Bonjour

Je me tourne vers vous aujourd'hui car je commence à craquer...
Ça fait 10 ans que je garde en moi toute ma haine, ma rancoeur, mon mal-être.

J'ai suis une jeune femme de 21ans.
Ma "mère" a commencé à boire il y a 10 ans. Au début c'était "juste" un apero le soir avant de manger et 1 à plusieurs verres de vin à table. Puis quand mon père allait au lit (il travaillait la nuit), elle continuait à boire du wisky pur. Jusqu'à 1L par soir.
Notre relation c'est énormément dégradée. J'ai essayé de lui en parler mais elle ne se remettait jamais en question. Elle me disait de la laisser tranquille. Elle était parfois méchante... alors que j'étais en pleine adolescence, elle me pourrissait la vie. Je devenais méchante avec elle. Notre entourage (amis, famille) ne comprennait pas pourquoi j'étais comme ça... je me suis mis beaucoup de monde à dos.
Mais son problème d'alcool a prit le dessus... les amis s'en sont aperçu, au boulot c'était pareil... et les gens m'ont ENFIN compris, au bout de 7 ans de calvaire.
Elle buvait de tout et tout le temps... du Ricard pur à la bouteille; de l'eau de vie, encore à la bouteille; rhum; vodka; wisky; get; Malibu; Martini...
Elle commencait à réellement devenir méchante. Notre relation mère/fille c'est envolée.
avec mon papa, on se soutenait. Il me défendait chaque fois où ca partait trop loin, il m'a toujours soutenu et aimé. Qu'importe la façon dont je parlais à ma mère.
Un jour, ma mère, complètement bourré, a essayé de s'en prendre à moi car j'avais -soit disant- mal parlé à son alcoolique de soeur. J'étais assise dans la voiture, attaché. Elle a ouvert la portière complètement hystérique et m'a attrapé à la gorge... je m'étais promis de ne jamais levé la main sur elle, mais ce jour là, je suis devenu folle de rage. J'ai réussi à me détacher alors qu'elle était en train de m'étrangler, je l'ai pousser, je l'ai jeté contre la voiture et ma main est partit... elle c'est arrêté à quelques centimètres de son visage, parce qu'un ami c'est mit entre nous pour m'arrêter.
J'ai vu la peur dans ses yeux. Et ce jour là, malgré le mal qu'elle avait fait, j'étais contente de lui avoir fait peur.


Suite à tout ça, elle a essayé de foutre la merde entre mon père et son meilleur ami, toute la petite bande qu'on était... (les amis de mes parents sont mes amis aussi, ils sont comme ma famille). Elle voulait déménager, repartir en ville. Elle a tout fait pour nous faire craquer mais pour nous c'était clair : on resterai ici.
Elle a donc dit à mon père qu'elle voulait divorcer.
Quelques semaines après, mon père, qui est malade, a dû être hospitalisé en urgence.
Le lendemain je passe la journée avec lui à l'hopital. En rentrant le soir à la maison, je retrouve une lettre sur la table... le portable de ma mère explosé, le chien échappé... J'ai d'abord pensé qu'elle était partit. Puis une minute après, après réflexion, je décide de fouiller la maison : je la retrouve endormi dans les toilettes, des médicaments partout. J'appelle les pompiers, ils arrivent, elle avait reprit conscience mais elle était complètement bourré.
Sur la route pour l'hôpital, le SAMU nous rejoint et décide de regarder son état... en réalité, c'était une "pseudo-tentative", elle a fait croire qu'elle avait prit des médicaments alors qu'elle avait "juste" bu.

Le lendemain j'ai appris la nouvelle à mon père qui était très en colère...
Le psy des urgences m'a demandé mon autorisation pour enfermé ma mère dans un HP, j'ai forcément approuvé et elle même était d'accord pour y aller.

J'avais alors à peine 19 ans, ca faisait déjà 8 ans que mon calvaire avait commencé.
J'ai passé 15 jours seule, à nettoyer la maison car elle avait mit le bordel, à devoir gérer les papiers, les allers-retours de chez moi à l'hôpital (70kms par jour), entre le HP et l'hôpital où était mon père. À devoir rester dans cette maison de l'horreur... Là où j'ai cru qu'elle était morte.
Seule.


J'ai voulu lui laisser une chance... si elle acceptait de se soigner, je lui aurait pardonné ces huit dernières années. Je lui aurait pardonné d'avoir fait souffrir mon père. Je lui aurait pardonné le fait que ma soeur ne me parle plus et ne veuille plus que je prenne des nouvelles de mes neveux. Je lui aurait pardonné le fait qu'elle n'est pas été une vraie mère pour moi. Je lui aurait pardonné le fait de ne pas avoir eu un bel exemple de famille "normale". Je voulais lui pardonner... mais elle m'a dit "Je ne suis pas alcoolique." puis a rajouter "c'est ton père qui boit."

J'ai eu l'impression de tomber de trois étages, de me prendre un poing en pleine figure, de me prendre un coup de couteau en plein coeur... J'ai compris que jamais plus je l'appellerait "maman", que son malheur m'importerait plus. J'avais de la haine.


Quelques jours plus tard, à sa sortie, elle a fait ses valises et elle est partit vivre chez ma soeur, en ville. Sans me dire au revoir. Elle est partit. À plus de 600kms de nous. Loin... Là où je pensais le calvaire terminé... en fait c'était loin d'être finit.


Elle m'a appelé alors qu'elle était bourré, depuis j'ai refusé tous ses appels. Pas de réponses à ses SMS. Seulement pour anniversaire et jour de l'an.


Vous savez comment je me sentais ? BIEN. Heureuse. Avec mon père, rien que nous... loin d'elle. Loin de sa jalousie. Loin de ses insultes.
Mais le bonheur ne dure jamais trop longtemps.
Nous avons vécu 2 ans comme ça, où j'avais des nouvelles de temps en temps par le biais de ma soeur.


Et il y a quelques semaines, ma soeur m'appelle en panique "Elle vient en vacances". J'ai eu l'impression que le ciel me tombait sur la tête. Toute la haine que je pensais avoir refouler était en fait belle et bien là.

Elle c'est fait héberger chez des "amis" à elle. Ca faisait déjà 10j qu'elle était là et je n'avais aucune nouvelles d'elle. Pas un seul Sms, pas un appel pour me dire qu'elle était là et quelle voulait qu'on se voit...
Je suis sa fille, ca fait 2 ans qu'on ne c'est pas vu... et rien.
Au bout du 11ème jour elle m'envoie un message auquel je ne répond pas.

Elle a de nouveau essayé de foutre la merde avec nos amis un soir, je l'ai prise à part et j'ai voulu lui dire tout ce que j'avais sur le coeur. J'avais envie de cracher ma haine... mais mon père m'en a empêché. J'ai pu lui demandé si elle se rendait compte de ce qu'elle m'avait fait, de ce qu'elle nous avait fait à mon père et moi... sa réponse s'est ENCORE tourné vers elle : "j'étais pas bien, j'étais déprimé"
Et à la question "Pourquoi tu ne m'as pas dit au revoir il y a 2 ans ?", sa réponse était "J'avais peur de toi."



Quelques jours après elle a parlé à mon père, je n'étais pas là. Elle lui aurait dit qu'elle ne l'aimait plus du tout, qu'elle avait tourné la page. Qu'elle était avec quelqu'un. Qu'elle était heureuse.
Mon père a prit un coup de massue. Il était très mal...
Et moi j'ai encore plus la haine contre elle.
Il m'a demandé de l'appeler de temps en temps et d'être gentille avec elle. J'en ai aucune envie.
La seule chose que je veux, c'est l'appeler et enfin lui dire tout ce que je pense, lui dire tout le mal qu'elle a fait.
Elle a pas le droit de nous laisser dans le mal et d'être "heureuse". Elle continue de boire. Elle "n'est pas malade".
En plus d'être alcoolique elle est malade mentale... elle s'invente des histoires.

Mon calvaire dure depuis 10 ans. J'en suis a un stade de ma vie où je dois avancer, faire ma vie, devenir une femme, une adulte... mais j'ai cet énorme poids. Cette boule au ventre, ce noeud dans la gorge. Cette haine. Cette envie d'exploser.
Des tonnes de questions comme "le jour où j'aurai un enfant, est-ce que je la laisserai le voir ?" "Est-ce que je l'inviterai à mon mariage ?" "Comment je vais réagir le jour où on m'annoncera son décès ? " .......



Voilà, j'ai vidé mon sac. Ca ne me soulage pas spécialement pour le moment... mais je me dis qu'ici, vous comprendrais ma douleur, mon histoire. Que j'aurai peut-être un peu d'aide... que certains me diront si je dois vider mon sac ou continuer d'avancer en essayant de ne plus y penser.

Merci d'avance aux courageux qui auront lu mon roman...