Comme bcp d'entre nous, il m'est difficile de savoir si je dois partir ou rester.

Je l'ai rencontré il y a 15 ans de celà. A l'époque il était déjà alcoolique et multi-dependant. Nous nous sommes perdus de vue, retrouvés, perdus de vue et avons chacun fait notre vie de notre côté.

Déjà à l'époque j'avais remarqué sa façon d'être au monde, son intelligence, sa douceur, sa profonde empathie, son physique aussi, ... C'est quelqu'un de foncièrement bon qui s'est noyé dans l'alcool et d'autres addictions telles que les jeux en ligne, le pétard, ... Du fait d'un début de vie presque chaotique. Je soupçonne fortement qu'il ait été maltraité par son entourage (dénigrement) et abusé par un membre extérieur de la famille (au cours d'une conversation, j'ai eu le sentiment qu'il parlait de lui et non d'enfants violés et abusés).

Nous nous sommes retrouvés il y a peu de temps. De mon côté, j'ai effectué un gros travail pour trouver mon équilibre de vie. Rencontrer quelqu'un modifie forcément cet équilibre à plus ou moins grosse échelle.
On était déjà plus ou moins meilleurs amis à l'époque même si de son côté je lui ai toujours plus.

Je me suis réveillée à nos retrouvailles et ai décidé de lui faire part de mon envie d'être plus que des amis. J'ai vite compris qu'il avait un problème avec l'alcool. J'ai affronté mes doutes en lui en parlant posément. Il n'a pas eu de difficultés à me répondre qu'il avait un problème avec l'alcool.
Il m'a aussi dit que c'était sa thérapie car les psychiatres n'ont rien pu faire pour lui, qu'il en a vu à plusieurs reprises. En même temps, si j'ai vu juste, comment se relever d'abus en tant qu'enfant quand son modèle paternel prenait lui-même la bouteille pour aller mieux ? Comment se relever d'avoir vu le corps de son propre père après s'être suicidé par arme à feu ?

Je peux comprendre que nous n'avons pas les même chances, les même ressources, les même possibilité de trouver des modèles plus positifs pour changer ça.

J'ai également conscience que je ne peux le sauver, je n'en fais pas ma mission. Aujourd'hui j'ai plutôt du mal à me situer dans tout ça.
Nous faisons des projets d'habiter ensemble, avons passé deux semaines en vacances ensemble... Force est de constater qu'il a envie de faire des choses et le moment venu trouve des excuses pour ne pas bouger, somatise,...
Du coup on ne fait rien. Même au niveau sexuel ça frôle le scandale... Je suis assez frustrée. Je pense qu'il a des problèmes d'impuissance dut à l'alcool ainsi que d'autres ennuis de santé. Il ne souhaite pas partager ses ennuis de santé tant que nous n'habitons pas ensemble. Je trouve cette idée assez flippante car je ne sais pas ce que je peux apprendre ensuite.

L'heure est à faire avancer notre relation mais je suis dans l'incertitude constante. Est-ce que je dois garder l'espoir d'un déclic de sa part, dois-je patienter gentiment, faire des réflexions, faire mes activités seules plutôt qu'à deux. Aujourd'hui, je n'ai même pas le coeur de me retourner pour aller voir des amies ou de la famille parce que je ne suis moi-même pas en état de discuter joyeusement. Je n'ose même pas lui en parler, on en parle déjà assez, je sais qu'il n'est pas prêt à arrêter cette m##### infâme.

Je me demande aujourd'hui si je suis assez forte, assez aimante, assez patiente pour vivre dans ces conditions. C'est une maladie, ce n'est pas lui. C'est juste la solution qu'il a trouvé pour apaiser ses souffrances, malheureusement j'en suis consciente. Le voir s'autodetruire en étant impuissante devient source d'anxiété. Je ne sais pas si j'ai envie de suivre ce combat ou bien baisser les bras. Je ne veux pas imposer ça à un enfant si nous en faisons un un jour, je ne veux plus ressentir cette honte vis-à-vis de l'extérieur, j'évite de le présenter à une partie de mon entourage pour le protéger lui des jugements et de nous préserver.

Je compte prendre contact avec un centre d'addictologie sans lui en parler pour moi, échanger, me sentir moins seule dans ma situation et me sentir comprise sans jugement. Je sais que j'ai besoin de parler, d'être soutenue.