre, et pourtant…

Moi aussi j’aspire au réconfort,
Moi aussi j’aspire à la sérénité.

Je ne parlerai pas de bonheur,
Valeur perdue de vue, oubliée.

Je n’aspire ni à l’oubli ni à l’abandon,
Encore moins à l’ivresse.

Malheureusement pour toi,
Malheureusement pour nous.

Si un alcoolique est un malade qui se soigne avec le mauvais médicament, à l’évidence je ne suis pas ton remède, mais ton poison coule dans mes veines.

Je ne veux pas couler un peu plus, le bonheur existe, je le sais, je l’ai vécu de longues années à tes côtés avant que tu me laisses au bord de la route pour une maitresse destructrice et exigeante.

Baisser les bras n’a jamais été dans ma nature, l’important n’a jamais été pour moi de participer, mais aujourd’hui, contraint et forcé, j’ai baissé les bras. Bras le long du corps, enfermé dans ta bouteille.

Pour quelques moments entre aperçus, je me suis accroché à l’espoir, aux vertus de discussions, d’échanges. Pour quelques instants d’un passé enfoui, j’ai douloureusement fermé les yeux, entouré par l’amour de nos filles inquiètes.

Aujourd’hui j’ai perdu.


On avait rêvé une magnifique demeure pleine d’enfants et de petits enfants,
On avait rêvé d’amis autour d’une grande table, riant joyeusement du plaisir d’être ensemble,
On avait rêvé à deux toujours complices,
On avait rêvé de balades, de promenades, de couchers de soleil, de montagnes, de mer,
On s’était rêvé…
On s’était rêvé à deux mais nous sommes trois.
Un intrus s’est glissé entre nous, d’abord imperceptible puis de plus en plus exigeant.

Cette grande maison est devenue désert habitée par des souvenirs et des regrets.
Les amis nous ont lentement perdu de vue, subrepticement, perception d’un malaise diffus, d’un nuage toxique impalpable.
Nos enfants ont lentement pris leurs distances, pas à pas, pour pouvoir respirer et vivre et se protéger.
Aujourd’hui vous êtes ensemble, tous les deux, et je suis resté sur le bord de la route à vous regarder.
Votre couple est moche, destructeur, et ne laisse aucune place à quiconque. Point de bonheur, point de rires, point d’amour, juste un abandon d’humanité, un laisser-aller avilissant.
Je vous regarde et j’ai honte.
J’ai honte de moi qui suis là, impuissant, vous voyant vous éloigner pas après pas, sans savoir quoi faire. Supporter cette déchéance dégueulasse.
J’ai honte de vous, vous affichant un peu plus tous les jours, sans remords et sans complexes.
Je cherche le courage de supporter mais je suis au bout de ma route.
Plus rien à quoi m’accrocher à part des souvenirs, des regrets, quelques photos piétinées, une grande maison vide et le fantôme d’un être autrefois aimé et chéri qui est parti.

Je suis encore seul. Soirées maudites où tu converses avec lui, heureuse et détachée. Tu bois pour oublier que tu bois, tu bois pour ne pas regarder ceux que tu as abandonné, un peu plus chaque jour, découragés et écrasés par la fatalité qui nous fait un peu plus mal chaque jour. Tu cherches des coupables, un coupable ? une coupable ?... La paille et la poutre… Détachement alcoolisé, point de combat, ivresse sans conscience, conscience avec l’ivresse. Tu me reproches des amitiés coupables pour pouvoir me punir mais je suis enfermé, chaque pas que je fais à l’extérieur de ta bouteille est une faute punissable d’orgie nocturne avec ton amant fidèle. Chaque sourire reçu d’un tier est suspect, chaque rencontre, chaque respiration. Tu ne supportes pas de voir ton reflet dans nos yeux. Je suis le dernier fidèle mais pour combien de temps.
Tu vas descendre l’escalier tout à l’heure, après une nuit agitée qui m’a fait déserter la chambre, tu vas me faire un gentil sourire « tu es là, ça va ? » et tu vas attendre l’appel de plus en plus tôt de ton amant fidèle et destructeur qui nous sourit, machiavélique et moqueur, sûr de son pouvoir.
Tu livres un combat désespéré et sans espoir pour te justifier et pointer du doigt les coupables, il n’y en a qu’un seul, toi. Toi qui nous as laissé tomber, toi qui refuses le combat en te cherchant mille excuses, toi qui t’en vas, toi qui, dans des accès de colère, est prête à tout casser… sauf ta bouteille.
Je suis là… Encore… Toujours... Masquant mon découragement par un sourire de façade. Mais combien de temps vais-je pouvoir encore tenir sans tomber…
Une nouvelle journée.


Etc Etc...


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2 réponses


Stephsanslui - 18/08/2021 à 23h30

C'est si tristement beau... Vos mots sont si justes... Ils vont raisonner j'en suis sûr dans le cœur de beaucoup d'entre nous, malheureusement...
Peut être donneront ils le courage à certains de partir, de se libérer ? Moi ils me donnent le courage de ne pas y retourner. Je vois bien que 90% des témoignages, si ce n'est plus, sont sans issue...
Courage à vous.

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