Bonjour,

C'est la première fois que je m'exprime sur un forum de ce type, fille d'un père alcoolique et maniaco-dépressif, je ne supporte plus de vivre la situation à distance, à travers les témoignages de ma soeur, ma mère et mon frère. Je suis l'aînée d'une fratrie de trois enfants, je suis partie du domicile familial dès que j'ai eu mon bac en poche, c'est pourquoi je vis principalement cette situation à distance, ce qui me fait osciller entre un sentiment de culpabilité et la fuite.

C'est venu très progressivement, je ne m'en rendais pas compte au début, ça fait 13 ans à peu près que mon père boit. Les doses ont augmenté au fur et à mesure. Ajouté à cela, les crises liées à sa maladie, qui le rendait tantôt dépressif, tantôt fou et incontrôlable. L'alcool n'a rien arrangé là dedans.

Il y a un an, suite à plusieurs phases maniaques, il a décidé de se faire soigner. A présent, il prend un traitement pour sa maladie psychique. Je pensais que tout allait s'arrêter, que j'allais de nouveau avoir un papa normal. Au contraire, il est rentré dans une phase d'alcoolisme dépressif. Ca devient un légume. Il ne fait plus rien, il travaille peu, se pose devant la télé, boit. Ne participe plus au repas, aux discussions et quand il commence à être trop saoul, il commence à insulter la télé, nous insulter, balancer des objets ou pleurer pour des raisons futiles.

Je ne supporte plus cette situation, surtout vis à vis de ma soeur qui est âgée de 15 ans. Elle n'a jamais vécu avec un papa dit "normal". Elle-même ne le considère pas comme son père.

Ma mère ne fait rien, elle s'emprisonne dans cette situation. Elle dit l'aimer, ne pas pouvoir s'en séparer au risque du pire. Elle accepte des situations impardonnables, comme se faire insulter et l'insulte sur ses enfants.
Il y a un an de cela, elle s'était renseignée pour quitter le domicile pour un petit appartement, afin de s'éloigner et pourquoi pas de faire réagir mon père. Je l'ai encouragé à le faire. Elle qui ne touche que le smic, il s'avérait difficile pour une femme seule, d'avoir rien qu'un logement. Cette obstacle la pousse à rester dans cette situation.
Comment font ces mères de famille? qui se reconstruise malgré tout?

Si j'écris aujourd'hui, c'est que je n'ai plus envie de faire l'autruche, celle qui sait mais qui ne dit rien quand elle rentre au sein de sa famille. J'ai envie d'agir de façon à ce que ça change la donne. Je sais qu'il est dur pour une personne alcoolique de s'en sortir, que le chemin est long. Mais on ne peut plus rester dans cette situation qui détruit petit à petit les membres de notre famille.

Cependant, je ne sais pas comment faire. J'ai envie d'écrire une lettre à mon père, pour qu'il puisse lire et relire les mots que je mets sur mes maux. Mais, je n'ai pas envie de le faire culpabiliser pour autant (car je pense que cette façon pourrait que n'aggraver les choses). Comment aborder ce thème pour l'accompagner vers la guérison? qu'il se rende compte à quel point cette m*rde a détruit notre famille...

J'aimerai recueillir des témoignages de personnes ayant vécu des situations similaires ou pouvant m'apporter des conseils, des éléments de réponses. Je suis paumée et j'en souffre.

Je vous remercie d'avance.